Invité : Denis Podalydès dans "Hamlet"
Il est le 505e sociétaire de la Comédie-Française dont il est devenu un pilier, mais il aime s'échapper au cinéma, dans la mise en scène et même dans l'écriture, au point qu'on emploie souvent à son égard l'adjectif surdoué. En ce moment, il revient au classique, Shakespeare, Hamlet, la pièce des pièces dans la maison de Molière. Notre invite des Cinq Dernières Minutes, c'est Denis Podalydès. Bonjour et merci d'être avec nous pour la tragédie d'Hamlet de Shakespeare qui est donnée en ce moment mis en scène par Dan Jemmett. J'imagine que vous en rêviez de ce rôle mythique dans toute l'histoire du théâtre.
Denis Podalydès : Comme tous les acteurs. J'ai dû lire la pièce vers 1.
14 ans, elle a décide de ma vocation. Il y a un mystère dans cette pièces, les acteurs s'identifient au rôle. Je la joue presque en date de péremption.
Elise Lucet : C'est vrai que c'est le rôle des rôles, vous l'avez aborde comme cela.
Denis Podalydès : Il y a un investissement fantasmatique incroyable. C'est difficile de lire toutes les causes et de voir ça rationnellement. On investit ce monologie "être ou ne pas être". Il parle pourtant du suicide. C'est un personnage hors du temps.
Elise Lucet : Comment le voyez-vous, votre Hamlet ? Comme un homme incapable d'agir, un fou ou quelqu'un qui joue au fou.
Denis Podalydès : Tous ça, il se pose toutes les questions. Il dit qu'il va jouer au fou mais c'est déjà étrange de dire ça. A jouer au fou, peut-être le devient-il. Je veux faire en sorte que le public n'est pas enfermé dans une réponse. Je vois le personnage comme un fou de conscience, vibrant, violent. Etre ou ne pas être, c'est aussi du Montaigne. Parfois c'est un clown. Shakespeare conjuge toutes les passions.
Ne fais rien contre ta mère. C'est l'affaire du Ciel et des ronces qui logent en son coeur pour la percer, la déchirer, la tuer. Le ver luisant trahit que le matin est proche en ternissant ses inutiles feux. Adieu, adieu. Ne m'oublie pas.
Ah vous toutes ! Armées du Ciel et de la Terre ! Et quoi encore ? Faut-il y joindre l'enfer? Infâmie! Calme-toi mon coeur. Et vous mes nerfs, d'un coup ne veillissez pas mais tendez-vous.
Elise Lucet : Je vous vois, vous répétez la réplique.
Denis Podalydès : Je change des choses d'une représentation à l'autre. Je vois ce que j'ai modifié, c'est un rôle changeant.
Elise Lucet : C'est plutôt étonnant de transposer Hamlet dans un pub miteux des années 70, c'est une manière de dire que le texte traverse les siècles.
Denis Podalydès : Le propre du classique, c'est que quelle soit l'époque, elle est en résonance avec la pièce. Les transpositions se font depuis presque 80 ans. Ce pub, le père de Jemmett le fréquentait. Il était acteur.
Denis Podalydès : Notre travail était très heureux. Quand je collabore avec un metteur en scène, je rentre dans la pièce. Hamlet est une pièce sur laquelle la plupart des gens ont une idée. Les gens ont des "Hamlet" de référence, comme celui de Chéreau. J'avais le Hamlet de Patrice Chéreau en tête.
Elise Lucet : vous pensez qu'il faut aussi bousculer Hamlet.
Denis Podalydès : On joue la pièce sans dérision. Il n'y a pas de distance ou de moquerie sur la pièce.
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