Interview de Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe
On va un peu plus loin avec vous, Gilles Kepel, bonsoir. Vous êtes spécialiste du monde arabe, vous venez de publier "Passion arabe" aux éditions Gallimard. Il y a 2 façons de voir les choses : l'armée a fait un coup d'Etat, c'est un recul pour cette démocratie naissante. Ou alors elle a répondu aux aspirations du peuple et ouvert la voie à un sursaut démocratique.
Gilles Keppel : Le sursaut démocratique, c'est un peu tôt. Il a donné le senttiment d'obéir à un cabinet noir des Frères musulmans. Il y a eu ces viols, ces exactions qui ont dégoûte les Egyptiens. Cette affair a sans doute été montée depuis longtemps Néanmoins, il y a plus de monde dans la rue.
D. Pujadas : C'ets un mouvement démocratique qui a trouve un aboutissement avec l'armée.
Gilles Keppel : L'armée est ambigue, souvenez-vous sous Moubarak, c'était tous ensemble. Un mois plus tard, on voulait lyncher les militaires. Tout le monde a ses preuves à faire, on verra demain après la grande prière. Les Frères, la seule force organisée à l'exception de l'armée. Ils ont plus de 80 ans de résistance, vont-ils appeler a la résistance.
David Pujadas : Est-ce un coup d'arrêt ou un coup de semonce pour l'islamisme qui a pris son essor après ces révolutions arabes.
Gilles Kepel : Pour l'islamisme politique, c'est un coup terrible. Les gens de Ennahda en Tunisie sont decontenancés, ils pensaient à un mouvement de l'histoire. Ils pensaient que les islamistes arrivaient doucement au pouvoir. Les slogans simplistes de l'islamisme ne veut plus dire grand chose. Cet islam maintenant , que veut-il dire vraiment.
David Pujadas : Eux aussi savent qu'ils ont leurs preuves à faire ? Ça va être le grand enjeu, ce qu'on vit dépasse l'Egypte, le géant arabe. Il y a eu 30 années de mauvais gouvernance. Si l'Egypte s'effondre, le monde arabe s'effondre.
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