Le boom des applis : ces start-up qui innovent
"Il ne faut pas s'inventer un problème pour créer une
application, mais créer une application pour résoudre un problème ",
explique Nicolas Mendiharat, installé au cœur de l'espace start-up du salon Le Web 2012, qui se poursuit jusqu'à jeudi à La Plaine Saint-Denis, près de Paris. Ce jeune entrepreneur est venu présenter son
application pour mobile intitulée Recommend, qui
permet de consulter les recommandations de ses amis en terme d'hôtels,
de restaurants, de livres, de films, ou même de babysitter.
Et comme beaucoup ici, l'idée de Nicolas lui est venue d'une expérience personnelle : "Comme
tout le monde, quand je cherche quelque chose, je vais sur Google ou un moteur
de recherche, et je trouve des avis marchands ou des recommandations de gens
que je ne connais pas, alors que la plupart du temps ce qui m'intéresse c'est
de savoir ce que mes amis pensent ", explique-il en montrant la version bêta
de son appli, qui sera officiellement lancée en janvier.
"Quand je
cherche une bonne bouteille de vin, j'appelle mes amis qui s'y connaissent, le
problème c'est qu'on ne peut pas toujours appeler ses amis, et que la mémoire
se perd. J'ai donc eu l'idée de cette application : enfin un moyen d'archiver
les recommandations de ses proches, et de les retrouver en fonction de ses sujets de recherche ", poursuit-il. Depuis que l'idée est née dans sa tête, une année est
passée : le temps pour Nicolas de comprendre l'écosystème des appli, et de
parvenir à la développer.
Comme lui, ils sont nombreux à ce salon venus chercher des
contacts, des collaborateurs, de la visibilité et surtout des financements... Jean-Marc
Debaud, lui, a eu l'idée de son application après de nombreux voyages d'affaires : "Avec ma femme et mes proches, nous nous appelions de temps en temps, j'envoyais
quelques photos, mais c'était très difficile de rendre vraiment compte de l'aspect
de l'Asie, des Philippines... ", explique-t-il. D'où son idée de Livetrekker : une application qui permet de capturer "au plus près " un voyage. Photos, textes, vidéos, tous les éléments sont enregistrés,
géolocalisés, et replacés sur une carte, où les proches peuvent suivre le voyageur en
temps réel. Initialement installé aux Etats-Unis, mais ayant
trouvé des financements en France, Jean-Marc est venu s'installer à Paris, où il emploie dorénavant 10 personnes place de la Madeleine.
Alors, les applications, un marché florissant ? Ouriel
Ohayon en est convaincu. C'est notamment pour cela qu'il a co-fondé Appsfire, un guide de recommandation d'appli mobiles. "La
première tendance des applications, c'est qu'il y a en a de plus en plus ",
explique-t-il. "On annonçait récemment qu'Apple avait reçu 1 million d'applications
depuis le lancement de l'Appstore ", poursuit-il, soit depuis 2008.
"Mon
téléphone va m'aider dans mon quotidien"
"Pour utiliser une application mobile on n'a plus
besoin d'être un geek ", commente également Cédric Girogi, membre de l'organisation
de Le Web, et co-fondateur de Cookening,
une plate-forme de mise en relation entre touristes et locaux autour du repas. "On
atteint une certaine maturité des applications ", constate-t-il. Pour lui,
les applications ne sont plus des "bonus " mais tendent vraiment
vers des solutions pour "mieux vivre " : comment obtenir des
informations en plus sur les produits dans une grande surface ? Comment savoir
que mon voisin veut louer sa voiture ? Comment connaître les réels
ingrédients d'un produit que j'achète ? Si je suis une personne handicapée
et que le téléphone tombe par terre, peut-il lancer une alerte ? "Peut-être
bientôt pourrais-je prendre en photo mon assiette et l'appli me dira si ce que
je mange est sain ou pas ? ", ajoute ce passionné de cuisine.
"Des applications de création d'applications !"
Les smartphones sont de plus en plus nombreux, et avec eux
les pratiques changent. Alors que jusqu'à présent l'ordinateur régnait sur le
monde économique de la distribution et du paiement, "les gens achètent
de plus en plus sur leur mobile ", constate Ouriel Ohayon. Autre pan d'activité
qui se développe énormément actuellement : celui de la création de
contenus. "Puisque les mobiles sont de plus en plus performants, on voit
apparaître des applications pour DJ, des applications de création de musique,
de site web, ... on voit même la création d'applications de création d'applications ! " En fait, résume-t-il, "les smartphones et les tablettes prennent le relais de A à Z de ce que faisaient les ordinateurs ".
"Historiquement, ce sont toujours les start-up qui innovent"
"Chaque jour il y a en moyenne entre 1.000 et 3.000
nouvelles applications dans l'Appstore ", indique Ouriel Ohayon. Et la
majorité d'entre elles sont lancées par des start-up. "Historiquement ce ne sont jamais les grands groupes qui amènent les innovations sur le web, ce sont toujours les start-up : les sociétés qui vont vite, qui prennent le plus de
risques, qui sont aussi financées pour prendre des risques. Les grand groupes,
eux, en général, n'aiment pas trop les risques, ils font plutôt attention à
leur cours en bourse, et à leur image de marque ", explique-t-il. "Et
c'est exactement pareil pour les applis, aujourd'hui les géants des applis sont
des sociétés qui n'existaient pas il y a cinq ans ", ajoute-t-il.
Microsoft, Facebook, Twitter, tous sont en fait d'anciennes start-up
devenues grandes. "Les start-up font parties de notre ADN ", indique Elisabeth Bargès, directrice politiques publiques innovation chez Google France. "Internet est un ecosystème et les start-up jouent un rôle
fondamental, elles apportent de l'innovation, crée de nouveaux produits, de
nouveaux usages ", ajoute-t-elle.
Au sujet des start-up, Google insiste sur son esprit de "give back " :
redonner, donner, partager avec les start-up, et organise pour cela plusieurs opérations, notamment des "hackathons" (des rassemblements de
développeurs sur plusieurs jours). Le mois dernier, par exemple, Google
organisait le "week-end open tourisme", où
des développeurs se retrouvaient dans un train, direction Marseille, et
devaient développer en un temps donné des applications mobiles sur le thème du tourisme.
"Quand on sait que les smartphones ne représentent pour l'instant qu'une infime minorité des gens qui ont des téléphones, ça laisse
imaginer le potentiel
économique à venir ", conclut Ouriel Ohayon.
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