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À vrai dire. Espionnage : pourquoi les Occidentaux s'attaquent-ils à Huawei ?

Publié Mis à jour
Article rédigé par TV5MONDE - Antoine Fonteneau
France Télévisions

Espionnage de grande ampleur ou simple guerre commerciale ? La Chine pourrait bientôt espionner le monde entier : c'est en tout cas  ce que laissent entendre plusieurs pays occidentaux, Etats-Unis en tête. Dans leur viseur : Huawei, le géant du téléphone et des équipements télécoms, qui aurait des accointances avec les autorités de Pékin.

Un front commun se dresse face à Huawei : la France, l'Allemagne, le Canada, la Norvège, l'Australie, la Nouvelle Zélande, le Japon, la Pologne, la République Tchèque... tous ont pris des mesures ou affichent leur défiance vis à vis du constructeur chinois. Sous la pression intense de Washington, qui parle depuis 2012 de "menace à la sécurité nationale". Tous ces pays craignent que le groupe basé à Shenzen puisse les espionner, ouvrir ses équipements aux services secrets chinois. Or les produits de Huawei sont présents dans presque le monde entier.
 

Qui est Huawei ?

Le chinois Huawei a connu une ascension fulgurante ces dernières années sur le marché du smartphone. Il a réussi l'an dernier à se placer numéro 2 mondial du secteur, derrière Samsung et devant Apple, pendant deux trimestres. Le groupe vise la première place.  Et ce alors que le marché américain lui est totalement fermé.

Le géant est aussi et surtout présent depuis longtemps sur le marché des serveurs de télécommunications. Des équipements qui servent de base aux réseaux internet et aux réseaux téléphoniques mobiles dans de très nombreux pays. L'équipementier dit vendre ses produits à 45 des 50 plus grands opérateurs de la planète.

Il est notamment un acteur incontournable pour la construction du futur réseau 5G, l'avenir de l'internet mobile, successeur de la 4G.
 

Huawei est-il accusé d'espionnage ?

Huawei suscite la méfiance depuis longtemps déjà. D'abord, le passé militaire de son fondateur, un ancien ingénieur de l'armée chinoise, porte à croire que le groupe est à la solde du pouvoir.

Et surtout, une loi chinoise oblige depuis 2017 les entreprises à collaborer avec les services de renseignement du régime communiste.

Autant d'éléments qui ont poussé le gouvernement américain à empêcher la vente des smartphones Huawei sur son territoire.

Les experts se demandent si le géant des télécoms n'aurait pas installer ce qu'on appelle des "portes dérobées" dans ses équipements, un accès donné aux services secrets chinois pour contrôler les communications qui passeraient par les machines de Huawei réparties dans le monde entier.

Une simple hypothèse car jusqu'ici, ces affirmations n'ont jamais éte prouvées -en tout cas publiquement- ni aux Etats-Unis, ni ailleurs.

Même si un précédent existe : il y a un an, le journal Le Monde avait révélé un vaste pillage de données au siège de l'Union Africaine en Ethiopie. Des données transférées automatiquement, chaque nuit, vers la Chine de 2012 à 2017. Mais jamais le nom de Huawei n'a été cité dans cette affaire d'espionnage.

C'est donc sur d'autres accusations que portent la charge occidentale contre Huawei.
 

Quelles autres accusations pèsent contre Huawei ?

La justice américaine accuse le Chinois d'avoir photographié et volé un robot d'essai téléphonique appartenant à l'opérateur T-Mobile. Des emails révélés il y a quelques jours montrent l'implication de plusieurs salariés du groupe.

Pas plus tard que ce lundi, l'agence Bloomberg révélait les détails d'une enquête du FBI sur Huawei. Début janvier, dans un hôtel de Las Vegas, l'agence fédérale a mis en place un coup monté pour prendre au piège des représentants de l'entreprise. Elle les soupconne d'avoir volé un prototype développé par une startup de la région de Chicago.

Washington accuse aussi Huawei d'avoir violé son embargo sur le commerce avec l'Iran. C'est l'un des chefs d'inculpation qui a mené à l'arrestation de la numéro 2 de Huawei au Canada.
 

Pourquoi les Occidentaux prennent-ils des mesures ?

Difficile d'apporter une réponse définitive. Mais deux hypothèses sont possibles.

Soit les accusations d'espionnage potentiel sont fondée et, dans ce cas, les Occidentaux ne peuvent pas laisser Huawei -et d'autres équipementiers chinois, comme TCL- être le maître d'oeuvre du futur réseau 5G. Un réseau attendu pour 2020 et considéré comme stratégique puisqu'il permettra par exemple le contrôle de voitures autonomes ou d'opérations chirurgicales à distance.

L'autre hypothèse : la guerre commerciale. La pression mise sur Huawei par Washington ne servirait dans ce cas qu'à empêcher le groupe chinois de s'imposer face aux fabricants américains et européens. C'est, sans surprise, l'explication privilégiée par les autorités chinoises.

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