Désinformation en ligne : le service Viginum note une hausse des "modes opératoires sophistiqués" venus de l'étranger

La désinformation sur internet, en provenance notamment de Russie, a augmenté ces dernières années. Marc-Antoine Brillant, directeur du service de l'État chargé de la protection contre les ingérences numériques étrangères, l'a expliqué mercredi sur franceinfo.
Article rédigé par franceinfo
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La désinformation en ligne, les fake news. (Originator Profile). (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

"Il y a davantage de modes opératoires sophistiqués comme des sites internet clonés", note mercredi 21 février sur franceinfo, Marc-Antoine Brillant, directeur de Viginum, le service technique et opérationnel de l'État chargé de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères. Il remarque que dans le domaine de la désinformation en ligne, "trois grandes tendances" se dégagent. La menace vise notamment "les audiences" ayant un "fort pouvoir de mobilisation sur les réseaux sociaux".

Franceinfo : Quelles sont les armes de la Russie pour mener sa guerre informationnelle ?

Marc-Antoine Brillant : Il y a trois grandes tendances. La première, c'est qu'aujourd'hui la menace de manipulation de l'information n'est pas seulement liée à des contextes électoraux, elle touche tous les champs du débat public. On a donc des acteurs étrangers qui vont exploiter avec une logique opportuniste tout fait divers, tout fait d'actualité, en instrumentalisant les opinions. La deuxième tendance qu'on voit, c'est qu'il y a davantage de modes opératoires sophistiqués comme des sites internet clonés. La dernière tendance qu'on voit c'est l'intermédiation accrue, c'est-à-dire qu'on utilise beaucoup de prestataires, de sous-traitants, de sociétés de communication digitale ou de développement web qui vont créer les infrastructures de désinformation.

Quel est le public cible de ces opérations de désinformation ?

De manière générale, les acteurs vont d'abord cibler les audiences avec un haut pouvoir d'engagement, un fort pouvoir de mobilisation sur les réseaux sociaux mais aussi en ligne. Ils vont viser des audiences qui vont être capables de relayer, de diffuser par elles-mêmes, d'amplifier la visibilité des contenus et des messages. Le but : pouvoir propager de manière plus importante ces messages et toucher la plus large opinion publique et essayer de produire des effets dans la vie réelle, par exemple, en détournant le citoyen du vote ou encore en attisant des tensions sur des sujets de société. Tous les grands événements, qu'ils soient électoraux ou sportifs, sont attractifs pour la menace informationnelle. Ces rendez-vous sont suivis avec beaucoup d'attention par Viginum mais aussi par l'ensemble des services de l'État.

Quel est le message envoyé par la France ?

Je crois que le message que la France envoie à ses adversaires est double : d'abord, il n'y a pas de naïveté quant à la manipulation de l'information et que la France dans ce domaine s'est donnée les moyens d'agir. Et le deuxième message, c'est que ce que nous faisons en matière de protection et de révélation de campagne, ça se fait dans le cadre de l'État de droit et de ce qu'on attend d'une démocratie. L'un des moyens les plus efficaces aujourd'hui pour lutter contre cette menace informationnelle c'est de sensibiliser le grand public le plus largement possible.

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