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Jugé sexiste, le site Dictionnaire des écoliers est suspendu

Les définitions proposées ont suscité un tollé sur Twitter, lundi. Francetv info revient sur la polémique en trois actes.

Article rédigé par franceinfo
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Une capture d'écran du site Le dictionnaire des écoliers après sa suspension décidée par le ministère de l'Education nationale, le 5 novembre 2012. (DICTIONNAIRE DES ÉCOLIERS)

INTERNET - Père : "C'est le mari de la maman, sans lui la maman ne pourrait pas avoir d'enfants. C'est le chef de famille parce qu'il protège ses enfants et sa femme. On dit aussi papa". Cette définition particulière a été rédigée par des élèves d'écoles primaire et maternelle. Elle a été validée par l'Education nationale et figure sur le site internet Dictionnaire des écoliershébergé par le Centre national de la documentation pédagogique (CNDP).

Jusqu'à ce que de nombreux utilisateurs de Twitter tombent dessus et s'indignent de telles définitions sexistes. A tel point que le ministère de l'Education nationale a décidé de suspendre le site, lundi 5 novembre. Francetv info revient sur la polémique en trois actes.

Acte 1 : le projet est lancé

Le Dictionnaire numérique des écoliers a été lancé en septembre 2010 par la Direction générale de l'enseignement scolaire, dans le cadre du plan national de prévention de l'illettrisme. Il comprend 17 000 définitions écrites et illustrées par des élèves de la grande section au CM2.

"Chaque définition a été validée par trois référents avant d’être publiée", souligne 20 minutes.fr. "Cet outil pédagogique était présenté comme 'le fruit de l'imagination et du travail de milliers d'élèves guidés par leurs maîtres'", ajoute le site d'information. Pourtant, ils ne semblent avoir procédé à aucune modération ni explication.

Parmi les définitions relevées, celle du mot "ménage" dit par exemple : "Tous les dimanches, ma maman fait le ménage : elle rend la maison propre." Une "femme", pour des enfants du CE2 au CM2, "c'est une maman, une mamie ou une jeune fille. Elle peut porter des bijoux, des jupes et des robes. Elle a de la poitrine."

Acte 2 : les utilisateurs de Twitter s'indignent

Ce recueil est jugé scandaleux et inquiétant par un professeur d'histoire-géographie interrogé sur Le Plus, site du Nouvel ObsCe "n'est que le reflet du sexisme ordinaire, quotidien, presque banal que l'on rencontre partout et que nos enfants n'ont pu qu'intégrer", souligne de son côté une blogueuse sur Le Plus

Surtout, sur les réseaux sociaux, le site a beaucoup fait parler de lui. Sur son compte Twitter, Caroline De Haas, fondatrice d'Osez le féminisme, et membre du cabinet de la ministre des Droits des femmes, a vivement réagi, tout comme d'autres mouvements féministes et d'autres utilisateurs.

Mais le site ne publie pas seulement des clichés sexistes. Dans la rubrique santé, un obèse y est par exemple décrit comme "une personne malade, qui est tellement grosse qu'elle peut à peine marcher". 

Acte 3 : le site est suspendu jusqu'à nouvel ordre

Finalement, lundi en fin d'après-midi, le ministère de l'Education nationale a réagi. "Certaines définitions (...) ne sont pas admissibles en l'état" et "même si le problème concerne une minorité de définitions", le ministère "a décidé sans attendre de suspendre la mise en ligne" sur le site internet du CNDP. 

Le site "restera provisoirement fermé" dans l'attente d'une "révision" du processus de validation par le CNDP, et de "la relecture et réécriture" des définitions incriminées. En outre, le ministère a demandé à l'Inspection générale une "évaluation" de "l'ensemble du dispositif". 

En revanche, "le travail réalisé en classe par les enseignants adhérents au projet n'est pour sa part pas remis en cause", indique le ministère. Il ajoute que "l'élaboration de définitions par les élèves est un outil pédagogique opportun pour l'acquisition du vocabulaire, priorité dès l'école maternelle pour prévenir l'illettrisme".

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