Santé : l'intelligence artificielle pour pallier les "limites de l'œil humain" et mesurer l'efficacité du traitement contre le cancer du foie
Sur l'ordinateur du professeur Julien Calderaro, il y a le prélèvement d'une tumeur du foie, une tache rose constituée de cellules en formes de haricots. "On a ici une image histologique où on voit les cellules tumorales. C'est la coupe qu'on utilise pour faire notre diagnostic", décrit-il. Les pathologistes examinent tous les jours ce type de lamelle digitalisée mais pour dire précisément si le traitement contre le cancer du foie va fonctionner sur le patient, l'oeil humain a ses limites, d'où l'importance de la découverte qui vient d'être faite par une équipe de chercheurs de l'AP-HP et de l'Inserm et qui a été publiée le 8 novembre dans la revue The Lancet Oncology.
Il s'avère que l'intelligence artificielle est capable de repérer les malades atteints de cancer du foie qui répondront au traitement, sachant que tous n'y répondront pas. "Les limites de l'oeil humain, c'est déjà qu'il y a une part de subjectivité, explique le professeur Julien Calderaro, pathologiste à l'hôpital Mondor à Paris. L'autre limite, la principale même, ce sont les limites des informations que nous on peut tirer. C'est-à-dire que cette image est une information très complexe. Il y a énormément d'informations que nous, on n'arrive pas à analyser de manière exhaustive". C'est donc là qu'intervient l'intelligence artificielle.
L'équipe du professeur Calderaro a mis au point un algorithme capable d'identifier sur ces images la présence de gènes qui répondent au traitement. C'est un enjeu essentiel puisque le cancer du foie est l'un des plus agressifs et les patients sont souvent diagnostiqués à un stade avancé. Pour eux, il existe un traitement injectable mais il n'est efficace que sur un quart des malades.
"Le problème à l'heure actuelle, c'est qu'on donne ce même traitement à tout le monde, sachant que certains patients vont en bénéficier et d'autres ne vont pas tirer de bénéfices pour leur maladie cancérologique."
Le Pr Julien Calderaro, pathologisteà franceinfo
Certains patients vont même "développer des effets secondaires. Ils peuvent déclencher des maladies auto-immunes qui peuvent être très graves et aller, dans une minorité de cas heureusement, jusqu'au décès. Il y a aussi quelque chose à prendre en compte, c'est le coût, ce sont des drogues très coûteuses pour la Sécurité sociale", indique le professeur Calderaro.
Il précise que son dispositif a l'avantage d'être rapide et peu coûteux. Il peut être utilisé pour traiter d'autres cancers et même des maladies auto-immunes. Les chercheurs de l'hôpital Henri Mondor de l'AP-HP, de l'Inserm et de l'Université Paris-Est Créteil vont maintenant le tester à grande échelle avant de pouvoir le généraliser dans tous les hôpitaux.
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