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"Charlie Charlie Challenge" : le nouveau jeu viral chez les ados expliqué aux "vieux"

Mi-ludique, mi-terrifiant, il s'inspire de plusieurs classiques des jeux plébiscités par les adolescents. 

Article rédigé par franceinfo
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Capture d'écran d'un "Charlie Charlie Challenge", réalisé lundi 25 mai 2015.  (VINE.COM)

Non, rien à voir avec Charlie Hebdo. Le Charlie Charlie Challenge consiste à placer deux crayons en croix sur une feuille de papier où sont inscrits les mots "oui" et "non". ll suffit ensuite de poser sa question et d'attendre qu'un des deux crayons se déplace pour obtenir une réponse. Ce jeu viral est largement partagé sur les réseaux sociaux, comme ici avec un enfant visiblement ravi de la réponse. "Tu penses que je suis mignon ou pas ? Oui ou non ? Oui ?! (rires)" 

Un succès qui peut s'expliquer par le concept même de ce jeu, mi-ludique, mi-terrifiant, qui emprunte à plusieurs classiques des jeux plébiscités par les adolescents. 

C'est facile et gratuit comme le coin-coin

Quiconque a déjà mis le pied dans une cour de récréation s'est déjà retrouvé nez à nez avec un coin-coin, aussi appelé "salière" ou "cocotte en papier". Cet origami très simple, qui se réalise avec une feuille de papier carré et un stylo, permet, en fonction des inscriptions cachées derrière chaque pli, de savoir si "tu deviendras célèbre", si "tu vis ton jour de chance", ou si, au contraire, "tout le monde te hait secrètement". Bref, un moyen peu fiable, mais pas cher, de dire l'avenir à ses camarades de classe. 

Dans le cas du Charlie Charlie Challenge, les internautes ne se contentent pas d'invoquer une soi-disant force surnaturelle : ils la questionnent. "L'un d'entre nous va-t-il mourir aujourd'hui ?" "Quand sortira le prochain album de Justin Bieber ?" En jouant ainsi, ils ouvrent avant tout une porte sur leurs rêves et leurs terreurs (ou un peu des deux, dans le cas de Justin Bieber). 

C'est glauque comme la planche de ouija

Le Charlie Charlie Challenge est directement inspiré de la planche de ouija, l'accessoire indispensable d'une bonne séance de spiritisme, utilisée comme intermédiaire pour entrer en contact avec l'au-delà. Les utilisateurs doivent poser un ou deux doigts sur un palet en bois (une "goutte" dans le jargon) et poser une question à une éventuelle entité (au hasard : "Esprit, es-tu là ?"). La goutte peut alors se déplacer sur la planche vers "oui", "non" ou encore écrire le mot de son choix (encore au hasard : "Satan").

Si de nombreux scientifiques ont expliqué que ces mouvements n'étaient pas surnaturels, mais bien générés par un effet idéomoteur (inconscient), la planche de ouija (et sa version du pauvre, bricolée avec un verre et des bouts de papier) continue de fasciner les adolescents. Elle reste notamment très utilisée dans la littérature et le cinéma fantastique. Dernier exemple en date : le film sorti en janvier et sobrement intitulé Ouija.

Comme la ouija, le Charlie Charlie Challenge doit invoquer un esprit, présenté comme celui d'un prétendu démon mexicain. Là encore, il faut s'adresser à lui avec déférence et ne surtout pas oublier de lui demander de "partir" après chaque séance, pour éviter de rester hanté à jamais par l'entité potentiellement mal intentionnée. Heureusement, l'efficacité du challenge reste là aussi peu crédible. Le crayon bouge en raison de "la gravité, couplée à la position particulière du crayon, explique The Independent (en anglais). Il ne peut rester immobile". Alors pas de panique, les jeunes. 

 C'est viral, comme avant lui des défis Facebook

Le nombre de vidéos montrant des jeunes se prêter au jeu du Charlie Charlie Challenge a explosé lundi 25 mai. Sur YouTube, mais surtout sur Vine, l'application qui permet de poster de courtes vidéos sur Twitter, les internautes ont partagé leurs expériences. Une viralité qui rappelle les nombreux défis nés (et rapidement morts) sur Facebook, comme les non-regrettés "neknomination" ou encore "à l'eau ou un resto". A l'époque, la psychanalyste Claude Halmos, interrogée sur France Info, liait le succès de ce jeu au fait que "les adolescents pensent que tout est possible".

"Sur Facebook, l'audimat intime devient important. Ainsi, un défi relevé acquiert de la valeur parce qu'il est relayé", avait alors résumé Michael Stora, psychanalyste et membre de l'Observatoire des mondes numériques en sciences humaines, contacté par francetv info. "Même lorsqu'il s'agit de montrer une photo de soi enfant, le but est de rassembler un audimat." Et quoi de plus vendeur, pour les prétendus médiums d'un jour (et les aspirants comiques), qu'un esprit mexicain, invité dans votre salon à faire danser les crayons ?

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