Etats-Unis : la tentative historique de syndicalisation d'un entrepôt d'Amazon échoue
Le non à la syndicalisation l'a emporté avec 1 798 voix, contre 738 votes en faveur du RWDSU, le syndicat national de la distribution.
Cela aurait constitué une première aux Etats-Unis. Les salariés qui ont tenté de créer un syndicat dans un entrepôt d'Amazon, ont échoué dans les urnes, vendredi 9 avril. "Nous sommes déçus, frustrés, énervés (...) parce qu'on nous a menti et manipulés, a déclaré Emmit Ashford, un des employés du site de Bessemer, dans l'Alabama. Mais c'est une étincelle qui a allumé un feu aux Etats-Unis."
Près de 5 900 employés étaient appelés à voter par correspondance. Le non à la syndicalisation l'a emporté avec 1 798 voix, contre 738 votes en faveur du RWDSU, le syndicat national de la distribution que des employés voulaient rejoindre. Plusieurs centaines de bulletins étaient contestés, mais la victoire est déjà assurée pour le géant du commerce en ligne.
Le syndicat accuse Amazon "d'interférences illégales" dans le vote
"Amazon n'a pas gagné, nos salariés ont choisi de voter contre le syndicat", a réagi le groupe dans un communiqué, balayant les accusations d'intimidation. "Nos employés ont entendu beaucoup plus de messages anti-Amazon de la part du syndicat, d'élus et de médias qu'ils ne nous entendus nous."
Le RWDSU a promis de porter plainte auprès de l'agence fédérale du droit du travail, contre le groupe qu'il accuse "d'interférences illégales" dans le vote. Le résultat "n'est en rien une validation des conditions de travail chez Amazon, au contraire, il démontre la puissance de l'employeur et son pouvoir d'intimidation et de manipulation", a assené Stuart Appelbaum, le président du syndicat, lors d'une conférence de presse.
Le groupe a fait valoir ses arguments contre la syndicalisation à coup de textos, d'affiches et de réunions d'information hebdomadaires dans l'entrepôt depuis des mois, brandissant l'épouvantail des cotisations syndicales et des risques de grèves coûteuses.
La nécessité d'une réforme dans le droit du travail américain
Malgré tout, le mouvement de Bessemer a pris une dimension nationale. Il a vu s'opposer les soutiens aux employés - des artistes, des parlementaires démocrates et républicains, et même le président Joe Biden - et le deuxième plus important employeur des Etats-Unis (800 000 salariés), dont les affaires ont prospéré pendant la pandémie.
Selon de nombreux experts, le droit du travail américain est biaisé en faveur des employeurs, et le résultat de Bessemer montre le besoin d'une réforme. Malgré la défaite, "c'est un jalon majeur (...) car il s'agit d'une des premières tentatives de syndicaliser une partie de l'économie numérique", souligne Darrell West, de la Brookings Institution.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.