Reims : comment un immeuble peut-il s'écrouler "comme un château de cartes" ?
Au lendemain de l'effondrement d'un pan d'immeuble de quatre étages à Reims, les raisons d'un tel accident restent obscures.
"Quand j'ai regardé par la fenêtre, j'ai vu l'immeuble écroulé comme un château de cartes, avec beaucoup de fumée." Un pan d'immeuble comportant une dizaine d'appartements s'est effondré sur lui-même, dimanche 28 avril, à Reims (Marne). L'extrémité d'une barre HLM de quatre étages a été soufflée par une explosion venant d'un appartement situé "au-dessus du rez-de-chaussée", selon les secours. Cet accident impressionnant interroge sur la solidité des bâtiments et sur les raisons qui peuvent conduire à de tels dégâts.
L'élément déclencheur : le gaz ?
Le parquet de Reims a ouvert une enquête préliminaire sur les causes de l'explosion, confiée à la sûreté départementale du commissariat de Reims. L'explosion est vraisemblablement due au gaz, ont indiqué les secours, mais son caractère accidentel ou intentionnel reste à déterminer. Cité par nos collègues de France 3 Champagne-Ardenne, le bailleur social Le Foyer Rémois a affirmé que les derniers contrôles d'entretien des équipements à l'intérieur des logements avaient été faits lors des visites préventives annuelles, en janvier. La mairie a indiqué de son côté que des chaudières à gaz avaient été remplacées en 2007.
Les explosions liées au gaz peuvent parfois mettre en cause la responsabilité de GDF. Une explosion dans un HLM, en 2004, à Mulhouse, qui avait fait 18 morts, avait valu à l'entreprise une condamnation à deux amendes d'un total de 232 500 euros, selon L'Expansion. En cause : la fissure d'une canalisation en fonte grise, un matériau connu pour sa fragilité et que GDF s'était engagé à remplacer, sans le faire.
Une fragilité structurelle : les façades porteuses ?
L'immeuble a été construit en 1958, dans une conjoncture nationale marquée par des "opérations massives et voulues rapides (...), des coûts fonciers peu importants légitimant la recherche d'économies sur la construction, dominée par la technologie du béton coffré", rappelait en 2000 l'architecte et chercheur Christian Moley.
Comme le précise France 3 Champagne-Ardenne, la structure du bâtiment est dite "en plot" : la barre d'immeuble est fractionnée en plusieurs immeubles potentiels, séparés par des façades porteuses. Les images de l'effondrement montrent bien cette séparation. "Avec des façades porteuses, les murs séparant les appartements, ainsi que leurs cloisonnements, ne sont plus porteurs", explique Christian Moley. D'où peut-être l'effet château de cartes.
Un facteur aggravant : le manque d'entretien ?
Les habitants du quartier, excédés par la vétusté des logements, ne se sont pas privés d'exprimer leur mécontentement. "Ils n'ont fait que repeindre à l'extérieur, l'intérieur n'a pas changé depuis les années 60, livre Abdelkader, un habitant d'une vingtaine d'années. Ça devait arriver, c'est trop vieux ici." Une voisine, Raïssa, 28 ans, ajoute : "Ici, quand on plante un clou dans le mur, ça s'effrite." Une bannière de tissu blanc sur laquelle était écrit "Travaux bâclés, négligences sécurité, vétusté des cages à lapins" a été déposée, lundi matin, sur une esplanade non loin du sinistre.
"Les immeubles étaient correctement entretenus", a tempéré la maire PS de Reims, Adeline Hazan. "Ces immeubles, qui datent de 1958, ont été rénovés entre 2004 et 2006 et faisaient l'objet d'une visite annuelle, a pour sa part indiqué Christophe Villers, président du directoire du Foyer Rémois. La dernière visite, effectuée début 2013, n'avait rien révélé d'anormal."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.