Philippe Legorjus affirme que des indépendantistes kanaks ont été exécutés en 1988 à Ouvéa
"Je n'ai pas assisté aux exécutions mais j'ai vu des choses. Par exemple la manière dont Alphonse Dianou a été traité après l'assaut. Il est mort d'un manque de soins", a déclaré l'ancien patron du GIGN aux Nouvelles Calédoniennes vendredi.
"Pour les autres (deux Kanaks), les debriefings ont bien montré qu'il y avait eu exécution. Effectivement", a ajouté celui qui avait participé aux négociations avant l'assaut de la grotte d'Ouvéa, où 27 gendarmes étaient retenus en otages.
La gendarmerie attaquée le 22 avril 1988
Emmené par le militant indépendantiste Alphonse Dianou, un commando du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) avait attaqué le 22 avril 1988 la gendarmerie de la petite île d'Ouvéa, tuant quatre gendarmes. Les activistes avaient ensuite emmené une quinzaine d'otages dans la grotte de Gossanah, en pleine élection présidentielle.
Le 5 mai 1988, l'opération "Victor" était déclenchée pour libérer les otages. Deux militaires trouvèrent la mort et 19 Kanaks étaient tués, suscitant ensuite une vive controverse sur les conditions de leur mort. "Il y a eu une loi d'amnistie dans le mois qui a suivi. Je trouve cela aberrant", a également déclaré Philippe Legorjus, qui a quitté la gendarmerie peu de temps après le drame d'Ouvéa.
Sortie le 21 septembre d'un film de Mathieu Kassovitz sur Ouvéa
Ses déclarations interviennent à quelques mois de la sortie, le 21 septembre, du film de Mathieu Kassovitz "L'ordre et la Morale", qui retrace ces événements et dans lequel le réalisateur incarne également le personnage de Philippe Legorjus.
"(Ce film) est très beau et reflète bien la réalité", a déclaré Philippe Legorjus, soulignant que le réalisateur avait revu son scénario initial "trop caricatural" pour livrer finalement un film "équilibré".
L'assaut avait eu lieu deux jours avant le 1er tour de la présidentielle
L'épisode de la grotte d'Ouvéa était intervenu lors de la cohabitation (Chirac premier ministre de Mitterrand). La prise de la gendarmerie par les indépendantistes est intervenu le 22 avril, deux jours avant le premier tour de la présidentielle. L'assaut avait eu lieu le 5 mai, trois jours avant le deuxième tour de l'élection présidentielle qui opposait le premier ministre et le président de la République.
"A Ouvéa, c'est le pays tout entier qui nous observait. Avec, à sa tête, un président de la République et un Premier ministre, engagés, l'un contre l'autre, dans une féroce bataille électorale", a raconté Philippe Legorjus à L'Express, en mai 1990 ("Aucune raison d'Etat ne vaut la mort d'un homme").
Un électrochoc qui a conduit aux accords de Matignon
Ce sanglant événement avait provoqué un électrochoc en Nouvelle-Calédonie. Moins de deux mois après, indépendantistes kanaks et "caldoches" loyalistes avaient enterré la hache de guerre, en signant le 26 juin 1988 sous l'égide du Premier ministre de l'époque, Michel Rocard, les accords de Matignon, négociés par Christian Blanc.
Le capitaine Legorjus avait publié un rapport sur l'affaire d'Ouvéa qui avait été publié dans Le Monde. Le militaire s"était montré très critique sur les modalités de l'assaut.
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