Cet article date de plus d'onze ans.

Pétards du Nouvel An : deux morts et un blessé grave en Alsace

Deux hommes de 20 et 24 ans sont morts des suites de leurs blessures, provoquées par des explosions de pétards la nuit de la Saint-Sylvestre. Un troisième est en réanimation à Strasbourg.  

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La société KGT de Kogenheim, dans le Bas-Rhin, a installé son stand dans la zone industrielle de Colmar (Haut-Rhin).  (MAXPPP)

Les pétards du Nouvel An ont fait une deuxième victime en Alsace. Un jeune homme de 24 ans est décédé mercredi 2 janvier des suites de ses blessures, après une explosion de mortier dans la nuit de la Saint-Sylvestre, a indiqué l'hôpital de Colmar (Haut-Rhin), où il était hospitalisé. 

Dans la matinée du 1er janvier, un autre jeune homme, âgé de 20 ans, était mort à Strasbourg (Bas-Rhin) après avoir été blessé par un pétard. Dans cette même ville, un troisième homme était toujours hospitalisé mercredi, dans un état critique. 

En quoi ces drames sont-ils similaires ? 

Mardi, un premier jeune homme est mort dans le Bas-Rhin, après avoir été blessé par un mortier d'artifice qui n'avait pas démarré au moment de l'allumage. "D'après les premiers témoignages, la victime se serait alors penchée sur celui-ci, avant que le feu d'artifice ne lui explose en plein visage". L'homme est mort d'un arrêt cardiaque pendant son évacuation vers les urgences de Strasbourg, avait alors expliqué le quotidien régional Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA). 

Mercredi, le bilan de cette nuit de la Saint-Sylvestre s'est encore alourdi. Dans l'après-midi, la directrice de l'hôpital de Colmar a annoncé le décès d'un jeune homme de 24 ans, hospitalisé la veille et traité depuis dans une unité de soins palliatifs. "Il s'est fait exploser la tête littéralement, donc l'état est critique", avait indiqué mardi soir le préfet de la région Alsace, Stéphane Bouillon. L'homme avait été touché alors qu'il se penchait sur un mortier, dans le village de Thannenkirch (Haut-Rhin).

Enfin, une porte-parole de l'hôpital universitaire de Strasbourg-Hautepierre a annoncé en fin d'après-midi mercredi qu'"un jeune homme [était] en réanimation à Hautepierre" à la suite d'un accident de pétard, a-t-elle indiqué à l'AFP, sans donner plus de détail sur l'âge de la victime. Cette dernière, probablement blessée par l'explosion d'un mortier, se trouvait dans le coma et présentait "des lésions de la face" et une "fracture au niveau du crâne", a précisé le Pr Philippe Liverneaux, chef du service SOS Mains au CHU de Strasbourg. "Il a été opéré deux fois par des neuro-chirurgiens pendant la nuit de la Saint-Sylvestre, puis à nouveau à la main pour une blessure moins grave", a-t-il ajouté.

Que dit la loi sur les engins explosifs ? 

Ces drames relancent inévitablement le débat sur la mise en vente de ces pétards puissants, dans une région où cette pratique relève plus qu'ailleurs d'une tradition ancestrale. Leur utilisation est par ailleurs réglementée : "Dans le Bas-Rhin, explique DNA, seuls les pétards les moins puissants (catégories K1 et C1) sont autorisés, de manière très encadrée. Leur vente est interdite aux mineurs et n’est autorisée en décembre (...) que le 31" pour les majeurs et les mineurs qui sont sous l’étroite surveillance d’un adulte. "Il est par ailleurs interdit d’en transporter plus d’un kilo par personne", ajoute le quotidien. 

Dans le Haut-Rhin voisin, la réglementation a été allégée cette année, "à la suite d’une action en justice des fabricants de pétards", poursuit le quotidien. 

Dans le reste de la France, la législation est moins stricte : "Il est permis de posséder des pétards de catégorie K1 (interdits aux moins de 12 ans), K2 et K3 (interdits aux moins de 18 ans) à condition qu'ils soient accompagnés d'une notice de sécurité, et qu'ils ne soient pas lancés avec des mortiers", précise Le Figaro.fr. 

Comment les élus locaux se saisissent-ils du problème ? 

Selon le député-maire de la commune de Ribeauvillé (Haut-Rhin), Jean-Louis Christ (UMP), le jeune homme décédé mercredi s'était procuré l'engin sur internet. Pour lui, cela soulève la question d’un durcissement de la législation. "Le problème qui se pose c’est que nous sommes frontaliers : en Allemagne on peut acheter des pétards de calibrage encore plus importants et en même temps on peut acheter sur internet des espèces d’engins de guerre, ce qui est absolument aberrant", a-t-il déclaré, se disant en revanche hostile à une interdiction totale des pétards.

"ll n’est pas acceptable, au nom d’une tradition stupide, d’avoir à déplorer chaque année des accidents graves, comme des amputations, des pertes de doigts, des pertes auditives", a déclaré mercredi à l’AFP Olivier Bitz, adjoint en charge de la sécurité au sein de la municipalité strasbourgeoise. Lui prône une solution radicale : "Une interdiction générale aurait une portée pédagogique face à la tolérance sociale sur ce sujet-là, qui n’est plus possible", a-t-il fait valoir.

"Je respecte les Alsaciens, mais cette tradition des pétards peut être améliorée, voire supprimée", a renchérit le préfet d'Alsace. "Après tout, en Lorraine ou en Franche-Comté, il n'y a pas cette tradition des pétards et les gens font quand même la fête."

Dans la région de Strasbourg, les services spécialisés dans la chirurgie de la main ont dénombré une vingtaine d'interventions dues aux pétards de la Saint-Sylvestre. Ailleurs en France, un homme de 28 ans a été grièvement blessé à la main à Lens (Pas-de-Calais), tandis qu'un autre, âgé de 43 ans, a été blessé au visage à Saint-Même-les-Carrières (Charente).

DLTFTV_MAM_2882992 (Loubna Anaki et David Fossard - France 2)

  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.