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On se bouscule déjà pour le futur gouvernement

A droite, mais surtout à gauche, on commence à se placer pour obtenir un portefeuille ministériel. Et plus si affinités.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Au premier plan, de gauche à droite : Michel Sapin, Jean-Marc Ayrault et la première secrétaire du PS, Martine Aubry, le 5 avril 2011 à Paris. (FRANCK FIFE / AFP)

Plus l'échéance approche, plus les dorures des ministères suscitent l'intérêt. Officiellement, personne n'avouera lorgner tel ou tel poste. Mais à moins de deux semaines du premier tour de la présidentielle, les prétendants se placent. Et les pronostics vont bon train.

• A droite, Matignon sinon rien

Le moral des troupes UMP n'est pas au beau fixe. Malgré la campagne dynamique de Nicolas Sarkozy, qui semble croire à sa réélection dur comme fer, les sondages restent mauvais et les membres du gouvernement s'inquiètent. "Personne ne dit rien mais beaucoup pensent qu'il ne peut pas gagner, confie l'un d'eux au Figaro, mercredi 11 avril. Entre ministres, on se demande : 'Tu fais quoi, toi, après ?' Les trois quarts des conversations tournent autour de ça, l'après-défaite."

L'heure n'est donc pas vraiment au partage des portefeuilles. Un poste, cependant, attise les convoitises : Matignon. En pole position, Alain Juppé. Le 26 mars, devant des journalistes, il avait eu cette mystérieuse formule : "Si Sarkozy gagne, j'ai une petite idée de ce que je ferai. S'il perd, je serai maire de Bordeaux et je serai ravi. Dans deux mois, si je suis très occupé, j'en suis heureux. Si je le suis un peu moins, je soufflerai un peu." Selon un sondage Ifop, 30% des Français souhaitent le voir Premier ministre en cas de victoire de la droite. "Ça prouve qu’ils sont bien lucides et bien informés !", a même réagi Nicolas Sarkozy le 14 mars sur Europe 1.

Toutefois, d'autres noms circulent : celui de Jean-Louis Borloo, fraîchement rallié à la candidature de Nicolas Sarkozy, mais aussi ceux de Claude Guéant, Valérie Pécresse ou Nathalie Kosciusko-Morizet. Et depuis quelques jours, l'hypothèse François Bayrou est jugée envisageable par des poids lourds de la majorité. Chacun sait (à droite comme à gauche) que ses électeurs du premier tour risquent d'arbitrer le second.

• A gauche, l'embouteillage

Après dix années de diète totale au sommet de l'Etat, les socialistes rêvent de retrouver le pouvoir. Une perspective qui n'est pas pour rien dans l'union sacrée autour de François Hollande, certains éléphants craignant qu'une défaite sonne le glas de leur carrière. Alors forcément, les appétits s'aiguisent.

Objectif Matignon. Martine Aubry n'évoque jamais le sujet. C'est pourtant elle qui semble tenir la corde. Comme nous l'écrivions il y a deux mois, la maire de Lille met beaucoup d'abnégation pour soutenir le candidat du PS par monts et par vaux. Son positionnement à la gauche de Hollande pourrait permettre de donner quelques gages aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon si celui-ci réalise un score important. Problème : la première secrétaire et son prédécesseur sont connus pour ne pas entretenir de bonnes relations. Quasi-cohabitation en vue ?

Des proches de François Hollande n'ont en tout cas pas dit leur dernier mot. Le patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault, est régulièrement cité comme possible Premier-ministrable, tout comme Pierre Moscovici, directeur de campagne du candidat, ou le fidèle ami Michel Sapin, chargé du programme présidentiel.

Mais en la matière, les rumeurs – telle l'option Anne Lauvergeon, ex-PDG d'Areva – se succèdent à un rythme soutenu. Et Laurent Fabius ? Choisi début mars pour débattre dans l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2 contre Nicolas Sarkozy, certains voyaient en lui le futur locataire de Matignon. Mais dans les couloirs de Solférino, on lui prédit plutôt un avenir aux Affaires étrangères.

Pour les autres postes. Toutes les figures connues du PS, ou presque, sont pressenties quelque part. L'offre de services la plus célèbre reste celle de Ségolène Royal, qui brigue la présidence de l'Assemblée nationale (à moins que Marylise Lebranchu ou Jack Lang ne viennent perturber ses plans). Manuel Valls, "dircom" de la campagne de François Hollande, et François Rebsamen, le maire de Dijon, se verraient bien à l'Intérieur. Le président de la région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, qui a accompagné le candidat PS aux obsèques des militaires tués par Mohamed Merah à Montauban, est pressenti à la Défense. Aurélie Filippetti a dit "n'avoir pas envie de parler de ça" dans une interview au Monde fin décembre, mais la députée de Moselle est pressentie à la Culture. S'il n'obtient pas Matignon, Michel Sapin pourrait se consoler à Bercy, éventuellement épaulé au Budget par Jérôme Cahuzac, président de la commission des finances à l'Assemblée.

Bref, chacun s'y voit déjà plus ou moins. Mais il y aura inévitablement des déçus. Les chefs de pôles thématiques de l'équipe de François Hollande n'hériteront pas forcément des ministères correspondants. Car la composition d'un gouvernement, fruit d'un savant dosage entre les diverses sensibilités d'un parti, voire d'un bloc politique, ne peut pas se résumer à reproduire celle d'une équipe de campagne. Si François Hollande l'emporte, il devra, en plus de satisfaire ses proches, composer avec la gauche du parti, la gauche de la gauche, les écologistes et peut-être même les centristes.

Les prétendants sont nombreux et les places chères. Dans son programme, François Hollande écrit que l'action gouvernementale doit être menée autour d'"une dizaine de grands pôles". Une fois ces postes distribués, les recalés devront se contenter des miettes.

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