Fusillade à Nîmes : "Les dealers font ce qu'ils veulent, c'est l'impunité totale", dénonce un directeur d'association

Un enfant de dix ans a été tué lors d'une fusillade sur fond de trafic de drogue, à Nîmes, dans la nuit de ce lundi à ce mardi. "La gangrène de la drogue et des armes a pris le pas sur la vie paisible", estime ce mardi le directeur d'une association qui intervient dans le quartier où le drame a eu lieu.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La CRS 8 avait déjà été déployée dans le quartier Pissevin à Nîmes en juin. Elle est de retour mardi 22 août 2023, après la fusillade dans laquelle un enfant de 10 ans a été tué. (PHILIPPE THOMAIN / RADIO FRANCE)

"Les choses se sont dégradées malgré une politique de la ville", dénonce mardi 22 août sur franceinfo Raouf Azzouz, directeur de l'association Les mille couleurs, à Nîmes après la mort par balle d'un enfant de dix ans. Il a été tué lors d'une fusillade sur fond de trafic de drogue dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 août au quartier Pissevin. Cette association intervient dans ce quartier. Pour elle, "c'est l'impunité totale", dénonce Raouf Azzouz. "Canapés, parasols, on voit les dealers assis en hauteur, presque à se moquer de nous", déplore-t-il.

>> Nîmes : ce que l'on sait de la fusillade qui a tué un enfant de dix ans

franceinfo : Quelle est votre sentiment sur le climat dans le quartier où cet enfant de dix ans a été tué ?

Raouf Azzouz : Les choses se sont dégradées malgré une politique de la ville, malgré le soutien des associations ; malgré la rénovation urbaine en cours, la gangrène de la drogue et des armes a pris le pas sur la vie paisible.

C'est un trafic qui se fait en plein jour dans le quartier. Les dealers ne se cachent pas ?

Canapés, parasols, les prix sont indiqués sur les murs... Tout cela en toute impunité, le bus passe et on voit les dealers assis en hauteur. Ils sont là presque à se moquer de nous en disant que c'est leur territoire. Tout leur appartient, ils font ce qu'ils veulent. C'est l'impunité totale.

Ceux qui savent quelque chose ne disent rien par peur de représailles ?

C'est l'omerta. Aujourd'hui on a eu toute la presse écrite et télévisuelle qui est passée et très peu de gens ont voulu témoigner de la situation du territoire. Je pense que la solution viendra des habitants. Il y a 17 000 habitants sur Pissevin-Valdegour et il y a une centaine de délinquants qui foutent la zizanie et tuent impunément. Si la population ne réagit pas à la mort de cet enfant du quartier, cet enfant de France, le quartier deviendra un vrai ghetto.

Comment vont les habitants que vous rencontrez régulièrement ?

Ils vont mal, ils ont la rage, ils ont mal pour leur quartier. Ils sont un peu résignés. On nous a promis la rénovation urbaine, on nous a promis des millions d'euros, on nous a promis de transformer le quartier et aujourd'hui on a la mort au bout, mais je leur dis que tout passera par vous. C'est à vous d'agir collectivement. Aujourd'hui ce que j'attends c'est qu'on aille tous dans la rue et qu'on dise c'est assez et qu'avec les pouvoirs publics on arrive à trouver des solutions.

"J'attends que toute la ville de Nîmes se mobilise pour dire non à la drogue, non aux armes"

Raouf Azzouz, de l'association Les mille couleurs à Nîmes

à franceinfo

Aujourd'hui à Pissevin, on a l'impression que c'est la triple peine. Aujourd'hui on a quasiment plus de médecins, l'insécurité est installée. Cette personne avec sa mitraillette tirait à vue et elle aurait pu tuer deux, vingt personnes, ça lui est égal, ce sont des marchands de mort.

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