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Nîmes : ce que l'on sait de la fusillade qui a tué un enfant de 10 ans

L'enfant se trouvait dans une voiture quand une fusillade a éclaté, tuant le jeune garçon et blessant gravement son oncle, qui conduisait le véhicule.
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Gard Lozère
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Un policier se tient devant un bâtiment du quartier Pissevin, à Nîmes, là où a eu lieu la fusillade qui a fait un mort, dans la nuit du 21 au 22 août 2023. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Dans la nuit de lundi 21 à mardi 22 août, une fusillade a éclaté dans le quartier Pissevin, une ZUP (zone à urbaniser en priorité) au sud-ouest de la ville de la ville de Nîmes, dans le Gard. Les faits se sont déroulés aux alentours de 23 heures. Parmi les victimes, Fayed, un enfant de 10 ans, qui a été tué, son oncle, blessé par balles, et un deuxième enfant, de 7 ans, indemne physiquement.

Les victimes revenaient d'un dîner au restaurant 

Aux alentours de 23h, un homme qui habite le quartier rentrait d'un restaurant en voiture avec ses deux neveux, âgés de 7 et 10 ans. Il tentait de se garer quand la fusillade a éclaté. 

Selon des témoins, au moins quatre personnes cagoulées étaient présentes dans une autre voiture, une information confirmée de source proche de l'enquête à franceinfo. Au moins une de ces personnes a ouvert le feu. Sur une vidéo notamment partagée par Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police Unité SGP-FO, on voit un homme descendu de voiture qui tire avec une arme lourde.

Le conducteur de la voiture touchée par les tirs a immédiatement redémarré et s'est dirigé vers l'hôpital. De source proche de l'enquête à franceinfo, il présentait au moins trois impacts de balles dans le dos. D'après la procureure de la République, Cécile Gensac, ses jours ne sont plus en danger.

L'enfant de 10 ans est mort quelques minutes après son arrivée au CHU. Le médecin légiste a constaté qu'il présentait une plaie par balle dans le dos. 

De source proche de l'enquête, le conducteur a déclaré aux enquêteurs qu'il pensait que son neveu de 10 ans était sorti de la voiture au moment des tirs, quand il a redémarré. En fait, ce dernier était coincé dans sa ceinture de sécurité à l'extérieur de la voiture. Il a donc été traîné sur la chaussée sur plusieurs centaines de mètres.

Mardi, la procureure de la République de Nîmes a confirmé que l'enfant de 10 ans tué a bien été touché par balles : "Il est établi que ce mineur a reçu un projectile, une balle probablement, et ce sera confirmé par les investigations scientifiques, dans une zone visiblement létale". Le troisième occupant de la voiture, le neveu du conducteur, est indemne. Il se trouvait à l'arrière.

Les suspects sont en fuite 

Les suspects ont pris la fuite. Ils étaient "à bord d'un véhicule volé qui a été retrouvé quelque temps plus tard à proximité", affirme à France Bleu Gard Lozère François-Xavier Debonneville, secrétaire départemental adjoint d'Alliance Police nationale dans le Gard. 

La police recherche actuellement quatre personnes.

Une enquête ouverte pour assassinat en bande organisée

Une enquête a été ouverte, confiée à la police judiciaire de Nîmes. Mardi midi, la procureure de Nîmes a précisé que l'enquête était ouverte pour assassinat en bande organisée. "Nous sommes sur un territoire avec des luttes réalisées en vue de prendre possession de points de deal. On est donc sur fonds de trafic de stupéfiants", affirme Cécile Gensac.

De source proche du dossier, les faits se sont bien déroulés à côté d'un point de deal. Les enquêteurs privilégient donc l'hypothèse d'une rivalité entre deux cités nîmoises (Pissevin et Valdegour). 

Une cinquantaine de douilles de différents calibres ont été découvertes sur place, a indiqué une source proche de l'enquête à franceinfo. Des riverains ont appelé les autorités lundi soir pour signaler des impacts de balles chez eux, aux 5e et 12e étages d'une tour avoisinante.

La famille, "victime collatérale", n'était "absolument pas" connue de la justice 

Dans un post sur X (ex-Twitter), Gérald Darmanin parlait ce matin de "ce que si semble être un règlement de compte entre trafiquants". Il ajoute que "c'est un énorme drame qui ne restera pas impuni".

De son côté, la procureure de la République de Nîmes a assuré que les victimes sont issues d'une "famille qui n'a jamais fait parler d'elle", confirmant ainsi la notion de "victimes collatérales". "Indéniablement, la famille victime n'est associée d'aucune façon, ni avant ni actuellement, dans des faits de nature pénale, précise la procureure. Elle a eu pour seul malheur de passer au mauvais endroit au mauvais moment."

De source proche du dossier à franceinfo, l'oncle du garçon est un militaire de 28 ans en permission et effectivement inconnu de la justice.

Une fusillade dans un contexte de violence grandissante à Nîmes

La fusillade de lundi soir survient dans un contexte tendu. Samedi soir, des coups de feu ont été tirés dans le quartier sensible voisin du Valdegour, entre quatre personnes sur deux scooters et des individus dans une voiture, a appris franceinfo de source policière. Il n'y a pas eu de blessé. Deux hommes de 18 et 20 ans ont été interpellés et placés en garde à vue. De source policière, les deux individus sont actuellement écroués. Une voiture volée, soupçonnée d'être impliquée dans cette fusillade, a été découverte, ainsi qu'une douzaine d'étuis de calibre 9 mm et 7,62 mm.

À noter qu'une autre fusillade a eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi, vers 1h30, toujours à Nîmes, place Avogadro, dans la même zone que les deux autres fusillades. De source proche de l'enquête, une personne mineure de 14 ans a été blessée par balles à plusieurs endroits : au niveau du dos, de l'omoplate gauche et de l'avant-bras droit. De source policière, son pronostic vital est engagé. La victime était en présence d'une autre personne, âgée de 15 ans, qui n'a pas été blessée. Elles affirmaient venir de Barcelone. Six personnes sont mises en cause dans cette fusillade (quatre personnes en voiture et deux personnes en scooter). On ignore combien de personnes ont tiré. 

Pour l'heure, il n'y a pas de lien établi entre ces trois fusillades.

Des moyens supplémentaires déployés à Nîmes 

Des membres de la CRS 8, spécialisée dans les violences urbaines, ont été déployés à Nîmes, comme l'annonçait mardi le préfet du Gard, Jérôme Bonet, "afin de sécuriser le quartier et de retrouver plus de paix". Cette brigade doit aider à renforcer la lutte contre le trafic de drogue, comme à Marseille la semaine passée. Une centaine de CRS étaient attendus.



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