Nouvelle-Calédonie : "C'est à l'État colonial de réagir" en retirant "son projet de loi et en envoyant une mission de dialogue", estime le député LFI Bastien Lachaud

"Le calme va être rétabli", a promis jeudi le ministre de l'Intérieur alors que la Nouvelle-Calédonie a vécu une troisième nuit consécutive d'émeutes.
Article rédigé par franceinfo
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Bastien Lachaud, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, le 30 janvier 2019. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"C'est à l'État colonial de réagir" en retirant "son projet de loi" et "envoyer une mission de dialogue" en Nouvelle-Calédonie, a estimé jeudi 16 mai sur franceinfo Bastien Lachaud, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis.

L'adoption par l'Assemblée nationale du projet de révision constitutionnelle qui prévoit l'élargissement du corps électoral au élections provinciales a entraîné des émeutes en Nouvelle-Calédonie. Les indépendantistes y voient dans cette réforme un moyen de réduire l'influence du peuple autonome kanak qui représente 41 % de la population de l’archipel.

"Le gouvernement met le feu aux poudres sur une situation coloniale. Il faut que le gouvernement change de méthode. Le gouvernement a décidé unilatéralement de dégeler le corps électoral. Tout le monde lui a dit : 'Il y a un risque d'embrasement.'"

Bastien Lachaud, député LFI de Seine-Saint-Denis

à franceinfo

Emmanuel Macron qui avait appelé les deux parties à se parler jeudi a été contraint d'annuler une visioconférence face au peu de candidats pour "dialoguer les uns avec les autres". Selon Bastien Lachaud, "on ne forcera pas les indépendantistes à négocier sous la pression ni du calendrier, ni la menace du dégel du corps électoral", a-t-il poursuivi.

"Dégeler, c'est remettre en question la parole de l'État"

Le député LFI dit que "tout le monde est d'accord sur la question du dégel, les indépendantistes sont d'accord", mais dans le cadre d'"un accord politique global". Bastien Lachaud a rappelé l'esprit des accords de Nouméa de 1998 qui prévoyait les transferts de quelques compétences en Nouvelle-Calédonie : "Une fois que les trois référendums ont eu lieu, les partis doivent se rencontrer pour négocier la suite. Tant que ces partis ne sont pas tombés d'accord sur un nouvel accord politique pour la Nouvelle-Calédonie, ce sont les accords de Nouméa qui s'appliquent. Et dans les accords de Nouméa, il y a le gel. Donc dégeler, c'est remettre en question la parole de l'État." Le "non" l'avait emporté à 96,5%, lors du troisième référendum de 2021 mais l'abstention avait été massive.

Pour les Kanaks, l'histoire coloniale de la Nouvelle-Calédonie "est traumatique" donc "toucher à ça sans faire un accord politique global, c'était évidemment mettre le feu aux poudres, estime Bastien Lachaud. "Le gouvernement est totalement responsable de la situation", affirme-t-il. Plusieurs voix appellent à la nomination d'un médiateur. Les noms d'anciens Premiers ministres circulent : "Pourquoi pas Lionel Jospin, pourquoi pas Edouard Philippe. Il y a aujourd'hui plein de personnes qui se sont investies dans ce dossier, qui pourraient travailler dessus", déclare Bastien Lachaud.

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