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Nicolas Sarkozy a prononcé mercredi à l'Elysée un discours au sujet de la violence scolaire et de l'absentéisme

Il a annoncé qu'un "diagnostic de sécurité" serait réalisé dans tous les établissements scolaires d'ici juin 2010."Il n'y a qu'une seule politique possible s'agissant des crimes et délits commis dans les établissements scolaires: être intraitable", a déclaré le chef de l'Etat, qui célèbre jeudi ses trois ans à l'Elysée.
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Nicolas Sarkozy le 5 mai 2010 à l'Elysée (AFP - Lionel Bonaventure)

Il a annoncé qu'un "diagnostic de sécurité" serait réalisé dans tous les établissements scolaires d'ici juin 2010.

"Il n'y a qu'une seule politique possible s'agissant des crimes et délits commis dans les établissements scolaires: être intraitable", a déclaré le chef de l'Etat, qui célèbre jeudi ses trois ans à l'Elysée.

"On n'est pas libre quand on a peur. Libre d'apprendre, de progresser, de travailler", a-t-il poursuivi, plaidant pour "une école de la sérénité, du respect, de la confiance".

Des internats pour les élèves les plus durs
Le président de la République, qui s'exprimait à l'Elysée devant l'ensemble des préfets, des procureurs généraux, des recteurs et des inspecteurs d'académie, a également annoncé l'ouverture en 2011 d'une dizaine d'internats où seront accueillis les élèves "les plus durs", en rupture avec l'institution scolaire.

Agés de 13 à 16 ans, ces jeunes "auront la particularité d'avoir été exclus au moins une fois par décision d'un conseil de discipline".

Ces internats, qui pourraient être baptisés "établissements de réinsertion scolaire", seront fondés "sur une pédagogie qui mettra l'accent sur l'apprentissage de la règle, le respect de l'autorité et le goût de l'effort".

"Outre la maîtrise des savoirs fondamentaux, l'enseignement accordera une place importante à la pratique du sport tous les après-midis et à la découverte des métiers", a précisé Nicolas Sarkozy.

Absentéisme et suppression des allocations familiales
Le chef de l'Etat a souhaité par ailleurs que le dispositif de suppression des allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire répété, inclus dans une proposition de loi UMP, soit applicable dès la rentrée prochaine.

Le député Eric Ciotti (UMP, Alpes-Maritimes) a déposé une proposition de loi en ce sens qui devrait être discutée à l'Assemblée nationale le 16 juin.

La possibilité de suspendre les allocations familiales est déjà inscrite dans la loi, mais la décision est du ressort des présidents de conseils généraux.

Désormais, a expliqué mercredi Nicolas Sarkozy, "le chef d'établissement, constatant l'absentéisme d'un élève (au moins quatre demi-journées d'absence non justifiées sur un mois) le signalera à l'inspecteur d'académie. Ce dernier devra convoquer la famille pour la rappeler à ses devoirs".

"Dans le même temps, a-t-il poursuivi, il préviendra le président du conseil général qui pourra - comme c'est évidemment souhaitable - proposer à la famille un contrat de responsabilité parentale. En cas de récidive au cours de l'année, l'inspecteur d'académie en informera le directeur de la Caisse d'assurance familiale, qui aura alors l'obligation de suspendre immédiatement la part des allocations familiales liées à l'enfant absentéiste."

Un policier référent dans 53 établissements scolaires
Mardi, conformément à l'engagement de Nicolas Sarkozy le 20 avril à Bobigny, les ministères de l'Intérieur et de l'Education ont annoncé la mise en place d'un bureau destiné à un "policier ou gendarme référent" dans 53 établissements scolaires.

Les établissements retenus par les deux ministères appartiennent à 11 académies de France métropolitaine et ont été choisis parmi ceux qui sont "les plus exposés aux phénomènes d'intrusions et de violences".

Les policers et gendarmes référents, un par établissement, tiendront des permanences plusieurs fois par semaine. Ils auront notamment pour mission "de transmettre les signalements relatifs aux faits de violence ; d'organiser des séances d'information auprès des élèves sur la sécurité; de mener des actions de prévention et d'information sur les toxicomanies".

Réactions politiques
Jean-Paul Huchon, président PS de la région Ile-de-France: "La seule réponse apportée aujourd'hui par Nicolas Sarkozy à la question de la violence scolaire est celle de la répression, de l'autoritarisme et de la stigmatisation (...) en totale contradiction avec la politique de son ministre Luc Chatel. Comment lutter efficacement contre la violence alors que 40.000 postes ont été supprimés dans l'Education nationale depuis 2007?".

Le Parti communiste français a estimé que le président avait énoncé "une collection de non-solutions dangereuses pour le service public de l'éducation. L'école ne doit pas être un centre de tri social voulu par le président, mais un lieu d'émancipation de chacun. Une fois encore, les grands absents des propositions sont les moyens à allouer à l'éducation nationale : pas de création de postes, de surveillants, de conseillers d'éducation, d'infirmières, d'assistants sociaux".

Réactions syndicales

Le Snes-FSU (premier syndicat des collèges et lycées), dénonce « un catalogue de mesures (…) procédant d'une méconnaissance des réalités ». Elles ne « pourront permettre de juguler la violence sous toutes ses formes, de lutter contre les inégalités et l'échec scolaire ».

Selon l"Unsa-Education (deuxième fédération de l'Education), ces annonces « prennent le contre-pied des conclusions scientifiques des états généraux sur la sécurité à l'Ecole » qui se sont déroulés début avril. « Ce sont des réponses sécuritaires stéréotypées fondées sur le tri et l'exclusion. »

De son côté, la FCPE (première fédération de parents d'élèves) déclare que « les solutions sont ailleurs ! (…) « Installer dans quelques établissements des policiers ou gendarmes référents n'est pas non plus la bonne réponse aux violences dans les établissements scolaires. C'est de solutions éducatives dont l'Ecole a besoin ! »


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