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Michel Rocard prévoit que "deux ou trois décennies" seront nécessaires pour sortir de la crise

"Nous mettrons deux ou trois décennies pour sortir de cette crise", assure Michel Rocard dans une interview au Nouvel Observateur à paraître jeudi. "Il va falloir encore quelques convulsions pour tirer pleinement les conséquences de ce que nous vivons".
Article rédigé par France2.fr
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Michel Rocard (France 2)

"Nous mettrons deux ou trois décennies pour sortir de cette crise", assure Michel Rocard dans une interview au Nouvel Observateur à paraître jeudi. "Il va falloir encore quelques convulsions pour tirer pleinement les conséquences de ce que nous vivons".

"Le modèle capitaliste a connu une révolution depuis trente ans. Et c'est cela qui est remis en cause". Selon lui, "on a cassé le moteur 'salaire' de la croissance! Les actionnaires ont pris le pouvoir", évoquant le fait qu'ils ont "exigé une rentabilité beaucoup plus élevée des entreprises".

Le chômage va s'aggraver
Pour l'ancien Premier ministre de François Mitterrand, la crise "impose de penser autrement. Mais il y en a pour vingt ans. Les nouvelles explosions du détonateur financier vont aggraver le désarroi et le niveau de chômage. Et accentuer le déséquilibre social".

"Au bout de 3 ou 4 fois, les opinions auront compris"
Michel Rocard pronostique qu'au "bout de trois ou quatre fois, les opinions auront compris". Pour lui, "l'analyse de la crise n'est pas faite. Pour la partie bancaire et financière, on dit: c'est la faute à la perte de l'éthique, à la disparition de la moralité. C'est très reposant".

"S'il y a retour à la moralité, il n'y a pas besoin de changer les autres règles, tout se passera très bien", estime-t-il.

Cependant, il juge que dans la crise, les sociaux-démocrates "s'en sont le moins mal sortis" et que "la sortie de crise est nécessairement social-démocrate". "Méthode d'écoute de l'autre", la social-démocratie est un "enracinement dans la liberté par le marché accompagné d'une forte régulation et sanctifié par une capacité démocratique à faire endosser cela par le peuple", fait-il valoir.

Rocard estime que l'économie néolibérale "a tout faux"
Michel Rocard estime aussi que "la vraie analyse supposerait de condamner les thèses de M.Milton Friedman et des treize autres prix Nobel d'économie de la même école. Or, dans tous les pays développés, la sélection...des dirigeants de banque, des donneurs d'avis en matière économique s'est faite sur le politiquement correct par rapport à cette doctrine. Il arrive à ce monument nommé "sciences économiques" ce qui se passerait en médecine si l'on découvrait que Louis Pasteur a tout faux. Et cet effondrement intellectuel est un effondrement d 'hommes de pouvoir et de réputation. Et ils sont toujours à la tête des hiérarchies".

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