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Les profs devront patienter avant d'être mieux payés

L'état des finances publiques ne laisse guère de suspense quant à l'évolution des salaires des enseignants à court et moyen terme.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une enseignante dans une classe de primaire à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne), le 21 mai 2012. (FRED DUFOUR / AFP)

RENTREE - François Hollande promettait d'embaucher plus de professeurs, Nicolas Sarkozy préférait revoir leurs rémunérations. Le premier a été élu, mais la proposition du second reste au cœur des préoccupations. Alors que les enseignants font leur rentrée, lundi 3 septembre, ils sont de plus en plus nombreux à manifester leur colère quant au niveau des salaires dans l'éducation nationale.

Les chiffres sont éloquents. Selon le dernier rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), relayé par Libération en septembre 2011, le salaire des enseignants a diminué dans notre pays entre 2000 et 2009 de plus de dix points d'indice, alors que "depuis 1995, il a augmenté dans les deux tiers des pays de l'OCDE". Résultat : en 2009, un enseignant français gagnait en moyenne 26 452 euros net par an dans le primaire, 28 432 euros au collège et 28 661 euros au lycée :

Les profs français moins bien payés que leurs voisins

Autre enseignement majeur de ce rapport : les enseignants français sont moins bien rémunérés que la plupart de leurs voisins. Primaire, collège et lycée confondus, un professeur français dans le public touchait en moyenne 27 849 euros en 2009, soit l'un des salaires annuels moyens les plus faibles, selon l'OCDE :

De quoi alimenter le mécontentement des enseignants français, en particulier dans le primaire, où ils touchent en moyenne 150 euros de moins par mois qu'au collège ou au lycée. "Le pouvoir d'achat a régressé de façon objective. Il faut renverser la vapeur", s'impatiente Daniel Robin du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire. Surtout dans un secteur qui peine de plus en plus à attirer. "Ce problème de la rémunération fait partie des raisons principales de la désaffection des jeunes à l'égard de notre profession", confirme à FTVi Thierry Cadart, du Sgen-CFDT. "Mal payée, mal considérée, difficile", la profession souffre aujourd'hui "d'un manque d'attractivité globale", dénonce Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, qui ajoute dans un communiqué qu'"à même niveau de qualification, les étudiants se tournent à juste titre vers des métiers mieux rémunérés". Et le SNES-FSU de rappeler de son côté que le nombre de candidats aux concours de l'Education nationale a chuté de 70% entre 2004 et 2011.

"Digne de les payer mieux… si nous en avions les moyens"

"Nous savons tous que les enseignants ne sont pas assez rémunérés (...) Il serait digne de les payer mieux… si nous en avions les moyens. Et lorsque nous les aurons, nous le ferons", a répondu jeudi 30 août le ministre de l'Education, Vincent Peillon, sur RTL.


Le problème, c'est que ces moyens, la France ne les a pas pour le moment, et ne devrait pas non plus les avoir à moyen terme. Car pour ramener le déficit public sous la barre des 3% en 2012, puis à 0% en 2017, comme il s'y est engagé, François Hollande va devoir faire preuve d'une gestion particulièrement rigoureuse des finances de l'Etat. Si revalorisation il devait y avoir dans les années à venir, celle-ci ne saurait donc être que très marginale. "Nous sommes bien conscients des réalités économique, fait remarquer Thierry Cadart. Personne ne se fait d'illusions. Personne ne s'attend à une évolution rapide et globale des rémunérations."

Mais les syndicats n'ont pas oublié que fin mars, en pleine campagne présidentielle, François Hollande leur avait promis d'ouvrir "une négociation" sur cette question de la revalorisation des salaires des enseignants. "Je ne veux pas donner tout de suite la réponse, ça sera avec les enseignants que nous en discuterons", avait-il ajouté. Une négociation qu'il n'a, au grand dam des syndicats, plus jamais évoquée depuis.

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