Les curieuses confessions de Xavier Dupont de Ligonnès publiées sur Facebook

Les enquêteurs ont perdu la trace de Xavier Dupont de Ligonnès le 15 avril 2011. Le père de famille nantais, soupçonné d’avoir tué son épouse et leurs quatre enfants entre le 3 et le 4 avril, a disparu sans laisser de traces. Dimanche, Le Parisien a publié des extraits de textes, confessions et états d’âme rédigés par le suspect. Lundi 16 avril, la page Facebook  "Xavier Dupont de Ligonnès, enquête et débat" a publié quarante de ces documents personnels, une plongée dans la personnalité complexe du père fugitif.

• D’où proviennent ces documents ?

Selon Le Parisien, les enquêteurs disposeraient de centaines de documents écrits par le père de famille entre 2006 et 2008. On y trouve, en  vrac, des textes écrits sous Word, des échanges d'e-mails avec des proches ou des photos. "Dans les jours qui ont suivi les meurtres, ces documents ont quasiment tous été effacés par le père de famille depuis son ordinateur portable connecté en 3G", explique le quotidien. Grâce à des sauvegardes réalisées par l’opérateur Free, les enquêteurs ont pu les exhumer.

Quarante d’entre eux ont été notamment publiés dans leur intégralité sur la page Facebook "Enquête et débats", liée à l’affaire et entretenue par des internautes. 

• Que racontent les écrits de Xavier Dupont de Ligonnès ?

On trouve notamment dans ces textes des éléments autobiographiques : "Résumé de ma foi", "incohérences évangiles", "ma position sur la religion" ou "au sujet de la Sainte Bible", Xavier Dupont de Ligonnès fait part de ses réflexions sur la religion catholique et notamment sur sa perte de la foi. "Une désillusion", qu'il évoque dès 2006. Les autres textes sont en partie des lettres ou des e-mails adressés à ses proches : son fils "Arthur", "Ma grande Véro" [sa sœur], "L'Agnès que j'aime" [son épouse], "Mon cher papa",  "A mes femmes" soit "Ma mère, ma femme, mes sœurs ... et éventuellement, ma fille et mes nièces", écrit-il en introduction.

Dans "Mes décennies" (24 février 2008), il dresse une courte biographie car, dit-il, "on découvre souvent les gens... après leur mort... car ils laissent derrière eux des mémoires ou des pensées... Je préfère que mes contemporains me connaissent de mon vivant..." Pour raconter son enfance :"rien de spécial", écrit-il. Enfin, il décrit une jeunesse marquée par la religion catholique. Dans "Religions et questions", il explique "aux divers croyants" son point de vue sur la foi et s'interroge sur les incohérences qu'il dit relever dans les Ecritures.

• Qu'indiquent-ils sur son état psychologique ? 

La perte de la foi et la perte de l'être aimée, son épouse Agnès, alimentent une grande partie de ses notes. Ils évoquent notamment ces deux grandes "désillusions", dans un texte éponyme.

"La première désillusion, c’est d’avoir réalisé que ma mère avait créé un monde inexistant, un monde virtuel, son monde à elle, imaginaire : le Message, et qu’elle m’y avait fait croire", déplore-t-il. "Pendant des années (jusqu’à 35 ans), je vivais dans un monde imaginaire, avec ses personnages imaginaires, mais avec qui je 'conversais' tous les jours. C’est le lot de tous les 'croyants' (quelle que soit la religion)." Perdre la foi, "c'est un monde qui s'écroule", raconte le père de famille. 

"La deuxième désillusion est venue dix ans après, poursuit-il. C’est d’avoir réalisé que ma femme était une femme normale, comme toutes les femmes, et que je n’étais pas tout pour elle." Dans le texte nommé "Psychologie" et daté du 22 décembre 2006, il reproche à son épouse d'accorder son amour sur la situation financière de la famille :  "je veux juste te dire que j’ai remarqué que ton humeur (plus ou moins heureuse, plus ou moins amoureuse, plus ou moins critique, etc ...) est TOUJOURS liée à notre situation financière !! Je trouve ça gênant, dans le principe !" Dans ce texte, il assure ne penser "qu’à construire l’avenir, avec une ambition professionnelle farouche" et se présente comme"le contraire de solitaire."

• Pourquoi publier ces documents ?