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Le procès de l'incendie de cet immeuble vétuste, déjà suspendu mercredi, a repris jeudi pour être renvoyé sine die

Le tribunal correctionnel de Paris a renvoyé sine die le procès à la demande des avocats et du fait des conditions chaotiques de son déroulement. Déjà mercredi, au 1er jour du procès, les parties civiles avaient crié à la désinvolture, après deux heures d'une audience consacrée à la lecture de l'ordonnance de renvoi.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Manifestation en hommage aux victimes des incendies, le 12 avril 2008. (AFP/FRANCOIS GUILLOT)

Le tribunal correctionnel de Paris a renvoyé sine die le procès à la demande des avocats et du fait des conditions chaotiques de son déroulement. Déjà mercredi, au 1er jour du procès, les parties civiles avaient crié à la désinvolture, après deux heures d'une audience consacrée à la lecture de l'ordonnance de renvoi.

"Le tribunal baisse les bras devant ce qui vient de se passer, il n'y a pas d'autres termes", a déclaré la présidente de la 14e chambre du tribunal, Jacqueline Rebeyrotte.

Le procès avait repris jeudi dans la salle de la 17e chambre voisine, une salle plus vaste que la veille. Mais suite à des problèmes techniques le Tribunal avait été déplacé vers la 1ère chambre civile. Là, les avocats ont tous demandé un renvoi, demande à laquelle le tribunal a fini par accéder.

Une audience de fixation aura lieu le 5 mai pour décider de nouvelles dates pour le procès, qui ne pourra pas avoir lieu avant la fin de l'année, a dit la présidente.

Le feu qui avait ravagé le bâtiment du boulevard Vincent-Auriol à Paris (13e arrdt), avait fait 17 morts, dont 14 enfants, dans la nuit du 25 au 26 août 2005. France Euro Habitat qui dépend d'Emmaüs comparaît pour homicides et blessures involontaires aux côtés de la société Paris Banlieue Construction, qui avait réalisé des travaux dans l'immeuble.

46 personnes se sont constituées parties civiles lors du procès qui s'est ouvert mercredi.

Première suspension du procès mercredi
En début d'audience, la présidente du tribunal a égrené les identités et dates de naissance des victimes car, selon elle, "le moins que l'on puisse faire, c'est de rappeler leurs noms". La petite salle de la 14e chambre du tribunal était archi-comble, de nombreuses personnes debout, des femmes des bébés dans les bras, des jeunes vêtus de tee-shirts noirs portant l'inscription "brigade anti-négrophobie".

La suspension du procès a entraîné alors la colère des parties civiles. "Les familles pensaient qu'elles auraient la parole dès aujourd'hui", a déclaré après la suspension Kanouté Tapa, porte-parole des familles. "On est dans l'improvisation absolue", a déploré Me Jean-Marc Florand, avocat de plusieurs des 46 parties civiles, dénonçant le "traitement extrêmement désinvolte dans un dossier où il y a eu 17 morts".

Deux expertises avaient conclu à une origine "volontaire" de l'incendie, mais l'enquête n'avait pas permis d'identifier un quelconque auteur ou complice. Les investigations avaient en revanche mis en lumière un certain nombre de non-conformités.

Rappel des faits
Environ 130 personnes originaires du Mali, du Sénégal, de Côte d'Ivoire et de Gambie, dont une centaine d'enfants, vivaient dans cet immeuble vétuste lorsque le sinistre s'était déclaré, dans la nuit du 25 au 26 août 2005. Le feu était parti de poussettes stationnées au rez-de-chaussée avant de se propager dans la cage d'escalier puis à des appartements dont les murs en contreplaqué n'étaient pas en conformité avec les normes anti-incendie et avaient facilité la propagation du feu, selon un rapport d'expertise.

Les plaques de contreplaqué avaient été posées cinq ans plus tôt pour pallier le problème de saturnisme provoqué par la présence de plomb dans les revêtements muraux.

L'incendie avait été le premier d'une série de sinistres dans des logements insalubres en 2005, qui avaient fait au total 52 morts - des Maliens, Camerounais, Sénégalais et Ivoiriens - dont 33 enfants, en particulier celui du boulevard Vincent Auriol (17 morts, XIIIe arrondissement) le 26 août, et de la rue du Roi-Doré (7 morts, IIIe arrondissement) le 29.

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