Le père d'un adolescent qui s'est pendu après un traitement contre l'acné a saisi la justice, a rapporté La Provence
Son fils de 17 ans avait pris du Procuta, puis du Curacné, deux génériques du Roaccutane, pendant 7 mois, a raconté le quotidien jeudi.
Ce médicament, très efficace contre l'acné mais cumulant 152 effets indésirables dont des risques de dépression et de suicide, a été retiré du marché en 2008. Mais les génériques sont toujours en vente.
"La seule chose que l'on a recommandée à mon fils c'est de ne pas s'exposer au soleil", se lamente Daniel Voidey dans La Provence. Au début du traitement, tout s'est bien passé. Mais le dernier mois, je l'ai senti abattu.
Avant de mettre fin à ses jours, le 2 juillet 2007, il a laissé un message à sa mère: "Maman, je ne sais pas ce que j'ai depuis 3 semaines, mais là j'en ai marre, j'en peux plus, j'ai toujours mal quelque part, les articulations, le dos, les ongles incarnés, ma peau qui me gratte tout le temps. C'est des petites choses, mais accumulées, c'est dur". Dans les colonnes du quotidien, le père, qui habite à Nice, s'interroge: "Alexandre était un garçon ouvert, sportif, bon élève, qui n'avait jamais donné de signe de dépression".
Un habitant du Vaucluse a aussi engagé une procédure contre le laboratoire Roche, qui fabriquait le Roaccutane, rapporte La Provence. Il accuse le médicament de lui avoir provoqué une dépression et divers problèmes de santé.
4 génériques contenant de l'isotrétinoïne encore sur le marché
152 effets indésirables, dont des risques de dépression et de suicide, figurent sur la notice du médicament commercialisé jusqu'en 2008 sous le nom de Roaccutane par le laboratoire Roche, puis sous forme de génériques.
A ce jour, il y a 4 médicaments génériques contenant de l'isotrétinoïne sur le marché (Curacné, Procuta, Contracné et Isotrétinoïne Teva). Environ 100.000 patients sont traités chaque année en France avec ces médicaments, selon l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé).
Un médicament sous surveillance
Les médicaments contenant de l'isotrétinoïne, la molécule contenue dans le Roaccutane, étaient sous surveillance étroite de l'Afssaps depuis 1995. Même si, selon l'agence, on n'avait pas démontré de lien entre la dépression et la prise d'isotrétinoïne, elle fait état de cas de suicide et de tentatives de suicide déclarés.
Une centaine d'observations de troubles psychiatriques ont été rapportés au réseau de pharmacovigilance, indique-t-elle.
L'agence avait annoncé en mai 2009 un renforcement des précautions d'utilisation de ces médicaments.
La dernière enquête conduite par l'Afssaps (2003/2006) montrait une augmentation du taux de grossesse chez les femmes traitées par ce médicament par rapport à la précédente enquête (147 contre 103 précédemment). Or les risques de malformations graves du foetus en cas de grossesse lors du traitement sont connus depuis la mise sur le marché du Roaccutane
Sur 100 femmes enceintes exposées à l'isotrétinoïne, on sait que 30% d'enfants présenteront des malformations (systèmes nerveux central, cardiovasculaire...). "L'autre plateau de la balance, c'est que le bénéfice du traitement est avéré", estimait pourtant Jean Marimbert, directeur général de l'Afssaps.
Ils ne doivent être prescrits que pour les acnés "sévères", contre lesquelles les traitements classiques (locaux ou antibiotiques) se sont révélés inefficaces, avait mis en garde l'Afssaps. Des conditions de prescription et de délivrance très contraignantes ont été adoptées. Il ne doit être prescrit que pendant un mois et l'Afssaps rappelle qu'il faut informer les patients sur le risque possible de troubles pyschiatriques.
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