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Le gouvernement refuse d'ouvrir un centre pour migrants à Calais

Le ministre de l'Intérieur estime que l'ouverture d'un centre de migrants attirerait davantage d'exilés.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des migrants marchent le long d'un chemin de fer, à Calais (Nord), le 5 août 2014. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

"Je ne peux pas à la fois démanteler les filières d'immigration irrégulière, et organiser les conditions pour que les trafics continuent." Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a déclaré jeudi 28 août être opposé à l'ouverture d'un centre pour migrants à Calais, pour éviter d'attirer davantage d'exilés.

"Je ne veux pas créer un centre d'accueil qui soit un nouveau point de convergence des migrants", a-t-il ajouté en marge d'un déplacement à Rome, première étape d'une tournée européenne sur le thème de l'immigration illégale, qui doit le mener vendredi à Londres. Mais "je veux essayer, en liaison avec les associations, de créer les conditions d'un accompagnement le plus humain possible", a-t-il poursuivi, en précisant avoir confié une mission à deux hauts fonctionnaires pour établir la liste des besoins sur place.

La maire UMP de Calais mécontente

"Cela veut dire quoi ? Qu'il compte doubler dans le centre-ville de Calais des dispositifs qui ne fonctionnent pas ? Et on refuse que je propose un lieu d'accueil. On veut que les migrants continuent à dormir dehors et à squatter les biens privés et publics, voilà ce que veut le ministre. Ce n'est pas possible", a réagi jeudi la sénatrice-maire UMP de Calais, Natacha Bouchart, qui doit rencontrer Bernard Cazeneuve mardi prochain.

Parallèlement, le gouvernement tentera de convaincre davantage les migrants qui relèvent de l'asile de déposer des dossiers en France. "On pourrait ainsi les répartir dans des centres pour demandeurs d'asile sur l'ensemble du territoire", justifie le ministre. A Londres, Bernard Cazeneuve demandera également aux autorités britanniques de "prendre leurs responsabilités", et de venir sur place pour dire aux migrants qu'ils n'arriveront pas à entrer en Angleterre.

Le nombre de migrants en forte augmentation

Entre 1 200 et 1 300 migrants sont présents à Calais, un chiffre qui a fortement augmenté, avec une hausse des arrivées de clandestins en Méditerranée. La plupart de ces migrants sont des Erythréens, Soudanais ou Somaliens, qui cherchent à gagner l'Angleterre et ne veulent pas demander l'asile en France.

En 1999, un centre géré par la Croix-Rouge avait été ouvert à proximité, à Sangatte, et devait être provisoire. Mais il avait rapidement été en surcapacité, avec près de 2 000 personnes contre les 800 prévues, quelques semaines avant sa fermeture en septembre 2002 sous l'impulsion du ministre de l'Intérieur d'alors, Nicolas Sarkozy.

"Loin de reproduire la malheureuse expérience du centre de Sangatte", le nouveau lieu d'accueil "s'inscrirait dans une politique globale de gestion des migrants. J'y ai longtemps été opposée, mais face à l'explosion des flux, c'est la seule manière d'évacuer leur présence trop importante en ville, insupportable tant pour notre population que pour les migrants eux-mêmes", estime aujourd'hui Natacha Bouchart.

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