Le Créteil Bébel jouera contre le Paris Foot Gay
Le club Créteil Bébel jouera dimanche le match prévu avec le Paris Foot Gay qu'il avait rejeté le week-end dernierLe club Créteil Bébel jouera dimanche le match prévu avec le Paris Foot Gay qu'il avait rejeté le week-end dernier
Il refusait une rencontre avec les joueurs du Paris Foot Gay dont certains membres sont homosexuels.
Explications de Créteil Bébel: "Désolé, mais conformément aux principes de notre équipe, qui est une équipe de musulmans pratiquants, nous ne pouvons jouer contre vous, nos convictions sont de loin plus importantes qu'un simple match de foot (...)".
"Nous avions renoncé à cette rencontre, non pas par homophobie, comme il nous l'est reproché, mais tout simplement parce que le nom de ce club ne nous semblait pas refléter notre vision du sport, qui est pour nous exempte de toute revendication communautariste, ethnique ou religieuse, ou liée à une quelconque orientation sexuelle" se défendent les joueurs du Créteil Bébel dans un communiqué publié samedi.
"Nous avons réagi en rejetant l'invitation du Paris Foot Gay, par crainte de subir une instrumentalisation de la part de ce club mettant en avant l'homosexualité de ses joueurs", ont-ils poursuivis, affirmant regretter cette décision. "C'est un malentendu", a insisté Zahir Belgharbi, dirigeant du Créteil Bébel joint par l'AFP.
Selon leur avocate, les joueurs du club sont "une bande de potes de quartier, pas tous musulmans, qui n'ont pas compris ce qui leur arrivait et qui ont été dépassés par la situation, ça a pris des proportions délirantes !"
Le communiqué ne "change rien du tout", a dit à l'AFP samedi le président de la Commission Football loisirs, Jacques Stouvenel, qui a précisé que les dirigeants des deux clubs sont convoqués par le comité directeur de la Commission mardi soir. La décision concernant le Créteil Bébel pourra aller "du simple rappel à l'ordre à l'exclusion du championnat".
L'homophobie est passible en France de poursuites pénales au même titre que le racisme.
Un mail à l'origine de l'affaire
Le club parisien raconte avoir reçu de la part du Créteil Bébel la veille de la rencontre, prévue le 4 octobre, le mail suivant: "Désolé mais, par rapport au nom de votre équipe et conformément aux principes de notre équipe, qui est une équipe de musulmans pratiquants, nous ne pouvons jouer contre vous, nos convictions sont de loin plus importantes qu'un simple match de foot, encore une fois, excusez-nous de vous avoir prévenu si tard".
Une position confirmée au micro de France Bleu par l'un des responsables du Créteil Bébel, Zahir Belgarbi: "Moi, en tant que musulman, j'ai quand le même le droit de ne pas vouloir jouer contre des homosexuels parce que je n'adhère pas à leurs idées." Et de s'excuser "si quelqu'un s'est senti vexé ou blessé".
"On avait déjà reçu des insultes mais ça, ça n'était jamais arrivé", avait alors dit mardi Pascal Brethes, le président et co-fondateur du Paris Foot Gay. Des propos dont "le ton, pas haineux du tout", choquent le président du Paris Foot Gay: "C'est comme s'ils trouvaient normal d'être homophobes". Et Pascal Brethes d'ajouter: "Ils sont eux-mêmes victimes de racisme et ils ne se rendent pas compte qu'ils stigmatisent".
Un club militant contre l'homophobie
Créé en 2003, le Paris Foot Gay, qui compte une quarantaine de membres et a comme parrain Vikash Dhorasoo, est une association qui milite contre l'homophobie dans le football. "Ce n'est pas un club communautariste. Il y a des beurs, des noirs, des juifs, des homos, des hétéros, la sexualité n'est en aucun cas le critère de recrutement. L'important, c'est l'ouverture d'esprit", explique Pascal Brethes. "Le Créteil Bébel n'aurait jamais refusé de jouer contre nous si on s'était appelés Paris Foot Liberté ou je ne sais quoi", souligne-t-il encore.
Un incident représentatif
Cet incident "est représentatif d'une homophobie ordinaire", déplore Carine Bloch, vice-présidente de la Licra. Présidente de la commission Sports de l'organisation de défense des droits de l'Homme, elle s'inquiète d'une montée du communautarisme dans la société en général, et le sport en particulier."Dans les centres de formation par exemple, certains se regroupent par communautés, sans avoir des idées intolérantes. Il y a les "pas de porc" à une table, ceux qui mangent du porc à une autre", raconte-t-elle. "Cela me préoccupe parce que la force du sport c'est de permettre une égalité des chances qui n'existe pas ailleurs".
"Ce n'est pas du tout notre modèle républicain".
SOS Homophobie et le Centre LGBT Paris avaient dénoncé mercredi l'"homophobie religieuse" du club Créteil Bebel. SOS Homophobie a appellé "les instances sportives à sanctionner ce manquement, outre à l'esprit sportif, au respect élémentaire des individus". De son côté, le Centre LGBT de Paris "ne peut reprocher au club Créteil Bebel son hypocrisie: leurs motivations homophobes sont clairement affichées et assumées !"
Concerné par les injures homophobes qui "pleuvent souvent pendant les matchs", venant du public ou parfois des joueurs, le Centre LGBT Paris juge "intolérable de refuser une rencontre parce que le nom du club comporte le mot gay".
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