Le convoyeur Toni Musulin a été condamné mardi à trois ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Lyon
Le Parquet a fait appel mercredi de la condamnation du convoyeur à trois ans de prison, a annoncé le procureur de la République de Lyon, Marc Désert. Le Parquet avait requis la peine maximale de cinq ans ferme.
Tony Musulin a été reconnu coupable du vol de 11,6 millions d'euros qu'il transportait dans son fourgon blindé le 5 novembre 2009.
"La peine doit nécessairement tenir compte du bénéfice que l'auteur de l'infraction est susceptible de retirer. Et l'attitude de Toni Musulin, qui n'a rien dit et souhaite capitaliser sur le produit de son vol, incite à davantage de sévérité", a souligné M. Désert.
Toni Musulin a assuré à l'audience qu'il n'avait pas emporté la part toujours manquante du butin (2,5 millions sur les 11,6 millions d'euros dérobés).
L'avocat de Musulin, Hervé Banbanaste, a déclaré que "la peine qui a été prononcée semble équitable, juste. Le tribunal a pris la parfaite mesure de ce dossier. Ce fut un vrai procès. Au regard du déchaînement médiatique, le tribunal a su rester serein", s'est-il réjoui devant la presse à sa sortie de la salle d'audience. "Je crois qu'un procès d'appel n'apporterait strictement rien", a-t-il estimé, même si son client a "besoin de passer quelques nuits de réflexion" avant d'écarter la possibilité d'un appel.
Muselin : "Moi je n'ai pas pris l'argent !"
Lors de l'audience, le président du tribunal s'est étonné que les paquets manquants contiennent "justement des billets de 500, 200 et 100 euros, les plus grosses coupures", soit la plus forte somme possible pour un petit volume. "Ca ne vous fait pas mal au coeur ?", a-t-il ironisé.
"S'il manque des choses, il faut vérifier certains points", a rétorqué le prévenu, laissant entendre que le propriétaire du box aurait pu se servir avant l'arrivée de la police."Moi je n'ai pas pris l'argent, c'est pas moi qui ai l'argent. Vous voulez savoir où est l'argent, c'est ça ?", a-t-il lancé au président du tribunal.
Les enquêteurs ont, en effet, retrouvé 9,1 millions d'euros dans un box loué par l'ancien convoyeur de fonds à Lyon, quelques jours après le braquage mais 2,5 millions d'euros manquent toujours à l'appel.
Le braqueur présumé a expliqué qu'il n'avait pas pu charger la totalité de l'argent dans le véhicule utilitaire loué en prévision du vol, laissant entendre que d'autres personnes avaient emporté les billets manquants. "Je jetais les sacs et ils ne tombaient pas droit, forcément. Ils glissaient, comme c'étaient des sacs en plastique. C'était la galère, j'étais embêté, quoi", a-t-il expliqué, suscitant les rires étouffés de la salle.
Le procès s'est ouvert mardi devant des dizaines de journalistes, une foule très inhabituelle pour une audience correctionnelle, pressée d'entendre le convoyeur de fonds s'expliquer. Toni Musulin, au physique massif, courte barbe poivre et sel, s'est installé sur le banc des prévenus peu avant 10h00. Caméras et photographes ont dû se contenter de filmer magistrats et avocats avant l'arrivée du prévenu, le braqueur présumé ayant refusé d'être filmé.
Musulin poursuivi conjointement pour tentative d'escroquerie
Toni Musulin est également poursuivi pour "tentative d'escroquerie" à l'assurance, dans une affaire de vol de Ferrari, ce dans laquelle il encourt cinq ans de réclusion. L'ancien convoyeur de fonds conteste cette tentative d'escroquerie.
Propriétaire d'une Ferrari achetée aux enchères, il l'avait déclarée volée le 8 mai dans l'Ain. Mais, selon l'accusation, Toni Musulin aurait été repéré à la frontière serbe le 1er mai au volant de son véhicule, et le 6 mai suivant en sens inverse, dans un autobus.
Une version contestée par la défense qui affirme, bulletin de paie à l'appui, que le convoyeur était au travail pendant cette période. La voiture a en tout cas été localisée, plusieurs mois après sa déclaration de vol, en Albanie.
Selon le Parquet, le jugement de cette affaire ne sera pas mis en délibéré et rendu au plus tard mercredi dans la journée.
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