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Les trois polémiques qui pèsent sur la tour Triangle

La construction de ce gratte-ciel de 42 étages, abritant 80 000 m² de bureaux, divisent les élus parisiens. Francetv info fait le point sur les trois aspects de cet immeuble qui suscitent le plus de crispation.

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Photo de la maquette de la tour Triangle dessinée par l'agence Herzog & de Meuron exposée au Pavillon de l'Arsenal à Paris, le 3 novembre 2014. (JOEL SAGET / AFP)

Polémique à tous les étages sur la tour Triangle. Le Conseil de Paris a rejeté le projet de construction de cet immeuble de 180 m de haut dans le 15e arrondissement, lundi 17 novembre. Un vote serré qui s'est joué à 5 voix près (83 contre, 78 pour). La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, qui soutenait la construction de ce gratte-ciel face à l'UMP, l'UDI-MoDem et les écologistes, a décidé de "déférer" le scrutin devant le tribunal administratif, car le vote secret n'a pas été respecté. Des élus de droite ont, en effet, brandi devant l'Assemblée leurs bulletins de vote. 

Francetv info revient sur les principaux points d'achoppements entre partisans et opposants à ce projet.

1 L'environnement

Ceux qui sont pour. Les concepteurs de la tour Triangle vantent les qualités environnementales de cet immeuble de 42 étages, abritant 80 000 m² de bureaux. Elle "sera au minimum 30% plus performante que ce qu'impose la réglementation thermique issue des lois Grenelle. Elle consommera plus de quatre fois moins d'énergie que la moyenne du parc tertiaire existant." La tour Triangle récupérerait ainsi "plus de 70% de la chaleur de l'air extrait" et ne laisserait filtrer que "7% de la chaleur solaire dans le bâtiment, l'été".

Ceux qui sont contre. "Contrairement à une idée reçue, le gratte-ciel est énergivore et ne saurait être vraiment écologique, rétorquent Julien Damon, professeur associé à Science-Po, et Thierry Paquot, philosophe urbain, dans leur ouvrage Les 100 mots de la ville, aux éditions Que sais-je, cités par ChallengesLa fabrication de ses matériaux de construction (béton performant, vitrage et aciers spéciaux sophistiqués) est coûteuse en énergie, puis lorsqu'il [le bâtiment] fonctionne, il s'avère particulièrement gourmand en électricité (aération, chauffage, bureautique, ascenseur)." 

"Ce n'est pas la première tour qui se revendique de performances qu'elle n'a jamais eues", explique, de son côté à 20 Minutes Olivier Sidler, fondateur du cabinet Enertech, spécialiste de la consommation énergétique des bâtiments. Il affirme qu'il y a toujours un écart constaté entre la consommation réelle des bâtiments et le "calcul réglementaire", qui ne prend pas en compte la consommation des ascenseurs, par exemple.

2 L'attractivité économique

Ceux qui sont pour. La maire de Paris l'assure. La tour Triangle doit créer des milliers d'emplois. "Environ 000 salariés travailleront sur place et des milliers d’emplois seront créés de manière directe et indirecte par les travaux", affirme Anne Hidalgo aux Echos. La tour Triangle a aussi pour vocation de "dynamiser" le Parc des expositions, dans le 15e arrondissement, où doit être implanté le gratte-ciel. Outre des bureaux, une crèche, une maison de santé et peut-être un équipement culturel, doivent y voir le jour. Des commerces sur 1 600 m², ainsi qu'un atrium, un belvédère et un restaurant panoramique sont également au programme.

Ceux qui sont contre. Insuffisant pour Nathalie Kosciusko-Morizet, qui dénonce une ambition revue à la baisse.  "Au départ, le projet incluait une pépinière d’entreprises, un centre des congrès, un hôtel. La tour Triangle s’insérait dans le projet plus vaste de rénovation du Parc des expositions. Il ne s’agissait pas de faire des bureaux en blanc !", tranche la chef de file du groupe UMP à Paris dans une interview donnée aux Echos. 

3 L'architecture

Ceux qui sont pour. "Sans être arrogant, je crois que c'est un beau bâtiment", plaide l'architecte de la tour Triangle, Jacques Herzog, rapporte France 3 Paris Ile-de-France. Pour Anne Hidalgo, la tour "marquera l’histoire architecturale de Paris et véhiculera une image moderne, attractive de la capitale à l’étranger".

Ceux qui sont contre. Sans surprise, Nathalie Kosciusko-Morizet ne partage pas ce point de vue. Elle évoque un bâtiment "passéiste" et préfère des quartiers de tours, comme à la Défense plutôt qu'une tour "isolée". Le collectif de riverains, qui s'est constitué contre ce projet, évoque un "projet urbain dépassé". Les habitants du quartier redoutent, de leur côté, les ombres généraient par ce bâtiment.

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