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La cour d'assises spéciale de Paris, qui rejuge Yvan Colonna, a décidé vendredi qu'elle motiverait son verdict

Cette demande avait été faite au premier jour du procès, le 2 mai, par la défense du berger de Cargèse. Mise en discussion jeudi soir, elle avait été soutenue par les parties civiles et le ministère public.Le verdict est attendu en fin de semaine prochaine ou lundi 20 juin, en fonction du rythme des plaidoiries de la semaine prochaine.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Dessin représentant Yvan Colonna lors de son procès. (AFP/BENOIT PEYRUCQ)

Cette demande avait été faite au premier jour du procès, le 2 mai, par la défense du berger de Cargèse. Mise en discussion jeudi soir, elle avait été soutenue par les parties civiles et le ministère public.

Le verdict est attendu en fin de semaine prochaine ou lundi 20 juin, en fonction du rythme des plaidoiries de la semaine prochaine.

Contrairement aux tribunaux correctionnels, les cours d'assises n'ont pas à motiver leurs décisions, celles-ci étant fondées sur leur "intime conviction".

"Si Yvan Colonna doit être acquitté, il faut que l'opinion publique sache pourquoi celui que le ministre de l'Intérieur a désigné comme le coupable a été acquitté", a réagi devant la presse l'un des avocats de l'accusé, Me Eric Dupond-Moretti.

"S'il est condamné, il faut que nous sachions sur quels éléments la cour d'assises s'est fondée."

Le président de la cour, Hervé Stephan, a souligné que la motivation était "conforme aux exigences d'un procès équitable, au sens de la convention européenne des droits de l'Homme".

Il a précisé que les magistrats professionnels qui composent la cour expliqueraient leur décision dans "un écrit annexé à la feuille des questions" qui leur seront soumises. Ces questions seront celles du procès de première instance, auxquelles pourront être ajoutées, sur demande des parties, des questions subsidiaires, a-t-il dit.

"Nous pensons que si nous avons la possibilité de poser un certain nombre de questions, Yvan Colonna sera acquitté", a affirmé Me Dupond-Moretti.

Côté parties civiles, pour Me Benoît Chabert, qui représente l'Etat, cette motivation signifie un "immense respect pour les droits de la défense".

Sous l'impulsion de la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH), ce système datant de la Révolution est pourtant en passe d'être modifié, puisqu'un projet de loi introduisant une motivation des verdicts d'assises a été voté le 19 mai au Sénat.

Après l'annonce, vendredi, que le verdict serait motivé, le président a clos les débats et les parties civiles ont entamé leurs plaidoiries, qui doivent se poursuivre mardi avec notamment les avocats de la famille Erignac.

Le réquisitoire est prévu mercredi, avant les plaidoiries de la défense en fin de semaine.

Colonna nie avoir écrit une lettre de menaces
Yvan Colonna avait affirmé jeudi, devant la cour d'assises spéciale de Paris, n'avoir jamais écrit la lettre de menaces. Pour la première fois, le berger de Cargese, rejugé pour l'assassinat en 1998 du préfet Erignac, s'est exprimé sur cette lettre révélée le 27 mai, qu'il aurait envoyée en décembre 2010 à Pierre Alessandri, l'un des six membres du commando condamnés en 2003 pour ce meurtre.

L'auteur le menaçait de "guerre" s'il ne faisait pas tout pour l'innocenter.

Avant Yvan Colonna, ses avocats avaient affirmé qu'il s'agissait d'un "faux". "C'est mon écriture, ce sont mes mots, ce sont mes expressions, mais cette lettre je ne l'ai pas écrite", a déclaré Yvan Colonna. "Cette lettre est un faux", "c'est un montage."

"Il y a forcément une manipulation quelque part", a-t-il dit. "On a pris des bribes de mes phrases et on a fait un faux."

"J'ai forcément employé des termes peu élogieux sur certaines personnes, dans certaines conditions, dans les lettres que j'écrivais", a-t-il dit. Car "je vis avec la rage, la haine depuis 12 ans", parce qu'"on m'a accusé à tort".

"Leurs silences, leurs mensonges, je les subis depuis 12 ans", a-t-il lancé. Pierre Alessandri fait partie des membres du commando qui avaient mis en cause Yvan Colonna lors de leurs gardes à vue en mai 1999. Il ne s'était rétracté que 17 mois plus tard. Aux deux premiers procès, les déclarations des membres du commando disculpant Yvan Colonna avaient été jugées ambiguës et peu convaincantes.

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