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L'Etat va lever 22 milliards d'euros sur les marchés pour financer les 35 milliards d'euros consacrés au Grand Emprunt

Les 22 milliards "seront levés sur les marchés aux meilleures conditions", a précisé Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse. Le reste proviendra du recyclage de 13 milliards d'euros d'aides remboursées par les banques, a-t-il ajouté.Ce "grand emprunt", lancé en 2010, générera 60 milliards d'euros d'investissements publics et privés.
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Nicolas Sarkozy détaille le "grand emprunt" lors d'une conférence de presse à l'Elysée, le 14 décembre 2009. (AFP PHOTO ERIC FEFERBERG)

Les 22 milliards "seront levés sur les marchés aux meilleures conditions", a précisé Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse. Le reste proviendra du recyclage de 13 milliards d'euros d'aides remboursées par les banques, a-t-il ajouté.

Ce "grand emprunt", lancé en 2010, générera 60 milliards d'euros d'investissements publics et privés.

Le "grand emprunt" permettra à l'Etat de consacrer 35 milliards d'euros dans 5 priorités d'avenir, a annoncé lundi le chef de l'Etat lros d'une conférence de presse à l'Elysée, la première depuis deux ans.

Ces moyens seront exclusivement consacrés, conformément aux recommandations d'Alain Juppé et de Michel Rocard, aux priorités d'avenir : l'enseignement supérieur et la formation (11 milliards), la recherche (8 milliards), l'industrie et les PME (6,5 milliards), le numérique (4,5 milliards) et le développement durable (5 milliards).

Selon Nicolas Sarkozy, la France va ainsi "se doter de moyens jamais mobilisés" pour "gagner le combat contre la compétitivité".

22 milliards "levés sur les marchés"
Sur les 35 milliards d'investissements publics annoncés par le locataire de l'Elysée, 22 milliards d'euros seront "levés sur les marchés et par les 13 milliards d'aides récemment remboursés à l'Etat par les banques".

Nicolas Sarkozy ne s'adressera donc pas aux particuliers mais au marché, pour limiter le coût de l'opération. Il renonce du même coup aux vertus mobilisatrices présumées d'un emprunt auprès du public. Selon une source gouvernementale, ces 22 milliards d'euros seront levés tout au long de 2010, voire au-delà, dans le cadre des "opérations normales d'emprunt" de l'Agence France Trésor.

Un pays "plus fort"
"Aujourd'hui, nous devons préparer la France aux défis de l'avenir pour que notre pays puisse profiter pleinement de la reprise, pour qu'il soit plus fort, plus compétitif, pour qu'il créé davantage d'emplois", a justifié le chef de l'Etat. "La crise ne (sera) terminée que lorsque le chômage recommencera à baisser", a-t-il ajouté.

"Il nous faut investir pour rattraper le retard dû à la crise", a-t-il insisté, tout en assurant qu'il ne s'agissait pas d'un "plan de relance bis". "Depuis 1974, la part des investissements dans la dépense publique est passée de 12,5 % à 7,5 % (...). Nous avons constamment sacrifié l'investissement", a-t-il affirmé.

Aider les filières d'excellence
"Notre objectif est très simple: nous voulons les meilleures universités du monde", a encore expliqué le président Sarkozy, qui a annoncé la création d'une dizaine de "campus d'excellence". En matière de recherche, "nous allons donc développer les équipements de recherche, muscler les pôles de compétitivité", a-t-il poursuivi, évoquant un effort particulier pour "la santé et les biotechnologies".

En ce qui concerne l'industrie, le président de la République a estimé que "notre compétitivité s'est érodée" en faisant valoir que la part des exportations françaises avait "reculé de 20% au cours des dix dernières années" dans la zone euro. Le grand emprunt visera à "aider les filières d'excellence à préparer l'avenir", a précisé la président, en citant l'aéronautique, le spatial, l'automobile, le ferroviaire et la construction navale.

Le chef de l'Etat entend par ailleurs généraliser le haut débit sur l'ensemble du territoire et numériser le patrimoine des musées, des bibliothèques et du cinéma français.

Il a annoncé qu'une Conférence sur les déficits publics sera organisée en janvier. Nicolas Sarkozy a précisé que les intérêts payés par l'Etat seraient intégralement compensés par des réductions de ses dépenses courantes. "La stratégie de relèvement des impôts est impossible en France", a-t-il déclaré.

Réactions à gauche
"Pour le Parti socialiste, ce ne sont pas les priorités qui sont contestées. Elles paraissent correspondre à des investissements nécessaires, longtemps oubliés, y compris par ce gouvernement depuis 2007.

"En revanche, les modalités de cet emprunt sont contestables. Il s'ajoute à une dette non maîtrisée. Rappelons que 250 milliards d'euros ont été empruntés par l'Etat en 2009. L'endettement s'est emballé et la crise n'explique pas tout. Ce que nous contestons c'est aussi le mode de gouvernance. Le meilleur contrôle c'est le Parlement."

Pour les Verts, "les annonces du Président de la République confirment l'entêtement: les priorités annoncées semblent avoir été piochées dans un catalogue d'idées à la mode, sans véritable ligne directrice ni cohérence entre elles." Les Verts notent d'abord que "le montant réel de l'emprunt s'établit à 22 milliards d'euros, soit bien moins qu'annoncé il y a encore quelques mois à grands renforts de trompettes".

De son côté, le Parti de Gauche dirigé par Jean-Luc Mélenchon constate que "Nicolas Sarkozy vient de se livrer à un exercice d'illusionniste avec ses annonces sur le grand emprunt, rebaptisé 'emprunt national'. En dépit d'effets d'annonce savamment distillés depuis des mois, le grand emprunt s'est dégonflé au point de ne plus porter que sur 22 milliards d'euros".

"Le recours à l'emprunt prépare de nouvelles coupes sombres dans les services publics, puisque les ministères devront financer les intérêts de l'emprunt par des économies et donc des suppressions de postes", a-t-il affirmé.

La CGT a quant à elle "réaffirmé son hostilité à un endettement supplémentaire de l'Etat de plus de 20 milliards d'euros alors que les cadeaux fiscaux aux contribuables les plus riches, n'ont cessé de s'accumuler depuis deux ans (...). "L'absence de tout volet social dans cet emprunt est préoccupante. Comme si l'on pouvait préparer l'avenir en ignorant les besoins sociaux, les exigences de qualification, l'amélioration des conditions de travail, la satisfaction des besoins de santé publique."

Sondage

Selon une enquête Viavoice pour Libération, publiée lundi, 77 % des personnes interrogées jugent "inefficace" la politique économique du gouvernement "pour lutter contre le chômage", 21 % pensant le contraire. 75 % (contre 23 %) n'approuvent pas la politique "pour lutter contre les inégalités".

Par contre, 57 % des personnes interrogées (contre 39 %) pensent que cette politique est efficace "pour sauver le système bancaire".

57 % des sondés (contre 42 %) estiment que "face à la crise économique et financière", "le bilan de Nicolas Sarkozy" est "négatif".

"Pour les mois qui viennent", 84 % (contre 15 %) se disent inquiets pour le pouvoir d'achat, 74 % (contre 25 %) pour la croissance économique.

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