Julien Dray, le camarade en quarantaine
Le député socialiste a été refoulé mercredi matin du QG de François Hollande par la compagne du président élu, Valérie Trierweiler. Une nouvelle mise à l'écart pour ce collectionneur de montres et d'ennuis, électron libre du PS.
Julien Dray peut dire adieu au gouvernement. Chargé de l'animation de la campagne de François Hollande, le député socialiste de l'Essonne s'est tiré une balle dans le pied en invitant Dominique Strauss-Kahn à son anniversaire le 28 avril à Paris. Les proches du président élu ne le lui pardonnent pas, Valérie Trierweiler en tête, qui l'a chassé mercredi 9 mai d'un pot organisé au QG de François Hollande. Ces nouveaux errements s'ajoutent aux précédents, que Julien Dray traîne comme un boulet.
• Recalé par la Première dame
Julien Dray a été refoulé, mercredi matin, du QG de François Hollande, où l'équipe du candidat organisait son pot de fin de campagne. "[Il] s’est présenté devant l’entrée alors qu’il n’était pas invité. C’est la compagne du président élu, Valérie Trierweiler, qui s’est chargée elle-même de lui indiquer, fermement, la sortie", raconte Le Parisien, jeudi 10 mai.
Le vice-président du conseil régional d'Ile-de-France était pourtant chargé de l'animation, de la mobilisation citoyenne et des comités de soutien dans l'organigramme de campagne de François Hollande. L'expulsion du pique-assiette est donc le signe d'un désaveu dans le camp du président élu, qui semble le juger indésirable.
• Lâché pendant son anniversaire avec DSK
François Hollande en voudrait à Julien Dray depuis le 28 avril, date à laquelle ce dernier a organisé sa soirée d'anniversaire en présence de Dominique Strauss-Kahn dans un restaurant de la rue Saint-Denis, à Paris. La présence de l'ancien directeur du Fonds monétaire international en plein entre-deux-tours a fait fuir Ségolène Royal, Manuel Valls et Pierre Moscovici, qui n'avaient pas été avertis, et a mis le PS dans l'embarras.
Julien Dray s'est alors dit "désolé" que cette soirée ait "pris cette tournure-là", ajoutant qu'il était peut-être "stupide" mais niant toute "maladresse". François Hollande lui a lancé une pique deux jours plus tard sur Europe 1, affirmant que "chacun organise ses relations privées comme il l’entend. Mais sur le plan politique, j’ai dit que Dominique Strauss-Kahn n’est pas dans la campagne et n’a pas à y revenir".
• Privé de législatives
Julien Dray ne sera pas candidat à sa propre succession lors des législatives de juin dans la 10e circonscription de l'Essonne. Le PS a décidé en avril de dégeler ce siège pour le réserver à un "candidat de la diversité", en l'occurrence Malek Boutih, ancien président de SOS Racisme et ancien ami de "Juju". Julien Dray y avait été parachuté en 1988 par François Mitterrand et n'avait jamais quitté son siège depuis.
• Rappelé à la loi en 2008
Les ambitions de Julien Dray ont été freinées par une enquête préliminaire sur le financement suspect de l'association Les parrains de SOS Racisme, ouverte en décembre 2008. Cofondateur et vice-président de SOS Racisme entre 1984 et 1988, il est alors mis en cause pour abus de confiance mais ne fait finalement l'objet que d'un rappel à la loi un an plus tard, portant sur l'achat d'une montre à 7 000 euros. Après avoir été écarté des élections régionales de 2010 par le PS pendant la procédure, il retrouve alors la tête de la liste socialiste dans l'Essonne.
• Réputé franc-tireur
Proche de Ségolène Royal, Julien Dray a souvent opté pour des positions différentes de la ligne officielle du parti. C'est le cas sur les questions de sécurité, où il incarne une tendance "dure" de la gauche, mais aussi en économie. Il a ainsi fait partie de seize députés PS à avoir voté contre le mécanisme européen de stabilité financière (MES), alors que le reste du camp socialiste s'est abstenu.
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