"Ce sont des tout-petits qui n'ont rien fait": un avocat de familles de jihadistes appelle à leur rapatriement pour sauver les enfants
Le rapatriement des jihadistes français envisagé par le gouvernement va permettre de sauver des enfants qui "sont en danger de mort", selon Me Martin Pradel, avocat au barreau de Paris, invité jeudi sur franceinfo.
Me Martin Pradel, avocat au barreau de Paris, assure jeudi 31 janvier sur franceinfo que le rapatriement des jihadistes français envisagé par le gouvernement va permettre de sauver des enfants, lesquels sont, selon lui, "en danger de mort". La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a en effet annoncé dans la journée que la France envisageait le rapatriement de ses ressortissants jihadistes partis rejoindre Daech en Syrie et aujourd'hui détenus par les Kurdes syriens. Un changement de stratégie notamment lié au retrait des forces américaines. Jusqu'à maintenant, Paris estimait que ces jihadistes français devaient être jugés par les autorités locales. Nicolas Belloubet assure qu'il s'agit en majorité d'enfants. Martin Pradel, qui défend des familles dont les petits-enfants sont en Irak ou au Kurdistan irakien, confirme leur présence.
franceinfo : Confirmez-vous la présence d'enfants parmi ses ressortissants ?
Martin Pradel : Ce sont effectivement des enfants qui sont particulièrement jeunes. Ils sont de très bas âge. Ce sont des Français parce qu'ils sont souvent nés en France ou parce que leurs parents sont Français. Ce sont des tout petits qui n'ont rien fait qui vivent dans des conditions qui sont très difficiles. Les grands-parents qui déplorent les choix faits par leurs propres enfants sont très malheureux de la situation de leurs petits-enfants que parfois, ils n'ont pas connus. Ils dénoncent ces situations depuis des mois, parfois depuis des années parce qu'ils ont porté plainte en raison du fait que leurs gendres ou leurs propres enfants avaient fait le choix de partir dans cette zone de guerre. Alors que cela fait des années que ces familles sont meurtries par cette situation, l'annonce du gouvernement est un soulagement.
Qu'est-ce que cela va changer pour eux ?
La situation des enfants va changer. Ces enfants sont en danger de mort depuis des années. Certains sont morts. Certains ont péri dans les camps parce que ce ne sont pas des prisons comme nous l'imaginons. Ce sont des tentes. En hiver, il fait très froid et en été, très chaud. Les enfants étaient totalement dénutris. Il y a des enfants qui ne rentreront pas parce qu'ils ont subi cette situation et en ont été les victimes innocentes. Ceux qui pourront rentrer, leur vie va être sauvée par un choix qui n'est pas un choix d'humanité, mais un choix d'opportunité. On décide maintenant parce qu'on est au pied du mur et parce qu'il y a une raison sécuritaire de le faire. Alors peut-être, on va sauver la vie de ces enfants.
Que vont-ils devenir une fois en France ?
Ils vont être pris en charge par les services de l'enfance. Ils vont être évalués, ils vont être aidés. Ils ont besoin qu'on les aide à surmonter psychologiquement ce qui s'annonce comme une épreuve. Ceux que j'assiste, ils ont une famille. Ils ont des grands-parents qui vont se tenir à disposition pour prendre le relais. Le gros problème, c'est que les services de l'enfance sont démunis. Ils n'ont pas les moyens structurels de leur mission de base qui est d'aider l'enfance du quotidien en France. On est sur quelque chose d'exceptionnel et des services débordés vont devoir bénéficier d'une aide encore supplémentaire. Il faut que les juges pour enfants, les tribunaux pour enfants soient mieux dotés. Il faut que les éducateurs soient accompagnés plus sérieusement.
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