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En Alsace, un stage de body-karaté pour parer aux violences physiques et morales

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Stage de Body karaté {} (FTR)
Article rédigé par franceinfo - Chrystel Chabert
France Télévisions

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, un stage de body-karaté était proposé à Schiltigheim en Alsace pour aider les femmes à retrouver force et confiance en elles. Le but : mieux faire face aux agressions physiques et morales. #IlsOntLaSolution

Renforcer le corps et l’esprit, c’est tout le but de ce stage de body-karaté proposé à Schiltigheim dans le Bas-Rhin à une centaine de femmes venues de toute la France, dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes. Un stage organisé par Laurence Belrhiti. Cette fille de champions de karaté (sa mère, Catherine Belrhiti, est double championne du monde combat et Patrice Belrhiti, son père, cinq fois champion d’Europe) est la représentante nationale de cette discipline qui a vu le jour dans les années 2000. 

La pratique du body-karaté s’est développée au sein de la Fédération française de karaté & disciplines associées (FFKDA) qui compte 250 000 licenciés dont 13 000 pratiquants de body-karaté, en majorité des femmes.

Féminiser le karaté

C’est la mère de Laurence qui a créé cette discipline pour féminiser les arts martiaux, à l'origine essentiellement pratiqués par des hommes. "Aujourd'hui, explique Laurence, je fais rentrer le body-karaté dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes. Je peux en faire quelque chose de plus qu’un simple sport qui fait transpirer”

Six fois championne de France de la discipline (à ce jour, c’est la compétition la plus importante dans cette pratique qui n’existe qu’en France pour le moment), Laurence Belrhiti, décrit le body-karaté comme "du pur karaté mais modernisé", qui permet de travailler "l’explosivité, le cardio, la rapidité, la souplesse mais également la coordination". 

Laurence Belrhiti, représentante nationale de Body Karaté, lors du stage proposé à Schiltigheim le 7 mars dernier. (P. Dezempte / / France Télévisions)

Parer tous les types de coups 

Issu d’un art martial où le mental joue un rôle essentiel, le body-karaté permet aussi de retrouver une forme d’assise, d’ancrage en soi, qui passe d’abord par le corps. Puis, en retrouvant une liberté de mouvements ainsi qu’une gestuelle qui apprend à parer et à repousser les coups, les femmes renouent aussi peu à peu avec l’estime d’elles-mêmes, voire avec une forme de combativité.

Un élément essentiel pour faire face à des situations concrètes d’agression physique. Mais pas seulement. Car souvent, la violence s’exerce d’abord au niveau psychologique. "On ne prend pas un coup de poing du jour au lendemain sans qu'il ait eu un genre d’emprise qui s’exerce avant. Ça va être des humiliations quotidiennes, des petites remarques", rappelle Anaïs Fuchs, avocate et présidente de la commission pénale de l'ordre des avocats de Strasbourg.

Lutter contre l'emprise morale

Des remarques qui finissent par anéantir moralement la personne, son regard sur elle-même, lui faisant penser que "si elle a été frappée, c’est de sa faute. À force d'être rabaissée quotidiennement, elle pense qu'elle a déclenché la violence chez l'autre. Pour Léa Toledano, avocate et présidente CIDFF 67 (le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles du Bas-Rhin), "c’est ce qui permet aux agresseurs de maintenir leur conjointe sous emprise et d'aller de plus en plus loin, jusqu'à la mort parfois."  

Les chiffres sont là pour le confirmer : en 2021, 113 femmes sont mortes, tuées par leur conjoint. 

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