Ces anciens détecteurs d'insectes fabriqués à Bordeaux ont permis de retrouver des victimes du séisme en Turquie
Quand des objets du passé retrouvent une utilité au gré des circonstances, c'est l'histoire de ces anciens détecteurs d'insectes conçus dans les années 1990 par une société bordelaise. Ils ont permis de retrouver des victimes du séisme survenu en Turquie le 6 février 2023.
Un détecteur d'insectes sauveteur de vies humaines
Lorsque le tremblement de terre secoue la Turquie début février, des experts en acoustique bordelais pensent immédiatement que ce petit appareil n'a pas dit son dernier mot. S'il permet de détecter des sons aussi imperceptibles que ceux des termites ou des fourmis, il pourrait peut-être aider à la détection de présence humaine sous les décombres du séisme.
Ali Korkmazer, un ingénieur turc installé en Europe décide alors de se rendre dans son pays natal pour aider les sauveteurs. Nous sommes le 10 février, quatre jours après la secousse, les espoirs de retrouver des personnes vivantes s'amenuisent. "Dès notre arrivée, il y avait des alertes venues de partout avec des gens qui entendaient des appels au secours. J'ai nettoyé le sol et posé le détecteur. Tout le monde a fait le silence. Je leur disais : "Pouvez-vous bouger votre main droite ou votre pied gauche pour vous localiser précisément ?", se souvient-t-il. L'homme est repéré puis extrait vivant des décombres.
Dès lors, les sauveteurs bordelais ne se déplacent plus sans leurs détecteurs. Ils ont permis de sauver quinze personnes ensevelies sous les gravats en Turquie.
La seconde vie des détecteurs
À peine plus grands qu'une pièce de deux euros, ces détecteurs d'insectes étaient utilisés pour identifier la présence d'insectes qui ravagent le bois. "Cet appareil, on va le coller sur la structure et le simple mouvement, très sensible, va le déclencher. Si on met ça sur une table, par exemple, et qu'il y a une fourmi qui se déplace dessus, vous l'entendrez", explique Jean-Luc Koyoumji, chercheur-expert en acoustique FCBA, un centre technique industriel français, chargé des secteurs de la forêt, de la cellulose, du bois-construction et de l'ameublement.
Ces dispositifs des années 1990, considérés comme obsolètes, devaient partir à la benne. Mais Jean-Luc Koyoumji leur a donné une seconde vie: "Le fait que c'était un matériel très particulier et qui a des performances incroyables, bien sûr que ça pouvait servir à autre chose. Et servir à détecter la présence de personne ou bien traquer le moindre bruit dans une construction, ça n'avait jamais servi pour ça, mais là, heureusement, on a eu cette idée et on voit le résultat", se félicite-t-il.
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