Nord : le tribunal de Lille suspend l'arrêté d'expulsion de Sana, "un soulagement" pour l'avocate de la jeune femme emmenée de force en Syrie à l'adolescence
Le tribunal administratif de Lille a suspendu, jeudi 26 octobre, l'arrêté d'expulsion de Sana, rapporte vendredi 27 octobre France Bleu Nord. Cette Roubaisienne de 24 ans a passé neuf ans en Syrie avant son retour en France en janvier 2023. Son assignation à résidence est également suspendue.
Dans son ordonnance, que France Bleu Nord a pu consulter, le tribunal écrit que Sana "ne constituerait pas une menace grave pour l’ordre public". Au contraire, elle a même "contribué, de façon non anonymisée, à la mise en cause de plusieurs membres de sa famille pour des faits d’une particulière gravité ainsi que d’autres ressortissantes françaises dont certaines ont été rapatriées". Sana est également partie civile dans une information judiciaire ouverte à l’encontre de sa propre mère.
Pour l'avocate de Sana, Marie Dosé, c'est une bonne nouvelle : "La suspension de l’arrêté d’expulsion et de l'assignation à résidence pris à l’encontre de cette jeune femme est un immense soulagement pour Sana et ses filles". Elle ajoute : "Sana est une victime et doit pouvoir se reconstruire en France - ce pays qui a toujours été le sien, où elle est née, où elle a grandi, et dont elle a été privée contre son gré par une famille maltraitante".
Une nouvelle audience dans les prochains mois
L'audience a eu lieu, jeudi 26 octobre, en présence du préfet du Nord et des Hauts-de-France, à l'origine de l'arrêté d'expulsion de la jeune femme vers l'Algérie, où Sana ne s'est jamais rendu. Les arguments de Georges-François Leclerc - qui estime que la jeune femme représente "une menace grave" - n'ont pas convaincu la justice. C'était déjà le cas en septembre. Ce dernier avait été débouté par la commission départementale d'expulsion de Lille qui avait rendu un avis défavorable à l'expulsion de Sana. Une autre audience est encore prévue, cette fois sur le fond du dossier. Elle doit avoir lieu dans les prochains mois.
Sana, 24 ans, avait été emmenée de force en Syrie en 2014 par sa mère radicalisée. Elle était alors âgée de 14 ans. La jeune fille, originaire de Roubaix, a été mariée dans la foulée à un jihadiste belge, avec qui elle a eu deux filles qui ont également été rapatriées en France. Sana, née en France, n'a pas la nationalité française car sa mère a refusé de la lui demander à l'adolescence, faisant d'elle aujourd'hui une ressortissante algérienne en situation irrégulière.
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