Génocide arménien : la Turquie riposte sèchement au vote français
Les députés ont voté une proposition de loi UMP visant à pénaliser la négation d'un génocide reconnu par la France. La Turquie a rappelé son ambassadeur et annoncé le gel de la coopération militaire avec la France.
Le vote par l'Assemblée nationale, jeudi 22 décembre, de la proposition de loi réprimant la négation du génocide arménien provoque un tollé en Turquie. Le pays a gelé ses relations diplomatiques avec la France. Retour en quatre points sur le film de la journée.
• Qu'est-ce que cette loi ?
La proposition de loi présentée par la députée UMP des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer prévoit de réprimer toute négation publique d'un génocide reconnu par la loi. Or, la France reconnaît deux génocides : celui des juifs pendant la seconde guerre mondiale, et celui des Arméniens. Jusqu'à présent, seule la négation du génocide juif est répréhensible.
Ce texte précise que les peines prévues pour la négation des crimes contre l'humanité "sont applicables à ceux qui ont contesté ou minimisé de façon outrancière (...) l’existence d’un ou plusieurs crimes de génocide" définis par la loi française. Ces peines sont d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende. "Le tribunal peut en outre ordonner l’affichage ou la diffusion de la décision prononcée", ajoute la proposition de loi.
• Une large majorité, mais pas d'enthousiasme à l'Assemblée
Le texte a été voté à main levée à une très large majorité. Seuls une demi-douzaine d'entre eux ont voté contre, dont le député UMP Michel Diefenbacher, seul opposant au texte autorisé à prendre la parole lors de la discussion générale.
Mais le vote n'a pas attiré les foules. La plupart des députés étaient déjà rentrés dans leur circonscription. Ils n'étaient donc qu'une cinquantaine (sur 577) dans l'hémicycle.
Soutenu par le gouvernement, le texte a fait l'objet d'un large consensus gauche-droite, notamment de la part d'élus de la région parisienne ou de Marseille, où vivent de fortes communautés arméniennes. Certains députés, comme l'UMP Lionel Tardy, ont déploré cette situation.
• Ambiance électrique devant le Palais-Bourbon
Dès le petit matin et pendant toute la durée des débats, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à proximité de l'Assemblée, à l'appel du Comité de coordination des associations franco-turques de France.
De nombreux cordons de police ont bloqué les accès au palais Bourbon. Les manifestants appartiennent pour la plupart au Comité de coordination des associations franco-turques de France. Ils sont venus en bus de plusieurs villes dans la nuit.
• Fureur de la Turquie, satisfaction de l'Arménie
La Turquie n'a jamais reconnu le génocide perpétré contre les Arméniens en 1915, estimant que les meurtres d'Arméniens étaient une conséquence de la première guerre mondiale, et non un génocide volontaire orchestré par l'Empire ottoman, devenu République de Turquie en 1923.
Ankara, qui s'était déjà montrée menaçante avant le vote de la loi, a rappelé son ambassadeur en poste à Paris. Le premier ministre turc, Recep Tayip Erdogan, a estimé que ce vote ouvre "des plaies irréparables" entre les deux pays. Il a annoncé la suspension des visites et le gel de la coopération politique et militaire avec la France. Le vice-premier ministre, Bülent Arinç, a lui choisi Twitter pour dénoncer une "une trahison de l'histoire et des réalités historiques".
A l'inverse, le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian a exprimé "la gratitude" de son pays.
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