Eva Joly : "Hollande a apaisé le pays. C'est bien, mais ça ne suffit pas"
Dans un entretien à "Libération", l'ancienne candidate écologiste critique le début de mandat de François Hollande.
POLITIQUE - Un peu plus de cent jours après l'élection présidentielle, Eva Joly remonte sur la scène politique. En marge de l'université d'été d'Europe Ecologie-Les Verts, qui débutent mercredi 21 août à Poitiers, l'ancienne candidate EELV accorde un long entretien à Libération (article payant). Celle qui a obtenu 2,3% des voix au premier tour n'hésite pas à égratigner le début de mandat de François Hollande, mais refuse en revanche de faire son autocritique.
Pour elle, le chef de l'Etat "a apaisé le pays après la période excitée et bling-bling que nous avons vécue". "C'est bien, mais ça ne suffit pas, ajoute-t-elle. Nous avons besoin qu'il nous indique son cap, car sa victoire était davantage un rejet de Nicolas Sarkozy qu'une adhésion à son programme." Et d'insister : "François Hollande doit maintenant tenir ses promesses. Le peuple de gauche attend avec impatience des mesures symboliques qui ne coûtent rien, comme le récépissé lors des contrôles d'identité et le mandat unique."
Traité européen : Joly demande un référendum
Rappelant qu'à ses yeux, "on ne peut pas imposer l'austérité si on ne s'attaque pas aussi à la finance", Eva Joly se dit également favorable à un référendum sur le traité budgétaire européen. "Le traité qu'on nous propose de voter est le traité 'Merkozy'. Le petit ajout sur la croissance que le président prétend avoir obtenu n’est pas à la mesure des enjeux", justifie-t-elle.
Et à Daniel Cohn-Bendit, qui a appelé ses camarades écologistes à voter le texte, Eva Joly lance : "Je suis d'accord pour prendre des leçons de politique avec Dany, mais lui devrait prendre des cours d'économie avec moi." Et d'enfoncer : "Dany se comporte de temps en temps comme le sélectionneur d'une équipe de football. Pendant la présidentielle, j'aurais aimé qu'il soit davantage sur le terrain à mes côtés."
"Les mâles blancs entre 50 et 60 ans et qui ont fait l'ENA..."
Point d'autocritique, en revanche, sur son faible score à l'élection présidentielle. "C'est 300 000 voix de plus que le score de Dominique Voynet en 2007. C'est donc un progrès", fait-elle d'ailleurs remarquer. Pour elle, si les électeurs ont boudé sa candidature, c'est d'abord parce qu'elle vient "de la société civile, et qu'on est habitué à voir des mâles blancs entre 50 et 60 ans qui ont fait l'ENA".
Et aussi parce que l'accord signé ente le PS et EELV au tout début de la campagne présidentielle - auquel elle s'opposait - "a créé de la confusion". "Cécile Duflot et moi étions montées au créneau en disant que nous ne le signerions pas s'il ne prévoyait pas la sortie du nucléaire. Quand nous l'avons signé quand même, l’opinion n'y a plus rien compris", déplore l'eurodéputée.
Qu'à cela ne tienne. La présidentielle est passée, mais Eva Joly ne compte pas en rester là. "Mes idées ont intéressé bien au-delà des personnes qui ont voté pour moi. Dans la rue, les gens me disent sans arrêt de ne pas les laisser tomber", assure celle qui, à l'occasion de cette université d'été d'EELV, va lancer un club politique "ouvert à tous ceux qui partagent les idées que j'ai défendues pendant la campagne". Son nom : "#engagement".
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