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Dominique de Villepin s'est déclaré "mal à l'aise dans la politique menée aujourd'hui par la majorité"

"J'ai décidé de créer un mouvement politique libre et indépendant au dessus des clivages partisans", a-t-il annoncé. Le congrès fondateur de ce parti sera le 19 juin (lendemain de l'anniversaire de l'appel du 18 juin).Lors de cette conférence de presse jeudi, l'ancien premier ministre a dressé un réquisitoire contre la politique de N. Sarkozy.
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Dominique de Villepin lors de sa conférence du 25 mars 2010 au Press Club à Paris (AFP - PHOTO BERTRAND GUAY)

"J'ai décidé de créer un mouvement politique libre et indépendant au dessus des clivages partisans", a-t-il annoncé. Le congrès fondateur de ce parti sera le 19 juin (lendemain de l'anniversaire de l'appel du 18 juin).

Lors de cette conférence de presse jeudi, l'ancien premier ministre a dressé un réquisitoire contre la politique de N. Sarkozy.

Il a ainsi exprimé sa volonté de "défendre un changement de politique" et a proposé un véritable programme politique, critiquant de nombreuses mesures prises par le président de la République (que ce soit la politique fiscale, la réduction du nombre de fonctionnaires...).

"Nous voulons une France originale. Une République solidaire", a-t-il notamment affirmé. "La réponse que j'entends défendre, c'est un changement de politique. Seul un changement de politique permettra de placer la France et les Français dans la position d'un redressement indispensable", a déclaré l'ancien Premier ministre.

"C'est parce que j'ai le sentiment qu'au lendemain des élections, ce n'est pas une nouvelle politique, ce n'est pas un changement de politique qui a été choisi alors qu'il s'impose, que j'ai décidé de créer un mouvement politique"

Interrogé sur ses ambitions pour 2012, il a répondu: "à chaque jour suffit sa peine". "Servir la République, servir la France, c'est pour moi la clé de l'engagement politique", a affirmé l'ancien chef du gouvernement de Jacques Chirac.

Après Clearstream
Fort de sondages de popularité qui le placent régulièrement au-dessus du chef de l'Etat, Dominique de Villepin, qui est membre de l'UMP, a repris la parole deux mois après la fin du procès Clearstream, qui s'est soldé par la relaxe de l'ancien Premier ministre. Procès qui doit revenir en appel, à la demande du parquet. Il ne s'était pas encore exprimé sur le résultat des régionales, étant en Chine lors des élections.

A l'issue du procès Clearstream, l'ancien premier ministre de Jacques Chirac avait affirmé sa détermination à "servir les Français et contribuer dans un esprit de rassemblement au redressement de la France".

Dominique de Villepin avait déjà lancé en 2009 son club, actif sur internet, qui revendique 15.000 membres.

Réactions
-Laurent Fabius, député socialiste : "Je lui souhaite bonne chance!"
-Jean-Pierre Grand, député "villepiniste": "C'est le discours d'un homme d'Etat qui a la volonté de vouloir rassembler les Français de toutes les tendances et de toutes les sensibilités. Aujourd'hui on a trop tendance à toujours réagir en politique politicienne, lui agit en homme d'Etat".
-Le chef de file des députés PS à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a jugé jeudi que la création d'un mouvement politique par Dominique de Villepin était un "révélateur de l'échec du parti unique caporalisé de toute la droite". "On sent que les composantes de la droite, inquiètes de l'impopularité du président cherchent une solution alternative", a-t-il ajouté.
-François Goulard, député "villepiniste": "Evidemment c'est la présidentielle qui est en ligne de mire (...) Ce sont les électrices et les électeurs qui décident, ce n'est pas tel ou tel. Il a l'intention de présenter un projet. C'est un peu tôt pour le dire, mais évidemment ça va jusqu'à une candidature".
-Claude Goasguen, député "sarkozyste": "D'abord ce n'est pas le moment d'aggraver les problèmes de la droite. Il y en a suffisamment et je ne suis pas sûr que l'état du pays accepte franchement des divisions et des cavalcades personnelles de ce genre. C'est une mauvaise idée".
-Pierre Mehaignerie, député "sarkozyste": "Je ne crois ni au discours de Villepin, ni à l'homme. Je ne crois pas au discours parce que la vérité est dans la nuance, ce n'est pas dans la caricature et je ne crois pas à l'homme. Dans une période difficile on aide les autres à construire et pas à démolir".
Un pas sérieux vers 2012 ?
C'est ce que pense le politologue, Frédéric Dabi, de l'Ifop en restant tout de même prudent. INTERVIEW

Quelle portée attribuez-vous à la création par Dominique de Villepin d'un parti politique?
"M. de Villepin a effectué un pas en direction de sa candidature à la présidentielle. C'est un pas d'autant plus sérieux qu'en France, la tradition, sous la Ve république, est qu'un candidat a besoin d'une organisation partisane, même si on a coutume de dire qu'il s'agit de la rencontre d'un homme et d'un peuple. C'est un acte lourd dans le cadre d'une possible candidature".

Quelle place occupe Dominique de Villepin dans le coeur des Français?
"Il y a eu pour lui un avant et un après procès Clearstream. Avant le procès, il a chuté en popularité, durant le procès qui a été mal compris, sa cote a augmenté et sa relaxe l'a fait monter fortement. Dans notre dernier baromètre Ifop-Match de mars, il bénéficie de 53% de bonnes opinions. Il a donc un socle satisfaisant même si cette popularité de fait pas une élection.

Très peu de personnes déclarent ne pas le connaître, donc il fait partie des rares hommes politiques qui ont une image, bonne ou mauvaise, dans toutes les catégories de la population. Testé en octobre 2009 dans le cadre d'une éventuelle candidature à la présidentielle, il avait obtenu 9%. Un socle qui n'est pas négligeable. L'acte lourd de sa popularité, c'est son discours à l'ONU (contre la guerre d'Irak en 2003, ndlr) et celui de son impopularité, c'est le CPE. Juste avant cet échec, on pensait déjà à lui pour la présidentielle du fait de sa popularité qui dépassait alors celle de Chirac".

Quelle chance de succès pour une candidature Villepin en 2012?
"Il faut être prudent sur la projection d'un résultat deux ans à l'avance. 2012, c'est encore loin. On ne connaît pas l'offre politique, on ne sait pas dans quel état sera la France et la popularité du président de la République. Ce qui est intéressant pour Villepin, c'est qu'avec l'échec de la stratégie du parti unique présidentiel, on constate qu'il existe un véritable espace politique inoccupé au centre droit.

Contrairement à ses concurrents François Bayrou, Hervé Morin, M. de Villepin jouit d'une double image idéologique. Celle d'un candidat de centre-droit, plus à gauche que Nicolas Sarkozy qui est très identifié à droite, et celle d'une sorte d'héritier de Jacques Chirac et du gaullisme, défenseur d'une 'certaine idée de la France'. En bref, les conditions sont réunies pour qu'il puisse penser à lancer sa candidature à la présidentielle".

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