Reportage Autonomie de la Corse : les habitants d’Ajaccio sont plutôt dubitatifs sur la portée de l'accord et "attendent de voir"

Un accord a été trouvé dans la nuit de lundi à mardi entre le gouvernement et les élus corses sur un projet d'"écriture constitutionnelle" prévoyant la reconnaissance d'un statut d'autonomie de l'île "au sein de la République".
Article rédigé par franceinfo
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Une vue générale de la ville d'Ajaccio (Corse-du-Sud). (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

La Corse va-t-elle obtenir un statut d'autonomie ? Un accord d'écriture constitutionnelle a été trouvé dans la nuit du lundi 11 au mardi 12 mars. Il s'agit de la dernière étape d'un long processus pour donner à l'île davantage de prérogatives notamment législatives et réglementaires. Mais à Ajaccio, sur la place du marché central, baignée de soleil face à la mer, personne ou presque ne parle de cet accord trouvé la nuit dernière, ce n'est pas un sujet de discussion. Thierry, installé en terrasse, a posé pourtant face à lui le journal local Corse Matin, qui en a fait sa une aujourd'hui. Mais il l'a juste posé, il ne l'a pas ouvert. "Je n'y crois pas trop à l'autonomie, cela fait des années qu'on en parle, explique Thierry. Je vois qu'on en parle tous les jours dans les journaux en première page mais je ne vois pas trop d'évolution."

Depuis les années 1980 et les mouvements indépendantistes, les Corses semblent s'être résignés. L'accord envisage pourtant une autonomie normative sur des sujets qui restent encore à déterminer par une loi organique. En Corse, beaucoup regardent la Sardaigne voisine et envient son autonomie, à l'image de Julien, le marchand de journaux : "Ils ont tout en Sardaigne : de l'eau, de l'électricité, ils exploitent du bois. Nous, on a plein, plein de richesses. On a l'une des plus belles forêts de Méditerranée et on importe le bois. On n'a personne pour s'occuper des chênes-lièges, ce sont les Sardes aussi qui viennent. Peut-être que l'autonomie nous apportera ce que ça a apporté à la Sardaigne."

"Ça ne va pas changer grand-chose"

Mais faut-il encore que le statut d'autonomie soit acté. Le texte doit passer encore plusieurs étapes : l'assemblée territoriale corse, l'Assemblée nationale, le Sénat, et le Congrès des parlementaires. Ça va être encore un coup d'épée dans l'eau pour Manuel : "La perte de confiance est générale. On attend de voir. Comme on dit, il faut les actes, c'est comme en amour." Lui a d'autres préoccupations. "Je pense que le sujet que l'on aborde le plus, c'est le coût de la vie, plus que ce sujet d'autonomie, explique Manuel. Parce que quelque part, ça ne va pas changer grand-chose pour nous. En revanche, le coût de la vie change beaucoup notre quotidien."

Sur une île qui, par ailleurs, subit une explosion de l'immobilier, le statut de résident réclamé par des élus corses pour donner la priorité aux locaux n'a pas été retenue.

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