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Comment une commémoration pour les victimes de l'esclavage s'est retrouvée taxée de racisme à cause d'une photo

La mairie et l'association organisatrice de la journée de commémoration des victimes de l'esclavage colonial réfutent toute interprétation raciste d'un cliché qui circule sur les réseaux sociaux. 

Article rédigé par franceinfo
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Le maire (PS) de Pierrefitte-sur-Seine, Michel Fourcade, le 10 octobre 2015.  (MAXPPP)

Les internautes, indignés, dénoncent "une incroyable photo". A la mairie de Pierrefitte-sur-Seine, le cliché et, surtout, la polémique qui l'accompagne suscitent plutôt l'exaspération. Lundi 23 mai, une photo mettant en scène le maire de cette ville de Seine-Saint-Denis, Michel Fourcade (PS), et un jeune garçon de la commune a fait scandale : prise la veille, à l'occasion de la  journée commémorative des victimes de l'esclavage colonial, organisée par une association locale, elle montre l'enfant – noir – tendant un parapluie pour protéger l'édile – blanc – de l'averse.

Massivement relayée sur les réseaux sociaux, la scène a aussitôt été taxée de racisme. Un comble pour les organisateurs de l'évènement, l'association Mémoire Ultra-marine, qui milite depuis plusieurs années à Pierrefitte-sur-Seine pour la reconnaissance des victimes de l'esclavage, et pour la mairie, qui a annoncé vouloir déposer plainte. 

"Le gosse venait de lire un poème, et a tendu son parapluie"

"Je vais vous dire ce qu'il s'est passé", s'agace un responsable de l'association, contacté par francetv info : "Le gosse a lu [à la tribune] un poème d'Aimé Césaire, comme il le fait depuis trois-quatre ans à l'occasion de cette journée de commémoration. Il s'est mis à pleuvoir. Le garçon avait un parapluie, il l'a tendu. Voilà." Face à l'utilisation de cette photo hors contexte, le militant associatif rappelle que la structure organise des commémorations annuelles, des conférences ainsi que des projections sur le thème de l'esclavage colonial : "On ne vous voit jamais [les médias] quand les choses se passent bien. Cela fait huit ans que la journée commémorative a lieu. Et il suffit d'une polémique…" 

A la mairie, Alexandra Rosinski, cheffe de cabinet de Michel Fourcade, regrette également "que cette histoire ait pris de telles proportions sur les réseaux sociaux". "Il se trouve qu'il pleuvait et que le jeune garçon qui venait de lire le texte d'Aimé Césaire à la tribune avait un parapluie et qu'il a abrité le maire, comme cela arrive quand des personnes se succèdent lors de cérémonies protocolaires", résume-t-elle à son tour à francetv info. "La photo originale a été détournée par quelqu'un que nous connaissons bien. Il s'agit clairement d'un geste malveillant et le maire a l'intention de déposer une plainte pour diffamation et calomnie, parce qu'il y a bel et bien l'intention de nuire", prévient-elle.

Une démarche confirmée en fin d'après-midi dans un communiqué. "Déplorant cette agitation, le maire de Pierrefitte insiste sur la teneur de ses propos lors de la cérémonie et rappelle qu’à l’image de nombreuses associations qui œuvrent dans le domaine du devoir de mémoire, il souhaite que les victimes de l’esclavage puissent disposer, en sus de celle consacrée à l’abolition, d’une journée officielle rendant hommage à leur mémoire", conclut le texte. 

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