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Ce qu'il faut retenir du discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault

Le style du Premier ministre, ses annonces, ses attaques contre la politique de Nicolas Sarkozy, les temps forts et les éléments de langage… FTVi vous dit ce qu'il faut retenir de ce premier grand oral qui a emporté l'adhésion d'une majorité de députés.

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, le 3 juillet 2012. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Un grand oral de plus d'une heure et demie pour Jean-Marc Ayrault et un vote sans surprise. Les députés ont majoritairement accordé leur confiance dans la soirée mardi 3 juillet au gouvernement de Jean-Marc Ayrault par 302 voix contre 225.

Un peu plus tôt dans la journée, le chef de la nouvelle majorité a prononcé son discours de politique générale. Il s'agissait surtout d'un exercice symbolique et d'un vote pour la forme, le PS et ses proches alliés détenant la majorité absolue des 577 sièges. Un exercice qui "permet au gouvernement de sonner le début de la législature, de resserrer les rangs de sa majorité", expliquait à FTVi Pascal Marchand, professeur d'information et communication à l'université de Toulouse-III. Et une contrainte majeure pour Jean-Marc Ayrault : faire accepter un tour de vis budgétaire, réclamé dès lundi par la Cour des comptes, tout en réaffirmant les promesses de François Hollande. Retour sur cette prestation très attendue.

 • Le style

Critiqué pour son manque de charisme, Jean-Marc Ayrault a prononcé un long discours, ponctué de quelques tentatives d'envolées. Sobre, sérieux - voire austère -, le Premier ministre a répété et martelé les priorités de son gouvernement. Bafouillant parfois, l'ancien maire de Nantes a été interrompu à plusieurs reprises par des huées assez modérées de l'opposition, ainsi que de nombreux applaudissements de la part de la majorité. 

Ancien président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault a parfois eu du mal à se détacher de ses vieilles habitudes, répétant "mes chers collègues" au lieu du "mesdames et messieurs les députés" traditionnellement utilisé par le Premier ministre. 

• Les annonces

Pas d'annonce fracassante, mais le déroulé attendu du programme de François Hollande. Il s'agissait de rompre avec "la recherche fébrile de l'annonce quotidienne et jetable" du précédent quinquennat, selon une source gouvernementale. Aucune surprise donc et même peu de précisions, si ce n'est la mise en avant des principaux chantiers et leurs méthodes :  la réforme fiscale, dont une nouvelle tranche d'impôts sur le revenu à 45% et celle à 75% pour les revenus supérieurs à un million d'euros annuels, séparation des activités spéculatives de "celles qui sont utiles à l'emploi et à l'investissement" dans les banques, annulation de la hausse de la TVA prévue au 1er octobre, conférence sociale, consultation sur la "refondation" de l'école, multiplication par cinq des pénalités pour les communes ne respectant pas la loi SRU

Le mariage homosexuel et le droit à l'adoption pour tous devraient voir le jour au premier semestre 2013. Le droit de vote des étrangers aux élections locales sera aussi institué, mais le calendrier reste flou. Quant au non-cumul des mandats pour les parlementaires, il sera appliqué en 2014 et une part de proportionnelle sera introduite pour élire les députés en 2017. Face à la crise qui grève le budget de la France, il a prévenu : "Nous ne renonçons à rien, non, non et non !" 

Jean-Marc Ayrault engage la responsabilité de son gouvernement ( LCP)

• Les attaques contre le quinquennat de Nicolas Sarkozy

Tout en refusant d'ouvrir un "débat sur l'héritage" du précédent quinquennat, Jean-Marc Ayrault a multiplié les attaques à l'égard de la politique menée par le gouvernement Fillon, provoquant quelques huées sur les bancs de l'opposition. Le Premier ministre a souligné que la dette s'était accrue de 600 milliards d'euros au cours des cinq dernières années et que son poids était "devenu écrasant". Se posant comme l'héritier d'une situation qui est le "produit d'erreurs passées", Jean-Marc Ayrault s'est fait le chantre de la concertation.

Loin du style de Nicolas Sarkozy, qui consistait selon lui à "combattre l'inertie par l'agitation", le Premier ministre veut plutôt "installer le changement dans la durée". "Prendre le temps d'écouter, d'évaluer, de décider, de faire partager ; c'est la condition même du changement", a-t-il dit.

• Les temps forts

Peu de temps forts dans ce long discours, sinon que le Premier ministre a dû brièvement interrompre sa déclaration de politique générale après le malaise en plein Hémicycle du député PS Patrick Vignal, qui a pu se relever et quitter les lieux à l'aide d'une canne.

Séance suspendue à l'Assemblée, un député est évacué (FTVi / LCP)

Le chef de la majorité a donc livré un discours attendu et prévisible qui a tout de même suscité de nombreux applaudissements. A la fin de son allocution, Jean-Marc Ayrault s'est fait longuement ovationner par les députés de gauche debout, tandis que la droite avait déjà quitté l'Hémycicle.

• Les éléments de langage

Un mot d'ordre pour Jean-Marc Ayrault : bannir la rigueur et l'austérité de son vocabulaire, comme l'ensemble des membres de la majorité. Il a donc écarté à plusieurs reprises toute idée d'austérité budgétaire, privilégiant les termes de "redressement dans la justice" et de "sérieux". "Contrairement à ce qu'on a pu lire ou entendre ces derniers jours, le gouvernement n'a pas besoin d'opérer un tournant. Il n'y aura pas de tournant !", a-t-il insisté.

Dans un discours où sont souvent revenus les mots "redressement", "justice", "jeunesse" et "France", le chef du gouvernement en a aussi appelé au "patriotisme", terme pourtant peu courant à gauche, pour fustiger l'évasion fiscale et appeler de ses vœux le redressement de l'appareil industriel français qui a perdu, selon lui, 750 000 emplois en dix ans.

Et si le Premier ministre ne s'est pas montré très lyrique, une phrase est déjà culte, au sujet de la pression exercée par les Fitch et autres Moody's : "Aucune agence ne notera jamais notre rêve."

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