Autisme : ce que dit le rapport qui désavoue la psychanalyse
La Haute autorité de santé estime, dans des recommandations publiées jeudi, que la "pertinence" de la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme n'est pas démontrée.
L'année de l'autisme, grande cause 2012, va-t-elle signer la fin de la psychanalyse comme mode de prise en charge de cette affection ? Alors que plusieurs associations entendent "mettre définitivement fin à l'approche psychanalytique de l'autisme" en France, la Haute autorité de santé (HAS) vient de rendre son avis dans un rapport publié jeudi 8 mars. FTVi résume les principaux points de ce texte.
Ce que critique le rapport
• La "pertinence" de l'approche psychanalytique
Selon la HAS, elle n'est en effet pas démontrée. Sous le titre "Interventions globales non consensuelles", le rapport indique ainsi que "l'absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques, ni sur la psychothérapie institutionnelle" dans la prise en charge de l'autisme et des autres troubles envahissants du développement (TED). Les recommandations de la HAS ne rangent cependant pas la psychanalyse parmi les méthodes "non recommandées".
• Le "packing"
L'Anesm et l'HAS condamnent cette technique controversée, aussi appelée par ses détracteurs la "camisole glacée". Elle consiste à envelopper la personne dans des draps humides et froids. Elle serait utilisée en dehors de tout protocole de recherche.
• Ceux qui prétendent soigner l'autisme
Les rapporteurs demandent aux parents d'être "particulièrement prudents vis-à-vis d'interventions présentées comme permettant de supprimer complètement les manifestations des TED" car, selon eux, aucun traitement ne permet de guérir de l'autisme, ni d'en supprimer totalement les troubles.
• Le lien entre autisme/TED et le vaccin rougeole-oreillons-rubéole
Il n'existe pas, rappelle la HAS, soulignant que "les caractéristiques psychologiques des parents ne sont pas un facteur de risque de survenue des TED".
Ce qu'il préconise
• "Un projet personnalisé pour chaque enfant"
Pour l'HAS et l'Anesm, il faut "la mise en place précoce, par des professionnels formés, d'un projet personnalisé d'interventions adapté". Pour les rapporteurs, le traitement doit être "réévalué régulièrement", au minimum une fois par an. Ces recommandations doivent particulièrement être suivies si "elles sont débutées avant 4 ans et dans les trois mois suivant le diagnostic".
• "Une méthode éducative"
Le rapport recommande des interventions fondées sur "une approche comportementale et développementale, en respectant des conditions de mise en œuvre ayant fait preuve de leur efficacité : utilisation d'un mode commun de communication et d'interactions avec l'enfant", avec un encadrement de 20 à 25 heures par semaine.
"Il est essentiel de proposer à l'enfant, même en l'absence de développement de la langue orale, des interventions spécifiques visant la communication, éventuellement à l'aide d'outils de communication dite alternative ou augmentée", résume le communiqué qui présente le rapport. Il existe deux types de méthodes comportementales : ABA et Teacch.
• Associer la famille
Le texte met en avant la présence des proches dans l'accompagnement de l'enfant. "Il est important que la famille soit associée, puisse participer aux séances si elle le souhaite ou bénéficier d'un accompagnement spécifique et formateur".
Défense des psychanalystes
Pour réagir à la "croisade" menée contre la psychanalyse, une vidéo et un texte du psychanalyste Jacques-Alain Miller ont été mise en ligne mercredi sur le site de la revue La Règle du jeu, la revue de Bernard-Henri Lévy.
Proposition de loi contre la prise en charge psychanalytique
Le député UMP Daniel Fasquelle, président du groupe d'études sur l'autisme à l’Assemblée nationale, a déposé le 20 janvier une proposition de loi visant à interdire les pratiques psychanalytiques dans la prise en charge de l'autisme.
Fin janvier, un film controversé sur l'autisme, Le Mur, a été interdit "en l'état", après une plainte de certains psychanalystes interrogés dans ce documentaire. Les praticiens reprochaient à sa réalisatrice d'avoir tronqué leurs interviews pour prouver "l'absurdité" de l'approche de cette maladie par la psychanalyse, au profit des méthodes dites "comportementalistes".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.