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Ancien résistant, figure du gaullisme et de la guerre d'Algérie, il s'est éteint vendredi matin à 94 ans

Lors de la défaite de juin 1940, fait prisonnier, il s'évada et rejoint les Forces françaises libres en Afrique.Il est surtout connu pour son action lors de la bataille d'Alger en 1957. Les parachutistes qu'il commandait avaient repris la ville aux indépendantistes. Les opposants au conflit dénoncèrent actes de torture et exécutions sommaires.
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Le Général Bigeard (archives) (France 3 Lorraine)

Lors de la défaite de juin 1940, fait prisonnier, il s'évada et rejoint les Forces françaises libres en Afrique.

Il est surtout connu pour son action lors de la bataille d'Alger en 1957. Les parachutistes qu'il commandait avaient repris la ville aux indépendantistes. Les opposants au conflit dénoncèrent actes de torture et exécutions sommaires.

Marcel Bigeard est mort le jour du 70e anniversaire de l'appel du 18 juin du général de Gaulle.

Combattant de la Seconde Guerre mondiale, des conflits d'Indochine et d'Algérie, le nom de Marcel Bigeard reste lié à la bataille de Dien Bien Phu. Parachuté sur le camp encerclé par le Vietminh, Bigeard avait participé aux combats jusqu'à la chute le 7 mai 1954. Après une éprouvante captivité, il était rentré en France en 1955.

Le général Bigeard, né le 14 février 1916 à Toul (Meurthe-et-Moselle), avait d'abord été employé de banque à la Société générale avant de combattre en tant que caporal-chef dans l'armée lors de la défaite de juin 1940. Fait prisonnier, ce fils d'un cheminot s'évada, gagna le Sénégal et s'engagea dans l'infanterie coloniale. Sous-lieutenant en Afrique en 1943, il fut parachuté en France l'année suivante, commanda les maquis de l'Ariège et participa aux combats pour la Libération.

La guerre d'Algérie
Lors de la guerre d'Algérie, il commanda le 3e régiment de parachutistes coloniaux et participa à la bataille d'Alger en 1957. Il commanda un centre d'entraînement à la guerre subversive à Philippeville. Jugé trop compréhensif à l'égard des "insurgés" des barricades, en janvier 1960, il fut rappelé en métropole.

Hostile au putsch des généraux à Alger en 1961, Bigeard fut successivement nommé général de brigade en 1967, général de division, commandant supérieur des forces françaises dans la zone sud de l'océan Indien, puis, en 1973, adjoint au gouverneur militaire de Paris, commandant de la 1ère région.

Dans les années 1970, il fut secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Défense dans le gouvernement Chirac, sous Valéry Giscard d'Estaing, puis député de la Meurthe-et-Moselle.

Adversaire résolu des socialistes - "s'ils sont la rose, je suis leur épine" - cet homme de fidélité laisse une quinzaine d'ouvrages, dont Pour une parcelle de gloire.

Marcel Bigeard s'est éteint à son domicile de Toul. Il avait souhaité la dispersion de ses cendres sur Dien Bien Phu afin de "rejoindre ses camarades tombés au combat".

Des réactions diverses
Ce décès a suscité un flot de réactions respectueuses. Nicolas Sarkozy a ainsi exprimé vendredi sa "profonde tristesse" à l'annonce du décès du général Bigeard, un "très grand soldat", qui incarnait "pour les Français, la figure héroïque du combattant".

"La France a perdu un grand serviteur, la Lorraine une de ses grandes figures historiques", a commenté la ministre Nadine Morano, élue de sa ville. Son nom vaut seul "tous les titres de gloire", s'est exclamé, lyrique, le ministre de la Défense Hervé Morin, lançant : "Mon général, sachez que l'amour passionné et jaloux de votre chère France, que vous laissez en héritage, sera précieusement transmis !"

L'ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, a exprimé son "émotion" à l'annonce du décès du général Bigeard, "l'une des dernières figures de grand soldat aux exploits et à la bravoure légendaires".

Mais dans ce concert de louanges, il y a eu aussi la réaction d'une ancienne combattante algérienne, Louisette Ighilahriz, qui avait relancé en 2000 le débat sur la torture pendant la guerre d'Algérie. Le général Bigeard aurait pu "présenter ses excuses" aux Algériens et "libérer sa conscience" avant sa mort, a-t-elle estimé. "Chez nous, le nom de Marcel Bigeard est synonyme de mort et de torture". "Il est entre les mains de Dieu devant lequel il doit répondre de ses actes. J'espère qu'il aura le châtiment qu'il mérite".

Un officier couvert de décorations
Le général Marcel Bigeard était l'un des officiers français les plus décorés puisqu'il avait obtenu sa première de ses vingt-cinq citations dans les corps francs à l'hiver 1939, durant la "Drôle de guerre". Grand croix de la Légion d'honneur, la plus haute dignité de l'ordre, le général Bigeard était décoré des Croix de guerre 39-45 et des TOE et de la Valeur militaire sur lesquelles ont été accrochées vingt-cinq citations, dont 17 avec palmes (à l'ordre de l'armée). Il était également titulaire de la médaille de la Résistance et totalisait cinq blessures de guerre.

Le général Bigeard avait également reçu une impressionnante série de décorations étrangères : Distinguished service order (Grande-Bretagne); commandeur de l'American Legion (USA); grand officier des ordres du Mérite sénégalais, malgache, togolais et comorien; grand officier (Arabie Saoudite); commandeur de la Fédération du pays thaï, du dragon d'Annam, du Million d'éléphants (Laos)... Au vu de ses états de service durant la seconde guerre mondiale, il aurait pu prétendre à la Croix de la Libération et à la Médaille militaire. De toute façon, avait dit un jour le général Bigeard, "je n'acccepte plus les médailles, car elles commencent à me tomber sur les chaussures."

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