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Affaire Estelle Mouzin : onze ans d'enquête et d'échecs

L'enfant a été enlevée à Guermantes le 9 janvier 2003. Elle était âgée de 9 ans. Francetv info revient sur une décennie de recherches infructueuses.

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
A gauche, la photo d'Estelle en 2003. A droite, un photomontage de l'enfant vieillie, diffusé par la police en janvier 2010. ( AFP )

Estelle Mouzin a disparu le 9 janvier 2003 et plus d'une décennie plus tard, le mystère qui entoure cette affaire reste entier. Pourtant, les parents et les proches d'Estelle Mouzin n'ont pas abandonné le combat pour la retrouver. Onze ans après, un nouveau témoignage pourrait relancer l'enquête. Un ancien agent du service de voirie de Bussy-Saint-Georges, ville limitrophe de Guermantes (Seine-et-Marne) où la fillette a disparu, s'est remémoré certains éléments survenus quelques jours après le drame, révèle Le Parisien jeudi 9 janvier.

Mais depuis 2003, les fausses pistes se sont succédé sans réellement apporter des preuves de vie ou de mort d'Estelle. Francetv info revient en vidéo sur dix ans d'espoirs déçus.

2003 : la disparition

C'est vers 18 heures, le 9 janvier 2003, que les enquêteurs perdent la trace d'Estelle. L'enfant de 9 ans disparaît sur le chemin entre son école de Conches-sur-Gondoire et son domicile, à Guermantes, en Seine-et-Marne. Selon certains témoignages, une camionnette blanche aurait été vue circulant dans la zone. Rapidement, les investigations se concentrent sur un étang qui borde ce chemin. Mais après deux jours de recherches intensives, les parents comme les policiers privilégient la piste de l'enlèvement. 

2003, la disparition (Ina)

2004 : le premier suspect

Un peu plus d'un an après la disparition d'Estelle, les enquêteurs remarquent qu'un homme de 28 ans a précipitamment quitté une commune proche de Guermantes juste après la diffusion du portrait-robot d'un possible agresseur. Ils le placent en garde à vue, ainsi que six de ses proches. Indice supplémentaire : il possédait à l'époque une camionnette blanche, comme celle aperçue le jour de la disparition d'Estelle. Connu de la police pour des trafics de cannabis, l'homme explique finalement aux enquêteurs qu'il a brutalement déménagé pour échapper à des dealers auprès de qui il s'était endetté.

2004, le premier suspect (Ina)

2008 : la découverte d'ossements

"L'œuvre d'affabulateurs" : L'Express rapporte toute la colère des enquêteurs. Ils viennent de mener des fouilles pour retrouver d'éventuelles traces d'un corps dans un restaurant de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne), à 25 km de Guermantes. L'enquête avait rebondi sur la foi de renseignements communiqués par un journaliste indépendant. Celui-ci avait rapporté la découverte d'un corps d'enfant par des ouvriers lors des travaux de transformation d'un entrepôt en restaurant . Des recherches qui n'ont finalement débouché que sur la découverte d'ossements de moutons.


Nouvel échec à Brie-Comte Robert (Ina)

2009 : la photo estonienne

C'est en surveillant des sites internet pédophiles que les enquêteurs repèrent une jeune fille dénudée ressemblant de façon troublante à Estelle, en Estonie. Mais après vérifications, il apparaît que la photo a été prise avant même la disparition de l'enfant.

La piste estonienne (Ina)

2010 : le portrait vieilli et la piste Fourniret

Malgré le peu de résultats obtenus depuis 2003, la famille et les enquêteurs ne baissent pas les bras. Pour tenter de retrouver Estelle, un logiciel américain est utilisé pour vieillir sa photo. Et un nouvel appel à témoins est lancé le 19 janvier 2010, comme le rapporte Libération

Le photomontage distribué à la presse le 19 janvier 2010 par la police, lors d'un nouvel appel à témoins. ( AFP )

Un peu plus tard, le 21 mai 2010, l'avocat de la famille d'Estelle Mouzin demande à la justice d'expertiser trois scellés provenant du dossier du tueur en série Michel Fourniret. Ce dernier avait été condamné deux ans plus tôt pour sept meurtres d'enfants et d'adolescentes entre 1987 et 2001. Deux pièces intéressent tout particulièrement l'avocat : des morceaux de lacets blancs et des gants noirs qui pourraient appartenir à la jeune fille. Michel Fourniret se défend et présente un alibi : il se trouvait en Belgique le jour de la disparition d'Estelle. Finalement, la piste est écartée par les enquêteurs, comme le rapporte Le Figaro.


2010, la piste Fourniret (Ina)


2011 : un détenu placé en garde à vue

C'est une dénonciation qui relance l'enquête. Un prisonnier d'une soixantaine d'années est brièvement placé en garde à vue après les déclarations de son voisin de cellule. Connu pour des faits de viols sur mineur commis sur des membres de sa famille, l'homme a des points d'attache en Seine-et-Marne, où habitait Estelle. Mais une fois de plus, l'audition montre qu'il s'agit d'une fausse piste.

2011 : un détenu brièvement placé en garde à vue (INA)

2012 : la mystérieuse valise

Une étrange valise suscite l'intérêt de la police. Contenant de nombreuses coupures de presse sur Estelle, ainsi que des notes manuscrites très précises, elle est retrouvée dans un hôtel de Besançon (Doubs). Elle a manifestement été abandonnée là par un jeune homme d'une vingtaine d'années, un militaire considéré comme déserteur depuis quelques semaines. L'homme est retrouvé par les enquêteurs. Lors de son audition, il indique avoir pris des notes en regardant une émission sur Estelle Mouzin. C'est donc une nouvelle impasse pour les enquêteurs.

2014 : sur la piste de la camionnette blanche

Une émission télé sur Estelle Mouzin a fait remonter des souvenirs chez Jean-Claude Petit, agent de voirie à la retraite d'une commune limitrophe de Guermantes, révèle Le Parisien jeudi 9 janvier. A l'époque des faits, un de ses collègues aurait aperçu un agent, "ingérable et parfois violent", traîner dans les parages d'un local municipal plusieurs heures après la disparition. L'homme a été licencié et s'est suicidé en 2009.

Quatre jours plus tard, un autre lui confie que sa camionnette de service a été "empruntée" et qu'elle a roulé 800 km le week-end suivant le drame. Or, les enquêteurs recherchent depuis onze ans une camionnette blanche. Mais il y a peu de chance de retrouver le véhicule et d'éventuelles traces d'ADN, note Le Parisien, car selon le directeur de cabinet du maire de Bussy-Saint-Georges, "la ville loue ses voitures et les change tous les deux ans".

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