Feuilleton 4/5 : "Tours du monde" : le décapsuleur de Shanghaï

Suite de notre feuilleton: on continue à vous faire découvrir les plus belles tours du monde. Direction Shanghai, avec un édifice au drôle de nom : le décapsuleur. Le bâtiment fait près de 500 m de haut. Comme il a été construit après le 11 septembre 2001, il est très sécurisé.

Dans les années 90, on disait qu'on inaugurait une tour par jour. Nous n'avions donc que l'embarras du choix. On aurait pu choisir la tour de la perle, encore appelée la seringue, emblématique de la ville. Mais nous avons opté pour le décapsuleur, appelé officiellement le Centre mondial des finances de Shanghai. Pourquoi? Parce qu'avec ses 492 m, elle figure parmi les 10 plus hautes tours du monde. Elle est très belle dans son dépouillement. Parce qu'elle symbolise le renouveau de Shanghai, dans un quartier qui était en friche il y a 20 ans. Et enfin, parce qu'il lui arrive le plus grand malheur. Entre les deux guerres, Shanghai est le principal centre des affaires d'Asie. Une ville folle divisée en concessions française, anglaise, américaine. Une ville capitaliste. Le port est le coeur vivant de la ville. Sur l'autre rive, Pudong, il n'y a rien. Ou presque. Jean-Michel, banquier, est conseiller du commerce extérieur. Une fois la décision prise à Pékin de mettre le paquet sur Shanghai: ça va très vite. La question se pose d'avoir une sorte de World Trade Center chinois. Ce sera le décapsuleur. Un chantier gigantesque, à la chinoise. 4 ans de labeur. 1 milliard d'euros.

Ça fait partie des vitrines. Il y a une croissance économique très forte.

Le décapsuleur est aussi une des premières tours d'importance à avoir été construite après le 11 septembre. Les architectes, new-yorkais, sont ultra-sensibilisés à changer leurs plans pour tenir compte des leçons du World Trade Center. Ces croisillons que l'on voit ici ont été rajoutés. Ils sont censés éviter un effondrement de la tour, ainsi que ça s'est passé à New York. On remarque aussi tous les 12 étages, une sorte de niveau mort. C'est un étage refuge où nous emmène le chef de la sécurité de la tour.

Ici, il n'y a rien d'inflammable. Pas de tuyaux, ni d'équipement électrique. Il y a des jets d'eau et des détecteurs de fumée. Ça créé un refuge en cas d'incendie ou une étape en cas d'évacuation. Les portes sont antiflammes et empêchent les fumées de passer.

Grâce a Dieu, le dispositif n'a jamais été testé grandeur nature. Même si les 16.000 habitants de la tour sont entraînés. Le bâtiment est également situé au coeur de la zone des typhons. A cette hauteur, les vents peuvent souffler à des centaines de km/h. C'est la raison qui vaut à la tour son nom de décapsuleur. Les ingénieurs ont mis au point un dispositif lourd.

Ces trois modules de 150 t stabilisent l'ensemble de la tour et amortissent les mouvements du vent en faisant contrepoids.

Grâce à ce dispositif, on peut monter sans avoir le mal de mer jusqu'à 474 m pour découvrir le panorama. La vision est vertigineuse parle plancher de l'observatoire.

Quand j'étais à l'école, je suis montée sur le plus haut bâtiment de Shanghai. Il faisait 17 étages! Et puis j'ai vu toutes ces tours se construire. Je suis fière du développement de ces dernières décennies.

Mais le décapsuleur vit ses dernières semaines de superbe. On construit déjà sa rivale. Une tour de 632 m. 140 m de plus. Pour une tour orgueilleuse comme le décapsuleur, c'est l'humiliation, le malheur.