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Feuilleton 4/5 : "Histoires de guerre"

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Article rédigé par franceinfo
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Notre feuilleton: des qu'on évoque la Grande Guerre, un nom revient immédiatement, celui de Verdun et de son champ de bataille qui est devenu un cimétière à ciel ouvert. C'est le triste symbole de la guerre des tranchées. Aujourd'hui encore, le sol est criblé de munitions, d'éclats d'abus. Le paysage de la Meuse aussi a été modifié par le conflit.

Ils sont dans le coin ? C'est dans la partie herbe.

Oui.

Ils ne demandaient qu'à être ramassés, comme des cailloux au bord du chemin. Mais il s'agit d'abus, des obus enfouis depuis près d'un siècle sur ce champ de bataille devenu champ de betteraves. Dominique, enfant du coin passionné d'Histoire, a trouvé beaucoup d'abus sur ces chemins de la Meuse.

Je suis né dans le village à côté. On connaît les obus, les risques, et on fait attention. On sait quand on peut les manipuler. Là, il n'y a plus l'ogive au bout, donc pas de détonateur et moins de risques.

Un quart des obus tombés ici n'auraient pas explosé.

C'est notre récolte de ce matin. La grenade a manche allemande, en mauvais état. Voici un obus a balles français. Un grenade bien française. En 2012, on a ramassé un peu plus de 47 tonnes de munitions.

La Grande Guerre a marqué à jamais les paysages de la Meuse. En 4 ans, 60 millions d'abus se sont abattus dans le secteur, un toutes les 3 secondes les premiers jours de la bataille de Verdun. Neuf villages ont été rayés. Il n'y a plus ni prairies ni bois, juste un sol dévasté. Aujourd'hui, sur les lieux de la bataille se tient une forêt. 10.000 hectares de bois replantés de main d'homme à la fin des années 20. L'Office national des forêts continue le boisement.

Nous sommes sur d'anciennes terres agricoles. On n'avait pas d'autre solution que de reboiser avec des épicéas. A l'époque, on les a choisis car les sols étaient nus, sans abri. C'est une essence qui supporte la pleine lumière.

Une forêt presque artificielle. Ce hêtre est un rescapé des combats.

Il devait être là avant. Il a été rasé par un obus et des branches sont reparties latéralement. Elles ont refait des troncs, trois principaux et des branches latérales.

L'homme ne pouvait que replanter des arbres : nettoyer les sols et les rendre aux cultures aurait coûté trop cher. Stéphanie est archéologue. Son équipe a passé la forêt au scanner. On voit les cicatrices de la guerre réapparaître.

A Douaumont, on peut mesurer à quel point la puissance de feu a perturbé le sol. Chaque déformation est l'impact d'un obus, ou de plusieurs. Les obus que vous voyez, on pourrait les compter. On en trouverait certainement des millions.

Les déchets ont vieilli dans les sous-sols. Certains s'inquiètent pour l'environnement. A une vingtaine de kilomètres de Verdun, dans la forêt de Spincourt, nous retrouvons des militants près d'un site interdit d'accès: le lieu-dit Place à gaz. Dans les années 20, 200.000 tonnes d'abus chimiques allemands y ont été détruits. Le sol est contaminé à l'arsenic.

L'arsenic est le principal composant toxique dans les obus. On en a jusqu'à 18% en surface, dans le sol. Et aussi des métaux lourds.

Des personnels de l'Office des forêts ont fréquenté cet abri durant une vingtaine d'années. On se pose des questions et on aimerait qu'il y ait un suivi.

Peu d'analyses ont été réalisées sur les champs de bataille ou de stockage d'abus, nombreux en France. La "Der des ders" n'a peut-être pas encore dit son dernier mot.

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