Feuilleton 3/5 : près du Taj Mahal, la ville d'Agra
Aujourd'hui, on sort des sentiers battus, dans la ville voisine d'Agra. Ses habitants, descendants directs des ouvriers qui ont bâti le Taj, continuent de tailler les pierres et le marbre, comme leurs ancêtres.
Il y a une ville qui s'étend à ses pieds. Des millions de vies qui s'écoulent dans son ombre. Agra, bouillonnante, polluée et poussiéreuse. La cité du Taj a tout pour faire fuir les touristes, qui ne s'aventurent pas hors des sentiers battus. Les itinéraires sont balisés. Si vous faites le premier pas dans l'ancienne cité impériale, vous serez reçus comme des rois par les habitants.
Nous sommes dans une des plus anciennes parties de la ville, vous voyez ce sont des anciennes demeures. C'est la véritable ville du Taj.
PLus ancienne que le Taj Mahal, plus métissée également. Le guide tenait à nous faire découvrir sa ville. Même s'il faut parfois sauter des barrières pour exhumer des trésors oublies : vieilles demeures ou cette mosquée. Le patrimoine est englouti sous la poussée démographique. Shâh Jahân avait quitté la ville pour Delhi, peu après la construction du Taj. L'empereur ne supportait plus de vivre si près de son épouse disparue Les habitants compensent l'amertume par un excès de sucre.
Ici, on fabrique la fameuse sucrerie traditionnelle d'Agra. Pour les Indiens, elle est aussi célèbre que le Taj.
Fabriquée à partir d'un fruit, la citrouille blanche, elle est confite dans le sucre. Après plusieurs heures de cuisson, elle donnera ce dessert.
C'est le goût de mon enfance, sucré comme ma ville.
Le dessert incontournable du Taj Mahal fait vivre des milliers d'habitants d'Agra.
Je le rapporte chez moi pour ma famille. Vous ne pouvez pas voir le Taj Mahal sans goûter au dessert.
Vatish préfère les délices de brique. Notre archéologue nous a entraînés à 45 minutes d'Agra, au pied de l'imposante Fatehpur-Sikri.
Le Taj Mahal est l'une des 7 merveilles du monde. Il éclipse tout le reste. C'est le drame de Fatehpur-Shikri qui est un monument poétique.
Une mosquée érigée par l'empereur Akbar, le grand-père de Shâh Jahân. Pour remercier le Ciel de lui avoir enfin donne un fils. Depuis, c'est un lieu de pèlerinage pour couples en mal d'enfant.
Si votre coeur est pur, votre souhait sera exaucé. C'est comme ça que j'ai eu ma petite fille.
Nous restons dans l'ombre du Taj. Il se décline dans toutes les langues, sur tous les supports. Il a été redécouvert par les Britanniques, juste au moment de l'invention de la photographie, qui lui vaut d'être le monument le plus reproduit au monde. A moins que ce ne soit le talent de ses artisans.
20 roupies seulement.
Perdez-vous dans les ruelles, aux abords du Taj. La étaient logés les artisans qui bâtirent le mausolée. La vivent et travaillent encore aujourd'hui leurs descendants.
Le Taj symbolise l'amour, il a été construit par amour pour Mumtaz. Construire à notre tour des petits monuments de l'amour nous remplit de joie.
Ce sont les mêmes techniques qu'il y a 400 ans, le même marbre du Rajasthan, les mêmes pierres semi-précieuses. Chacun de ces artisans a un espoir : être reconnu comme assez doué pour participer aux travaux de restrauration du Taj. Que nous découvrirons demain.
Le feuilleton est signe Pierre Monegier, Dominique Marotel, Nida Guinard et Julien de Saint-Phalle. La suite, demain.
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