Feuilleton 3/5 : "Les voix de la liberté"
C'était un spectacle épouvantable. Ils mouraient comme des mouches. On a créé des hôpitaux pour soigner ceux qui étaient encore vivants.
Au bout d'un an et demi sur le front, Jacqueline rentre chez elle en octobre 46. Elle aura 2 enfants et deviendra enseignante. Elle a fait don de son uniforme et de ses photos de guerre au Mémorial de Caen pour que personne n'oublie.
Notre feuilleton est consacré aux 70 voix de la liberté, recueillies depuis un an par les collégiens et lycéens normands. Ils ont rencontré Yvan Siboni, qui faisait partie de la 2e DB du général Leclerc. Il a libéré Paris avec ses camarades. D'autres élèves, à Washington, multiplient les hommages aux vétérans.
C'est un monsieur de 94 ans qui a gardé ses convictions de jeune soldat.
J'avais votre âge quand je suis parti. La France était en danger à ce moment-là, il fallait agir. J'espère que vous me comprendrez.
Quand la guerre est déclarée, Yvon Simoni vit alors en Algérie. Engagé volontaire à 18 ans, il débarque le 1er août 1944 à Utah Beach. Il est canonnier dans la deuxième division blindée du général Leclerc. Commencent alors six mois de combat de la Normandie jusqu'à Strasbourg.
Au pied des falaises, on s'est trouvés pris dans un engrenage épouvantable. la libération de Paris, la liesse, c'était extraordinaire. L'Alsace, dantesque, des cadavres partout. On s'est bagarrés, on a réussi à prendre Strasbourg.
Lui estime avoir simplement rempli son devoir. Désormais, sa plus grande satisfaction: partager son histoire avec la jeune génération.
Si vous avez des questions, je vous écoute.
Une bataille vous a plus marqué que d'autres.
Oui, en Lorraine, c'était le début de la pluie, la neige, le froid. Les Allemands nous tiraient dessus. Je me retourne vers mon ami pour lui demander s'il voyait quelque chose, il était allongé, il était mort.
On se posait des questions quant à la peur.
Celui qui dit qu'il n'a jamais eu peur, c'est un menteur.
Et le fait de tuer.
On ne se rend pas compte, c'est quelque chose d'épouvantable. Au début, ça impressionne, on se dit "j'ai la vie de cet homme entre les mains" et après ça devient une habitude. C'est idiot mais c'est comme ça. La guerre, ça ne sert à rien.
Le temps d'un rencontre, les cours d'Histoire de ces apprentis en mécanique poids lourds ont pris une autre dimension.
On ressent les cours différemment par rapport aux cours. C'est intéressant de se mettre dans la peau de monsieur Simoni.
A Washington, nos lycéens normands sont devant la Maison Blanche. Petit moment de détente avant le dernier rendez-vous officiel du voyage, a l'ambassade de France. Ce jour-là, 70 ans après le débarquement, onze vétérans recoivent enfin la légion d'honneur.
Au nom du président de la République, je vous remets les insignes de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur.
Instant mémorable pour tous les et moment de stress pour Estelle, 17 C'est elle qui doit prononcer le discours de remerciement.
Très chers vétérans, vous avez participé à la libération de la Normandie et cela nous permet de vivre aujourd'hui dans un monde libre et plein d'espoir. Nous sommes pleinement conscients des sacrifices que vous avez faits pendant cette bataille. Alors au nom de tous les élèves et les jeunes Français, je veux vous dire merci, nous n'oublierons jamais.
Avant de quitter Washington, les lycéens se rendent au cimetière national d'Arlington.
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