Feuilleton 3/5 : "Les voix de la liberté"
Notre feuilleton cette semaine est consacré à ces vétérans qui se font un devoir de transmettre leurs souvenirs. Parmi eux, un GI qui a combattu a Omaha Beach et qui est français. Aujourd'hui, il ne cesse de raconter son débarquement. A des élèves qui restent bouche bée et à sa petite-fille.
Pendant près de cinquante ans, Bernard n'a pas parlé de la guerre, pas même à sa famille. Mais aujourd'hui, il a rompu le silence et témoigne inlassablement comme ce jour-là devant 2.000 écoliers au cimetière militaire de Colleville-sur-Mer. Et à ses côtés, il y a souvent Caroline, sa petite-fille.
Quand je me suis engagé dans l'armée américaine, j'ai débarqué à environ 300 mètres d'ici, à Saint-Laurent-sur-Mer. Je ne savais pas du tout ce que voulait dire le mot guerre.
Son histoire est celle d'un jeune Français qui s'embarque en 1938 vers les Etats-Unis, un stage l'attend là-bas. La guerre éclate, alors un temps, il envisage de rentrer.
En octobre 40, dans les actualités, je vois Pétain serrer la main d'Hitler à Montoire. Là, je me suis dit pour rien au monde, ils vont me rapatrier pour être engagé dans l'armée de Vichy.
Il rejoint alors l'armée américaine.
Je ne m'attendais pas a ça, ça m'a fait drôle de me voir en Américain.
Il reverra la France six ans après son départ. Le 8 juin 1944, sur cette plage d'Omaha.
J'ai fait les 100 derniers mètres au milieu d'un bombardement incroyable et c'était un bombardement allié.
Après le Débarquement, le GI français a pour mission d'entrer en éclaireur dans les villages normands.
Je suis rentré prudemment dans Formigny et je rencontre les premiers Français. C'était une émotion terrible, les gens venaient m'embrasser en pleurant, en me remerciant. Je ne faisais pas ça par patriotisme mais plus pour les valeurs de la République : liberté, égalité, fraternité. Ça je voulais bien me battre pour ça, pas pour le patriotisme.
Un parcours extraordinaire devenu une histoire de famille depuis que sa petite-fille Caroline s'est autorisée à poser des questions et même à écrire un livre sur son grand-père.
Je me pose souvent la question: est-ce que dans ma vie, je saurais être aussi courageuse que lui ? On peut toujours être confronté à ces choix-là: que voulons-nous faire de cette vie ? Que décide-t-on pour les autres en difficulté autour de nous.
Au lycée Paul-Cornu de Lisieux, l'instant est délicat. Cet après-midi-là, un travail d'orfèvre attend les élèves.
Ces élévés dé secondé, spécialité sérigraphie, planchent depuis trois jours sur les messages des témoins du Débarquement.
Il faut le faire sur trois lignes car c'est par rapport à ça.
Leur tâche : mettre en forme et coller les plus beaux messages sur les Arbres de la Liberté. Soixante phrases en quatre langues. Clément, Romane, Cyril, Marion et les autres sont eux aussi devenus des passeurs de mémoire.
Que sais-tu du Débarquement.
C'est le 6 juin 1944.
Beaucoup d'hommes sont morts sur ces plages pour la France.
Ce projet montre au monde entier qu'on n'oublie pas.
Tu crois qu'on peut oublier des événements comme ça.
On voit que certains oublient quand on voit ce qu'il se passe. Dans d'autres pays, ils ont oublié comment tout ça s'est passé.
Ces géants d'acier ne demandent plus qu'à être plantés pour nous empêcher d'oublier.
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