Feuilleton 2/5 : "Ports de France" : à Boulogne-sur-Mer
Notre feuilleton à présent. Cette semaine, nous vous faisons découvrir 5 grands ports français. Chacun a sa particularité, son histoire. Aujourd'hui, nous partons pour Boulogne-sur-Mer, premier port de pêche depuis plus d'un siècle. Au fil des années, il a su évoluer. Il est devenu le premier centre européen de transformation de produits de la mer. La nuit comme le jour, le port est en effervescence.
Au bord du détroit le plus fréquenté au monde, Boulogne-sur-Mer, premier port de pêche français. Le poisson fait vivre 5.000 familles sur 45.000 habitants de la ville. Sur les quais, les femmes des pêcheurs assurent la vente. Certains viennent de loin.
C'est moins cher que chez nous à Lille. Et puis c'est tout frais.
C'est direct du bateau, y a pas plus frais. Y a pas d'intermédiaire. On a la qualité, c'est moins cher.
Ce poisson, je le congèle. Quand il fait mauvais, il n'y a pas de poisson. Christine me téléphone quand il y en a et je le prends.
A Boulogne, c'est la nuit que le coeur du port bat le plus fort. 150 bateaux de pêche. A 2H, les premiers rentrés débarquent la cargaison.
On repart dès qu'on a débarqué, on enchaîne sur une nouvelle marée. Faut toujours courir, dans ce métier, y a pas de répit.
38.000 tonnes de poisson débarquées l'an dernier. Une production qui baisse.
J'ai débuté y a plus de 30 ans. Y avait 6.
70 bateaux. Maintenant, on est une quarantaine, ça diminue.
Au matin, les chalutiers déchargent le poisson.
Le hareng a fait les grandes heures de Boulogne. Une pêche miraculeuse qui a fait vivre des générations.
Que fait ton papa.
Il travaille en mer.
Qu'est-ce qu'il fait.
Il pêche.
Mon père est chef charcutier.
Quelques générations plus tard, Louis est stagiaire en 2e année au lycée maritime, fils de pêcheur.
Mon père dit qu'il faut pas s'arrêter au CAP de matelot. Il faut continuer la mécanique, parce qu'il y a pas de vente de poisson.
Philippe est son patron sur le bateau. Il n'a que des filles.
Boulogne premier port de pêche français, et demain.
C'est terminé, l'an prochain, c'est Lorient. On a encore perdu 5 bateaux rien qu'à la coopérative. Et c'est pas fini.
Les quotas baissent, le prix du gazole flambe. Le port vit exclusivement de la pêche et de la transformation du poisson. Le matin, tous les professionnels se posent la même question: les cours seront-ils à la hauteur.
Il est 3H50. On prépare le marché, on donne les informations. Je suis intermédiaire entre le pêcheur et le mareyeur. Pour le mareyeur, c'est trop cher, pour le marin, pas assez.
La criée de Boulogne a plus d'un siècle. Mais depuis 2008, on n'y crie plus. Dans un quasi-silence, on achète le poisson, on se réjouit, ou pas.
Les prix, c'est pas terrible.
Pour la raie, le prix s'est cassé la gueule. Hier, c'était trois fois plus cher. Aujourd'hui, ça s'effondre et les marins n'y trouvent pas leur compte.
Le poisson, il en connaît un rayon. Patrick est une figure de Boulogne. Ancien poissonnier, il tient la seule brasserie du port, un lieu créé après-guerre par les marins.
Quand on rentre de la mer, on débarque le poisson et on repart. Le samedi, vendredi, ils rentrent chez eux directement. Avant, ils traînaient le samedi matin, ils nettoyaient le bateau, et ça se terminait souvent à l'apéritif ici. Tout ça, c'est fini.
Si Boulogne perd sa place de premier port français, ce sera la fin de plus d'un siècle de domination. 40 ha dédiés a la transformation du poisson construisent l'avenir. Et les plages attirent de plus en plus de touristes.
"Ports de France", un feuilleton signé Marianne Mas, Patrick Wursthorn et Rémi Pohier.
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