: Interview Bruno Salomone fait son premier Festival Off d’Avignon : "Ici il y a une émulation un peu partout, une sorte de magie"
Bruno Salomone est à l’affiche de "Au Scalpel" d’Antoine Rault. Une première au Festival Off d’Avignon pour le papa cool de la série "Fais pas ci, fais pas ça".
Il alterne télévision, cinéma et seul-en-scène, voici Bruno Salomone dans le Off d’Avignon à l’affiche de Au Scalpel, un face-à-face sous haute tension avec Davy Sardou. Le comédien incarne un chirurgien brillant qui reçoit la visite inattendue de son frère qu’il n’a pas revu depuis la mort de leur mère. Les deux hommes se détestent : l’un a été amoureux de la femme de son frère, l’autre a été l’amant de la femme de son frère. L’un était le premier de la classe, l’autre le fils préféré. Nous rencontrons Bruno Salomone à la fin du spectacle, bermuda et chemise hawaïenne, sourire fixé aux lèvres. Il nous raconte son Avignon à lui.
Franceinfo Culture : C’est votre premier Festival d’Avignon ?
Bruno Salomone : C’est la première fois que je le fais en tant qu’acteur, j’ai juste fait une mise en scène de mon meilleur ami, David Salles, qui faisait un one man show, j’étais passé furtivement. Là je reste un mois dans le Off. J’appréhendais et en fait c’est quand même super de rencontrer tous ces gens fascinants, tous ces gens passionnants, tous ces univers, du théâtre de boulevard aux pièces plus classiques. J’aime bien cette ambiance de fête permanente. A la fin du mois je dirai peut être autre chose !
Quel a été le déclencheur ?
On m’a proposé ce projet, je me suis dit pourquoi pas, allons-y. Et puis ça fait partie du parcours pour essayer de vendre la tournée qui suivra. C’est excitant.
On pourrait résumer "Au scalpel" par un terrible jeu du chat et de la souris entre deux frères qui se haïssent...
C’est ce qui m’a plu, c’est cette mise en abîme, on est perdu, on ne sait plus où on est à un moment. On est pris en otage par ces deux frères, on ne sait plus qui dit la vérité et qui ment. On a fait plusieurs lectures en amont et je me demandais : mais là mon personnage il ment ou il dit la vérité ? Il a fallu que je me convainque de ce qui était vrai et de ce qui était faux pour m’amuser pleinement. J’ai fini par trouver ma vérité.
Et quel est le plus pervers des deux ?!
D’après ma logique, comme c’est mon personnage qui a commencé, je dirai que c’est lui (éclat de rire).
Le Festival d’Avignon ça représente quelque chose pour vous ?
J’ai visité le Palais de papes, j’ai pris une claque, c’est d’une beauté, cette ville est sublimissime. Il y a une émulation un peu partout, une sorte de magie. J’ai l’impression de faire un voyage dans le temps. Même par rapport à ce que je fais ici. Moi qui ai commencé par le café-théâtre, j’avais déjà appris à démarcher les gens. Le théâtre, ce n’est mon lieu de prédilection au départ, mais je m’y plais pour l’instant.
Vous auriez pu venir à Avignon avec la bande que vous formiez avec Jean Dujardin dans "Nous c Nous", dans les années 90 ?
J’aurais adoré mais on a fait très peu de scène ensemble, on a très vite été à la télévision. On a joué au Sentier des halles deux ou trois fois, c’est dommage d’ailleurs, on se serait bien éclatés. On a eu un gros succès assez vite avec cette bande.
Et jouer dans le In (le festival officiel) ?
Alors là, je ne sais pas, je n’y ai même pas pensé (rires) ! Je n’ai jamais vu de spectacle dans le In, j’irais bien en voir un dans la Cour d’honneur.
Vous allez voir d’autres spectacles dans le Off ?
Je vais voir les pièces des copains. J’ai vu Cyril Garnier dans Astronautes, le gars est captivant dans ce seul-en-scène. Je vais voir mes amis dans les one-man- shows, mais j’ai aussi envie de voir autre chose, je suis curieux. Pour l’instant j’ai été au cinéma (rires) dans ce lieu magnifique qu’est l’Utopia. J’ai vu le film de Quentin Dupieux, Incroyable mais vrai, j’ai envie de voir le doc sur Morricone, Ennio.
Comment se déroule votre journée type ?
Le matin je me lève assez tôt, je monte au jardin des Doms où on a une belle vue, le lever du soleil. Je me promène dans les rues quand il n’y a pas trop de monde mais c’est dur de trouver des moments sans personne ! L’autre fois je me suis fait le Palais des papes. Après je fais mon spectacle, je déjeune d’une salade, si vous voulez tout savoir (sourire), et après je flâne, je vais voir une pièce ou un film, un peu en fonction de ce qu’on me propose comme je connais un peu de monde ici.
Trouvez-vous le public d’Avignon particulier ?
Ce qui est hallucinant c’est que nous avons des gens très différents. Le soir de la première c’était assez disparate, hier c’était un peu dur, et aujourd’hui je les ai trouvés assez réactifs. Il y a une tension dans cette pièce, ce n’est pas une comédie où on se tape sur les cuisses. Aujourd’hui ils étaient fins. J’avais l’appréhension du public du samedi soir !
On est samedi, mais il est 13 h !
C’est vrai !
Et cet horaire, justement, pour jouer ?
J’aime bien, au moins c’est fait ! Sinon la journée est gâchée, on n’arrive pas à se détendre complètement. J’organise ma journée en fonction de la pièce.
Vous tractez ?
J’ai une astuce : dès que quelqu’un me tracte, je le retracte ! Pour l’instant on nous a épargné le tractage. On a une tracteuse, Nadine, qui est super et qui a réussi à amener 20 personnes aujourd’hui. J’ai aussi l’avantage d’être un peu connu. On me dit : ah vous êtes là ? Alors je sors un carton !
Il y a des rôles dont vous rêvez ?
Ce qui m’excite, c’est de changer de rôle, après je n’ai pas une idée en tête. J’ai un pote qui me dit : je te vois bien dans Don Juan, moi je ne me projette pas dans les classiques, ce n’est pas ma culture de base. On étudie les classiques à l’école, mais c’était pour moi synonyme d’ennui. Molière c’était plus joyeux, mais je ne comprenais pas tout. En seconde on n’est pas prêt, en tout cas, moi, ne n’étais pas prêt ! Et aujourd’hui je redécouvre tout ça. Si je sens du désir de la part d’un metteur en scène ou un auteur, ça peut me communiquer l’envie. Mais je ne me projette pas dans Richard III !
Vos projets ?
Pour l’instant j’écris. Une série qui est l’adaptation de mon avant dernier spectacle Euphorique où je raconte l’histoire d’un enfant qui passe sa vie à rire. C’est comme un conte dans lequel je faisais tous les personnages. Dans cette série, si j’arrive à la monter, j’en ferais quelques-uns mais pas tous.
Et votre projet de film d’animation ?
Il sera adapté d’un de mes sketchs. C’est une famille pour qui tout va bien, qui a un petit garçon. Les parents se disputent un peu, il y a un souci dans la famille, et lui ne sait pas ce qui se passe. Ils habitent dans le sud, à Marseille. Il y a un clash, les parents montent en banlieue parisienne et, élément important, le petit garçon avait un bébé chien et ils donnent ce chien, un drame terrible pour un enfant de 9 ans. On arrive dans la banlieue, il n’y a plus la mer, la famille, le même rapport entre les parents et il n’y a plus l’animal. Les parents se séparent, et avant de partir le père donne un cochon d'Inde à son fils et après il disparaît. Le seul élément qui le relie au père c’est ce petit animal et ce petit animal va jouer un rôle très fort dans sa vie.
C’est votre histoire ?
C’est complètement mon histoire.
"Au Scalpel" de Antoine Rault, mise en scène Thierry Harcourt
Avec Bruno Salomone et Davy Sardou
Théâtre des Gémeaux
13h10
10 rue du Vieux Sextier, Avignon
09 87 78 05 58
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