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Xi Jinping, le "Prince Rouge", en visite en France

PORTRAIT | Après les Pays-Bas, le président chinois a entamé mardi une visite d'Etat de trois jours en France. Surnommé "le Prince Rouge", le 7ème président de la République populaire de Chine, au pouvoir à Pékin depuis un peu plus d'un an, veut incarner "le rêve chinois". Son portrait signé Philippe Reltien, correspondant permanent de France Info à Pékin.
Article rédigé par Philippe Reltien
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (Robert Pratta Reuters)

Le président chinois Xi Jingping a entamé mardi sa visite d'Etat en France par la ville de Lyon, en région Rhône-Alpes. C'est là qu'une partie des cadres du parti communiste chinois ont étudié dans la première moitié du 20ème siècle. Mercredi matin, il visitera cette ancienne université franco-chinoise aujourd'hui fermée et le célèbre institut Mérieux qui travaille beaucoup en Chine sur les maladies infectieuses, le cancer, la sécurité alimentaire.

Xi Jinping et son épouse seront ensuite reçus à Paris par François Hollande. Ils resteront dans la capitale française jusqu'à vendredi matin. C'est une visite d'Etat importante. La France et la Chine célèbrent en effet 50 ans de relations diplomatiques. Mais dans l'Hexagone, on connaît finalement assez peu le 7ème président de la République populaire de Chine, au pouvoir à Pékin depuis un peu plus d'un an.

Quelle vision de la Chine d'aujourd'hui ? 

Sur tous les portraits des sommets auxquels Xi Jinping a participé, on notera le sourire aimable de la Chine. Celui  d'un président qui ne menace pas d'envahir ses voisins et qui veut changer l'image et les préjugés que l'on a sur une Chine arrogante, de plus en plus influente, mais pas dominante. Ce président a chez lui  tous les pouvoirs d'un Tsar. Servi par un appareil d'Etat purgé de ses brebis galeuses. Modeste en apparence, paternaliste avec ceux qui l'aiment, enfermant ceux qui lui déplaisent. 

Son épouse embrasse les enfants du Congo atteints du SIDA et lui se déclare "anéanti" par le drame que vit la Chine avec les disparus du vol Kuala Lumpur - Pékin. Pas facilement accessible, il sait se rendre populaire et se mettre à la portée des gens. Exemple récent au cœur de Pékin, dans un quasi taudis, où il débarque chez Monsieur Guan, sans masque, par un jour de grande pollution. "Il s'est préoccupé de nos conditions d'hébergement, les goutières  ne sont pas terribles, c'est une maison qui a une centaine d'années ", raconte le propriétaire. "Il s'inquiétait vraiment pour nous, il nous a demandé : 'Et alors, quels sont vos difficultés, comment vous vivez ici ?'  Le président,  vous vous rendez compte, il s'est inquiété pour nous! ", poursuit l'homme.

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Amateur de foot et de petits pains à la vapeur

La mascotte du Mondial, le tatou Fuleco, sera Made in China et Alain Perrin entraîne maintenant la sélection chinoise. Ça fait partie du grand rêve chinois de se mesurer un jour au top du top. Xi Jinping aime le foot mais il ne va pas souvent au stade des travailleurs, en face du bureau de Radio France, les jours de match. Le tabouret qu'il a occupé dans un boui-boui, le Qinfeng, un petit restaurant, pour manger des petits pains à la vapeur en sortant 3 euros de sa poche est devenu depuis l'équivalent du trône de l'Empereur.

La démocratie à l'occidentale n'est pas le modèle chinois

C'est ce qu'il a rappelé à Poutine à Sotchi. Selon les Chinois, le virage entamé par Gorbachev a été catastrophique, Regardez, le monde entier vous isole Mr. Poutine, disent-ils. Et c'est pire maintenant que la Crimée est annexée. La Chine s'est abstenue de condamner la Russie à l'ONU. C'est tout ce qu'elle pouvait faire pour rester fidèle à son principe de non-ingérence  sans rompre avec la Russie.

La Chine se rapproche-t-elle des USA ?

Dans le fond oui, en ouvrant les bras à Michelle Obama qui vient dire aux étudiants à Pékin devant la "First Lady chinoise" que la liberté de circulation des idées sur Internet est un droit universel, que l'Amérique aidera les étudiants moins fortunés à venir chez elle, que la pollution, l'économie et la prolifération nucléaire méritent des efforts communs d'éducation.

"Si un jour il pouvait  reconnaître et apporter une solution à la question du 4 Juin, il gagnerait le cœur du peuple" (dissidente)

Mais on ne peut pas parler du président chinois sans parler des droits de l'Homme : le Tibet, la révolte des ouigours et le 25ème anniversaire de la répression meurtrière de la Place Tian'anmen le 4 juin... Là-dessus c'est l'intransigeance, la chape de plomb. La Chine n'a toujours pas ratifié la convention de l'ONU sur les droits civils et politique.

Et pourtant, aux yeux de la dissidente la plus respectée des Chinois, Mme Ding Zilin, qui est la présidente de l'association des mères des disparus du 4 juin, ce président-là, d'une autre génération,  n'aurait qu'à lever le petit doigt pour changer quelque chose. "Xi Jinping n'a pas notre sang sur les mains, il n'est pas arrivé au pouvoir à cause du 4 Juin, même si bien-sûr choisi par les membres du comité permanent du Bureau politique, bien-sûr pas démocratiquement élu... Si un jour il pouvait reconnaître et apporter une solution à la question du 4 Juin, il gagnerait le cœur du peuple. Mais c'est quelque chose qu'il ne peut pas faire actuellement.  C'est un processus par étapes. De nos jours, dans notre Chine, il existe aussi un 'Mur de Berlin' informe entre les dirigeants et le peuple", explique-t-elle.

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